Du refus d’obéir à la tempête émotionnelle, les « crises » sont souvent vécues difficilement, tant par les enfants que par les parents. Regard des autres, injonctions contradictoires, avis personnels… Vous subissez, votre enfant et vous-même, les mêmes pressions sociales qui rajoutent à votre détresse un sentiment d’incompétence. Vous dans votre rôle parental, lui dans sa capacité à se conformer à ce qu’on attend de lui. Voici 10 stratégies pour apprendre à gérer les comportements défiants.
1. Caprices : quand « Je ne veux pas » signifie « Je ne peux pas »
Il jette, tape, hurle, se roule par terre, et voilà qu’on vous dit « Encore un caprice ! ». Mais qu’est-ce qu’un caprice ? Le cerveau de l’enfant est en construction, et apprendre à différer une envie, à inhiber une réaction ou une impulsion d’agir demande du temps. Ce n’est qu’au début de l’âge adulte que le cerveau est tout à fait mature pour cette fonction.
On comprend ainsi que le caprice n’est en fait que l’expression d’un besoin mal formulé et donc incompris par l’adulte. Si le moment de s’habiller conduit toujours à la crise, la bonne posture est donc de chercher ce que l’enfant ne peut pas faire, lorsqu’il dit qu’il ne veut pas.
2. Mobilisez son attention
Votre enfant s’oppose, refuse, agit de façon inappropriée : inutile de crier plus fort que lui. Approchez-vous de lui et mettez-vous à sa hauteur, regardez-le dans les yeux, et si nécessaire placez une main sur son épaule, son bras ou sa main pour vous assurer de mobiliser pleinement son attention.
Une fois que vous avez son attention, vous pouvez lui expliquer pourquoi cela n’est pas permis et ce que vous auriez attendu qu’il fasse.
3. Dites-lui ce qu’il peut faire
Votre enfant sait probablement que mordre est interdit ou qu’il n’a pas le droit de monter sur le dossier du canapé. Mais avez-vous pris le temps de lui expliquer comment il peut réagir lorsqu’on lui prend son jouet ? Ou lorsqu’il a très envie de grimper sur quelque chose ?
Dire à votre enfant ce que vous attendez qu’il fasse ou réfléchir avec lui aux alternatives possibles sera beaucoup plus efficace que de lui opposer une succession de refus.
4. Les conséquences naturelles plutôt que la punition
Le cerveau de votre enfant n’a pas la maturité de contrôler son comportement au point d’éviter les crises. Le punir renforcerait son sentiment d’incompétence et de colère. En revanche, il n’est pas question pour autant d’accepter de tels comportements sans conséquence.
Réparer et nettoyer les dégâts matériels qu’il a causés durant la crise, réfléchir avec lui à l’impact de son comportement sur les membres de la famille et lui demander comment il pense possible de « réparer la relation » sont des solutions beaucoup plus efficaces que la punition.
5. Soyez l’adulte que vous aimeriez que votre enfant devienne
Avez-vous remarqué comme vous avez tendance à élever la voix lorsque votre enfant (ou quelqu’un d’autre) est en colère ? C’est là l’action des neurones miroirs : ils vous donnent la capacité de vous accorder à l’état émotionnel de votre interlocuteur. Par conséquent, crier pour lui imposer de se calmer n’a aucun sens, n’est-ce pas ?
Alors utilisons nos neurones miroirs autrement, pour adopter nous-même le comportement que nous attendons de l’enfant à ce moment-là, lui apprendre à retrouver son calme et, plus tard, à le garder.
6. Time-out or not time-out ?
Le « temps mort » vise à s’extraire, avec l’enfant, d’une situation sociale devenue difficile ou d’un environnement trop riche de stimulations sensorielles, à lui signifier que son comportement n’est plus acceptable, et surtout à saisir l’opportunité de lui montrer ce que l’on attend de lui : rester calme.
Ainsi, le parent agit selon un processus réfléchi en amont, avec calme, prédictivité et cohérence, pendant un temps bref et défini. Cela évite les réactions disproportionnées, effrayantes, humiliantes ou violentes, comme lui imposer de rester seul dans sa chambre alors qu’il manifeste une grande détresse.
7. Évitez de généraliser la crise à toute la famille
Si la crise est désagréable pour les parents, l’enfant n’en tire ni plaisir, ni fierté. Aussi, ajouter de l’insécurité par des injonctions contradictoires venant de différents adultes présents, ou le sentiment honteux de s’être donné en spectacle, ne font que compliquer le retour au calme.
8. Offrez-vous du relais
Si vous êtes deux adultes à la maison, pensez à vous relayer auprès de l’enfant en crise. Si ce n’est pas possible et que vous vous sentez à bout, il est préférable de vous retirer dans une pièce quelques minutes pour souffler et de revenir lorsque vous serez apaisé·e.
9. Prenez le temps de vous calmer
Une fois la crise passée, vous serez parfois, vous comme votre enfant, épuisés moralement et physiquement. Laissez-vous le temps d’un câlin ou d’un goûter, avant de reparler de ce qui vous a conduits à cette situation et de rechercher des solutions pour éviter cela à l’avenir.
10. Dites-lui votre confiance
Si votre enfant n’est pas capable aujourd’hui de réguler ses comportements seul, avec le temps et la répétition d’un modèle d’intervention stable et cohérent, il y arrivera !
Michèle Prados, infirmière puéricultrice