« Je n’ai plus confiance en toi, rien ne sera jamais plus pareil entre nous… » Ces mots résonnent comme le coup de grâce, la note finale d’une partition désaccordée. La confiance, ce pilier du couple, n’existe plus. Or, quand la confiance va… tout va.

La confiance fait partie de ce « quatuor sacré » (partage, admiration, communication/confiance et sexualité) qui permet à chaque relation de se développer sereinement, dans le respect de soi et de l’autre. Mais d’où vient-elle et comment se construit-elle ?

D’où vient la confiance ?

« La confiance est un présupposé positif concernant les motivations de l’autre par rapport à nous-même. En quelques mots, on présume que l’autre va prendre en compte nos besoins et les respecter », disait Rebecca Shankland, professeure des universités en psychologie du développement, autrice de « Ces liens qui nous font vivre », au micro d’Ali Rebeihi en septembre 2020.

Vaste sujet donc ! À la lecture de ces mots, on comprend aisément que la confiance que l’on accorde à l’autre est sacrée, et c’est loin d’être anodin.

Les liens de confiance que l’on construit au début de notre existence vont avoir un impact sur toute notre vie. En effet, cela remonte à très loin et c’est directement lié à la question de l’attachement, si chère aux psychologues.

En quelques mots : dans le cadre du développement social et émotionnel du bébé, celui-ci va avoir besoin de développer une relation d’attachement avec au moins une personne, nommée le « care giver » (c’est-à-dire celui qui dispense les soins), et cette relation sera basée sur… la confiance.

En d’autres termes, le bébé se remet complètement aux mains de ce « care giver », supposé répondre au bon moment à tous ses besoins (comme dormir ou manger, mais aussi le besoin de se sentir en sécurité ou le besoin d’affection). Les premières représentations que nous avons de la confiance, c’est donc le lien entre un parent (ou autre « care giver) et son enfant.

Dès lors, la confiance va devenir le principal moteur de toute relation, qu’elle soit professionnelle, amicale, familiale ou… sentimentale. Les relations vont rejouer ce qu’il s’est passé durant l’enfance. Autrement dit, lorsque l’on a eu la chance de bénéficier dès notre naissance d’un lien puissant, stable et fiable avec notre « care giver », avec de la sécurité émotionnelle que ce soit vis-à-vis de cette personne ou vis-à-vis du monde, on se sentira plus fortement en confiance dans la vie et dans nos relations.

Avoir confiance ou être en confiance ?

Aimer l’autre, c’est finalement lui accorder une partie de soi, c’est se montrer vulnérable, et c’est grâce à la confiance que la relation grandit. On entend souvent des phrases comme « Je dois apprendre à faire confiance » ou « Fais-lui confiance, tu n’as aucune raison de t’inquiéter », comme si la confiance était une pilule magique qu’il suffisait de prendre pour aller mieux.

Mais c’est oublier que nous portons profondément en nous nos histoires passées et que la confiance est une résultante complexe entre nos expériences de vie et leurs conséquences. Elle ne se décide pas et dépend de ressentis qui ne se discutent pas.

On ne peut avoir confiance que si nous sommes en confiance. Cela relève plus de l’être que de l’avoir, car ce sont nos relations précédentes qui façonnent la personne que nous sommes aujourd’hui.

Dans le cadre d’une infidélité, on peut se poser la question : est-ce que je me méfierais autant si je n’avais pas été trompé·e ? Probablement pas.

Reformater notre façon de penser et considérer la confiance comme quelque chose qui relève plus de l’être que de l’avoir permet de redistribuer les cartes dans nos échanges relationnels. Entre le « Je ne suis pas en confiance » et le « Je n’ai pas confiance », on sent une légère subtilité où l’un parle d’un ressenti et l’autre, d’un état de fait.

Faire confiance, c’est parier sur le meilleur des personnes. C’est un risque, car quand les personnes nous trahissent, cela nous abîme. Toutefois, il y a plus de risque à ne pas faire confiance qu’à faire confiance… Finalement, c’est lorsque nous sommes en confiance que nous avons confiance, et non pas l’inverse. À méditer !

La recommandation du sexologue

Créer de la confiance dans sa relation, c’est :

  • Comprendre quel est son rapport avec la confiance : est-ce que je fais facilement confiance aux autres ? Est-ce que je ressens de la jalousie et pourquoi ?
  • Être honnête et être au clair avec ses attentes sur la nature de la relation au début : est-ce que je souhaite une relation courte, longue, éphémère ?
  • Être honnête tout au long de la relation sur ses sentiments et ses désirs.
  • Respecter l’autre dans ce qu’il/elle est avec ses émotions.
  • Faire de son couple un espace « sécurisé ».
  • Partager ses émotions en toute simplicité et s’ouvrir à l’autre (« Je ressens de la tristesse en ce moment car… »).

Bibliographie :

Tereno, S., Soares, I., Martins, E., Sampaio, D. & Carlson, E. (2007). La théorie de l’attachement : son importance dans un contexte pédiatrique. Devenir, 19, 151-188. https://doi.org/10.3917/dev.072.0151

Margaux Terrou, sexologue clinicienne

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