S’il y a bien une chose à savoir lorsque le ton monte, c’est qu’il faut absolument éviter le « tu ». Le « tu » enferme l’autre dans une posture, le « tu » est une injonction à être, le « tu » tue toute possibilité de débat ou d’échange.

Pourquoi faut-il éviter le « tu » pendant une dispute ?

Prenons un exemple : lorsque vous criez sur un enfant, celui-ci va se concentrer sur la forme du message (et l’éventuelle violence de celui-ci) plutôt que sur le fond. Il existe de nombreux articles sur le développement psychologique de l’enfant démontrant que les cris ont tendance à renforcer son sentiment d’insécurité. En effet, une fois devenu adulte, il peut montrer plus facilement des épisodes dépressifs ou d’anxiété.

Tout comme le cri chez l’enfant entraîne de l’insécurité, le « tu » enferme l’autre, qui va chercher à sortir de la posture dans laquelle il est mis en oubliant le fond du message.

Par exemple :

« – Tu ne me comprends pas de toute façon !

– Ah parce que toi, tu me comprends ? Tu veux que je te rappelle la fois où tu n’étais pas là quand j’avais besoin de toi ? Ma mère était à l’hôpital et tu as rejoint tes amis !

– Tu rigoles ? Je t’avais demandé et tu m’avais répondu qu’il n’y avait pas de souci.

– Tu aurais dû te douter que je voulais que tu restes.

– Ah, parce que je dois lire dans tes pensées ?

– Non, mais faire preuve d’empathie, oui.

– Donc tu trouves que je manque d’empathie ? »

On observe à travers cet échange (imaginaire mais tellement probable) un rapport de force, une cascade sans fin qui, de surcroît, va faire apparaître la double contrainte réciproque.

Le « tu » tue toute discussion possible, tout échange ouvert, toute possibilité de remise en cause, toute issue positive, toute probabilité de dire « Tu as raison, j’ai eu tort ».

Le « tu » met l’autre en échec et de fait, l’autre partenaire va ressentir la douloureuse sensation de ne pas être aimé·e pour ce qu’il/elle est et va vouloir se défendre.

Comment faire ?

Quelques pistes de réflexion à mettre en place facilement :

  • Évitez de dire « tu » et employez le « je » à la place. Par exemple, « Tu ne fais rien à la maison » devient « J’ai la sensation que le partage des tâches à la maison n’est pas équilibré. Cela te dirait qu’on s’y intéresse ? »

  • Quelques formules : « Je ressens cela », « Je projette cela », « Je suis en colère parce que », « Je ressens de la frustration parce que », « Je vis la chose de cette façon »…

  • Parlez de vos ressentis, et non de ce qu’est l’autre. Pour reprendre l’exemple précédent, il est difficile de contredire un ressenti puisque celui-ci est votre perception. Ce n’est peut-être pas la vérité, mais c’est votre réalité. On ne pourra jamais nier un ressenti, une émotion. Et même si l’autre ne partage pas votre avis, il ne s’agit pas d’un rapport de force « vrai/faux » et donc la possibilité d’échange est plus grande.

  • Plus qu’entendre, apprenez à réellement écouter l’autre. Certains couples ont la sensation d’écouter, mais en réalité ils ne vont faire qu’entendre pour mieux répondre. Entraînez-vous à baisser la garde lors d’un échange.

Vous avez désormais toutes les cartes en main pour avancer !

Margaux Terrou, sexologue clinicienne

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