Ce syndrome décrit une maltraitance grave, heureusement rare (moins de 500 bébés par an sont concernés en France), mortelle dans environ 20 % des cas et dont les conséquences sont des séquelles souvent irréversibles.
Quelles sont les conséquences ?
Ce syndrome peut entraîner des conséquences considérables sur le développement futur de l’enfant. Celui-ci peut présenter des paralysies et risque de rencontrer des difficultés d’apprentissage, des troubles cognitifs, des problèmes de diction ou de comportement, des troubles de l’alimentation ou du sommeil, une cécité, une surdité, des troubles épileptiques…
Cette maltraitance, rarement isolée, est le fait de parents souvent épuisés, en colère, voire exaspérés par les pleurs inexpliqués de leur nourrisson. Ils saisissent leur enfant et le secouent en le tenant par le thorax. La tête est alors projetée dans tous les sens et la musculature du cou étant encore insuffisante, le cerveau subit des chocs multiples responsables d’hématomes intracérébraux. Ce sont ces hémorragies qui sont à l’origine de lourdes séquelles neurologiques.
Comment établir le diagnostic ?
Le diagnostic est quasiment certain lorsque coexistent des hématomes sous-duraux (donc à la périphérie du cerveau) et des hémorragies de la rétine. Encore faut-il avoir éliminé les causes très rares que sont les pathologies de la coagulation ou certaines maladies métaboliques, infectieuses, génétiques – ainsi bien sûr que les causes accidentelles (chute d’une grande hauteur, chute dans les escaliers, accident de voiture, etc.).
Mais parfois, les symptômes sont beaucoup plus discrets. Un enfant très somnolent, prostré, avec des vomissements inexpliqués, un membre qui bouge peu ou pas… Cela peut suffire à faire évoquer ce diagnostic – notamment lorsque l’un des parents découvre son enfant ainsi alors qu’il ne l’a pas eu sous sa garde dans les heures précédentes.
Quoi qu’en disent les parents lorsque le bébé est pris en charge à l’hôpital, les lésions constatées ne peuvent pas être la conséquence d’une simple chute de la table à langer ou de jeux qui ont mal tourné.
Les bébés victimes de ce syndrome ont souvent moins d’un an, mais on observe encore des cas jusqu’à l’âge de 4 ans.
Ce syndrome est différent du syndrome de Silverman, terme réservé aux enfants régulièrement victimes de sévices et qui présentent des séquelles radiologiques de fractures osseuses d’âges différents, témoins de blessures multiples et espacées dans le temps.
Pour autant, le déni des parents demeure le même, tant la culpabilité est intense. Les aveux détaillés expliquant ce qui s’est réellement passé sont rares. Certains parents expliquent que leur enfant a fait un « malaise » ou était somnolent et qu’ils l’ont un peu « secoué » pour le faire revenir… Le diagnostic est souvent évident – mais une telle accusation a des conséquences si graves qu’il faut néanmoins demeurer prudent avant de l’affirmer avec certitude.
Comment éviter d’en arriver là ?
Que vivent les parents qui en arrivent à un point d’exaspération tel qu’ils saisissent leur bébé et le secouent en tous sens ?
Ce sont en premier lieu des parents épuisés par le manque de sommeil et dont le bébé pleure de manière incessante sans raison identifiée. Les parents isolés sont fréquemment concernés, n’ayant pas la possibilité de « passer la main » lorsqu’ils se sentent dépassés. Bien souvent, s’ajoutent des conflits familiaux, des difficultés financières, parfois une pathologie psychique (notamment la dépression du post-partum) et quelquefois aussi une alcoolisation aiguë ou la prise de drogues.
Quoi qu’il en soit, la colère, la frustration, l’impatience débordent les processus habituels de défense et la violence se manifeste alors de manière incontrôlable. Quel parent n’a pas eu un jour le désir intense de « faire quelque chose pour que ça s’arrête » ?
L’extrême fatigue est sans doute l’ingrédient le plus important pour que les mécanismes de contrôle soient dépassés. Et comme cela peut arriver à tous les jeunes parents, voici quelques mesures préventives :
- Rappelez-vous que les pleurs de bébé – une fois qu’ont été éliminés la faim, l’inconfort, la maladie – sont parfois seulement des pleurs « normaux ». Pleurer constitue le seul moyen de communication du nourrisson !
- Posez le bébé dans son lit et quittez la pièce jusqu’au moment où vous avez pu récupérer votre calme.
- Trouvez la bonne technique pour retrouver le calme : sortir quelques minutes, écouter de la musique, aller marcher ou courir 5-10 minutes – à vous de trouver votre meilleure astuce.
- Évidemment, si vous n’être pas seul·e, passez la main – tout le monde peut se trouver momentanément à bout de nerfs.
Ne restez pas seul·e face aux difficultés que vous rencontrez avec votre enfant. Parlez-en autour de vous, à vos proches de confiance, et si vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à faire garder votre bébé. Il n’y a aucune culpabilité à avoir : le métier de parent est le plus difficile qui soit.