La chute d’hormones après l’accouchement

Au cours de la grossesse, le placenta assure majoritairement la production d’oestrogènes et de progestérone. On note également la production croissante de la prolactine pour préparer la lactation, ainsi que de l’ocytocine responsable des contractions du muscle de l’utérus et dont le taux atteint son pic au moment de l’accouchement.

Au cours de la période péripartum, suivant la naissance de l’enfant, on note une baisse brutale du taux d’hormones stéroïdiennes telles que l’oestrogène et la progestérone. Ces changements hormonaux, qui s’ajoutent à la fatigue et à la prise de conscience du rythme imposé par le nouveau-né, auraient un impact sur l’apparition de troubles psychologiques chez les jeunes mères.

D’abord, ce que l’on appelle la période du baby blues est caractérisée par un afflux d’émotions qui survient dans les tout premiers jours après l’accouchement. Souvent déstabilisant pour les proches de la maman, le baby blues se résout la plupart du temps en quelques jours. Les symptômes peuvent néanmoins perdurer dans le temps et prendre des formes de plus en plus graves. Cela peut alors être le signe de l’apparition d’une dépression du post-partum.

Le rôle des hormones dans la dépression post-partum

Au niveau hormonal :

  • Les oestrogènes augmentent drastiquement au cours de la grossesse, atteignant des taux 100 fois plus élevés par rapport à leur seuil normal, et diminuent brutalement après l’accouchement. Les oestrogènes jouent un rôle positif sur l’humeur, la cognition et le comportement.
    Pour comprendre l’impact protecteur des oestrogènes dans la dépression du post-partum, on peut s’appuyer sur leur rôle dans la schizophrénie : l’incidence de cette maladie est supérieure chez les hommes (1.4) que chez les femmes (1). Il a été montré que les oestrogènes atténuent la gravité des symptômes. Il est également démontré que les traitements à base d’oestrogènes peuvent être administrés à des personnes souffrant de dépression post-partum.
  • Un composant intermédiaire de la progestérone, l’alloprégnanolone, module l’activité des récepteurs GABAA au niveau des neurones de notre cerveau. Les neurones à GABA permettent de remédier aux déséquilibres associés à l’anxiété. Ainsi, il est établi que l’alloprégnanolone exerce un effet antidépresseur. La chute brutale de progestérone  pourrait ainsi conduire à des dépressions post-partum.
  • Le niveau d'ocytocine augmente durant la période de péripartum et joue un rôle crucial dans l'interaction mère-enfant. La réduction d’ocytocine est corrélée avec des symptômes dépressifs et est prédictive du développement de la dépression post-partum. Il est montré que l’ocytocine régule les émotions, les interactions sociales et le stress.
  • La prolactine joue un rôle dans la lactogenèse (production de lait) mais également dans le comportement des mères. Une baisse du niveau de prolactine est également corrélée à la dépression post-partum.

L’altération des niveaux de prolactine et d'ocytocine (comme démontré sur la figure 6) peuvent donc influencer les symptômes psychotiques.

Les hommes ont également une production d’ocytocine et de prolactine nécessaire dans l'attachement à l'enfant. Il y a peut-être un délai de production entre les hommes et les femmes, mais la production d’hormones est comparable.

Figure 6 : Évolution des hormones pendant la période post-partum*

*Jamie Maguire, Chapitre 12 - Hormonal and immunological factors in postpartum psychosis, Biomarkers of Postpartum Psychiatric Disorders, Academic Press, 2020, Pages 159-179, ISBN 9780128155080, https://doi.org/10.1016/B978-0-12-815508-0.00012-6.

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