Dans notre société, il existe une multitude de schémas familiaux : familles recomposées, monoparentales, homoparentales, coparentales… Les familles « lesboparentales » font partie de ces schémas ! La révision de la loi de bioéthique de l’été 2021 a permis aux couples de femmes de créer une famille, en France. Beaucoup de couples continuent tout de même de se rendre à l’étranger pour bénéficier de délais d’attente réduits et de méthodes qui ne sont pas autorisées en France (comme la méthode ROPA par exemple). De plus en plus de questionnements se posent alors pour ces couples au sujet de leur maternité. Essayons de répondre aujourd’hui aux questions les plus courantes.
Comment l’enfant appelle ses mamans ?
Cette question est celle qui revient le plus quand on parle d’homoparentalité ! En réalité, il n’existe pas de réponse universelle.
Les deux mères peuvent choisir de se faire appeler « Maman », et cela ne pose pas de problème au quotidien : les enfants savent très bien exprimer leurs besoins et les mères savent généralement vite qui l’enfant appelle ! Pas de risque que l’enfant soit perdu, même si le nom est le même — les deux mères, elles, sont bien différentes dans leur physique, leur personnalité et dans ce qu’elles apportent à leur enfant.
Si elles souhaitent des appellations différentes, de multiples possibilités existent ou peuvent être inventées : elles peuvent opter pour « Maman » dans une autre langue : Mama, Ama, Mutti, etc. D’autres variantes existent également comme Maman + le prénom de chacune, Maman + la première lettre du prénom, Maman + une couleur, Maman + un adjectif ou encore des petits noms tels que Mamoune, Mam ou Mamou.
Quel que soit le choix des mères ou celui fait par l’enfant (n’oublions pas que ces petites personnes sont pleines de créativité !), tout est possible du moment que parents et enfants se sentent à l’aise avec ces choix.
Comment raconter sa famille à son enfant ?
De la manière la plus simple possible ! Il n’y a pas de mystères dans nos familles homoparentales : nous expliquons dès le plus jeune âge à nos enfants la manière dont ils ont été conçus.
Il suffit d’opter pour des mots faciles à comprendre et toujours adaptés à l’âge de l’enfant. Les explications évolueront en même temps que l’enfant grandira.
Par exemple, on peut expliquer à un enfant très jeune que pour concevoir un bébé, il est nécessaire d’avoir deux graines : l’une de femme et l’autre d’homme. On peut ensuite lui dire que les mamans n’ayant que des graines de femmes, il a fallu trouver une graine d’homme : un donneur a donc fait don de la sienne.
Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur des dessins simples mais qui aident à se faire une image mentale. La littérature jeunesse est aussi toujours une bonne idée et de multiples livres adaptés, et même personnalisés, ont vu le jour ces dernières années.
Le meilleur moyen d’être à l’aise avec son histoire en tant que parents, c’est de faire des choix éclairés quant à la conception de son enfant : si l’on est alignée avec les choix que l’on a faits (méthode de conception, anonymat ou non du donneur, pays de conception…), il sera plus facile d’expliquer l’ensemble de ces choix à l’enfant et de répondre à ses questions, s’il en a une fois devenu plus grand.
Qu’en est-il de la charge mentale dans les familles de lesbiennes ?
Le sujet de la charge mentale fait de plus en plus parler de lui, et à juste titre ! Le voile se lève enfin sur ce poids qui pèse dans les esprits de bien des personnes, et principalement des femmes. Alors comment cela se passe dans une famille de deux mamans ?
Eh bien… généralement mieux ! De nombreux couples de femmes saisissent l’occasion qui leur est donnée en sortant d’un schéma hétéronormé pour inventer leurs propres codes et leur propre façon de faire : une répartition des charges domestiques plus équilibrée, des soins à l’enfant partagés, une meilleure communication et prise en compte des besoins réciproques, une plus grande attention portée à l’autre…
Évidemment, tout n’est pas idyllique pour autant et du chemin reste à faire, notamment pour que les mères sociales (et les pères aussi) puissent bénéficier d’un congé d’accueil de l’enfant encore plus long. Nous sommes récemment passés de 11 à 28 jours de congé en France, mais cela reste encore trop peu. Un congé élargi permettrait une meilleure répartition des charges domestiques, des soins à l’enfant et de la charge mentale dans les premiers mois de vie du bébé, et ce pour tous les couples.
Comment se passe la filiation des deux mères envers leur enfant ?
Grâce à la révision de la loi de bioéthique, la filiation est beaucoup plus simple qu’auparavant pour les couples de femmes et leurs enfants.
Il suffit d’aller signer deux documents chez un notaire : une Reconnaissance Conjointe Anticipée (RCA) ainsi qu’un Consentement au don. Ces documents se signent impérativement avant que la grossesse ne soit engagée, avant le parcours de PMA donc. Pour les conceptions hors PMA en France ou à l’étranger, il faudra passer par une adoption plénière comme auparavant.
Les familles sont donc considérées comme telles dès la grossesse et l’acte de naissance mentionnant les deux mères pourra être édité directement lors de la déclaration de naissance. Il sera aussi possible pour les mères de donner le nom de famille qu’elles souhaitent à leur enfant.
Pour conclure, si vous êtes un couple lesbien souhaitant créer une famille, n’hésitez pas à discuter avec des familles déjà existantes, à lire des ouvrages sur le sujet de la maternité lesbienne ou à écouter des podcasts sur la thématique. Cela vous permettra d’aborder ce parcours vers la maternité de la façon la plus sereine possible.
Léa Cayrol – Autrice sur l’homoparentalité, cofondatrice du collectif Familles