Les dyspraxies – il en existe en effet plusieurs types – font partie de la « famille des dys », qui incluent l’ensemble des troubles spécifiques des apprentissages. Comme les autres « dys », elles se manifestent par des troubles au niveau des apprentissages de l’enfant dans différents domaines, quoique principalement dans le domaine du geste (orienter et/ou s’orienter dans l’espace, dessiner, écrire, manipuler des objets…). Bien que ces troubles soient difficiles à quantifier dans la mesure où ils peuvent s’imbriquer avec d’autres, on estime à 5-6 % le nombre d’enfants concernés.

Nature des dyspraxies

Ces troubles ne sont pas au sens strict une maladie (pathologie) : on n’en guérit pas, mais il est possible d’en réduire l’impact. Ils correspondent à une anomalie du développement de certains réseaux de neurones – d’où le fait qu’on les dit spécifiques, car ils n’affectent pas toutes les capacités de l'enfant. Certaines capacités demeurent, bien heureusement, totalement préservées.

Causes des dyspraxies

On ne connait pas encore très bien les causes responsables de ce trouble. En revanche, on sait que les enfants nés très prématurément ont davantage de risques d’être atteints de troubles « dys ». Par ailleurs, la « piste génétique » est également privilégiée.

Définition et observation de « la » dyspraxie

La dyspraxie se traduit par la difficulté à réaliser des gestes intentionnels. Ce mot comporte deux racines étymologiques : « dys » veut dire dysfonctionnement ; « praxie » signifie « le mouvement, le geste ».

La dyspraxie est donc un dysfonctionnement cérébral qui touche la réalisation d’un mouvement intentionnel, comme le fait de saisir un objet ou de se servir d’un instrument (une fourchette ou un stylo, par exemple).

Contrairement à ce que l’on pense souvent, ces mouvements (volontaires) se passent d’abord dans « la tête ». Ils sont progressivement automatisés, mais se programment d’abord dans le cerveau avant de se traduire dans la motricité. Mais parce que le réseau neuronal concerné est défectueux, ils seront maladroits et mal coordonnés et pourront se traduire par un échec : blessure, casse, utilisation malhabile ou inefficace d’un objet, etc.

Les gestes – qui pour toute personne non dyspraxique sont devenus automatiques et n’exigent donc aucune concentration – sont difficiles à exécuter chez l’enfant dyspraxique. Celui-ci va devoir concentrer son attention sur chaque étape et sur les conditions du mouvement qu’il veut faire, ce qui s’avèrera extrêmement fatigant. Par exemple, lorsqu’il voudra écrire, il devra chercher à tracer laborieusement ses lettres au risque que son attention se focalise sur cette tâche au détriment des autres. Pendant ce temps, ces autres tâches seront délaissées : l’orthographe, la qualité de la calligraphie ou la présentation par exemple.

Ce trouble a d’autres retentissements notoires sur toutes les activités qui nécessitent une coordination des mouvements et de la pensée :

  • L’habillage est difficile.
  • Les mouvements sont ralentis, au grand désespoir des parents qui perdent patience en regardant l’heure tourner…
  • Les travaux manuels, les jeux de construction ou ceux qui exigent une importante coordination des gestes (jeux de ballon, sports, etc.) sont souvent lourdement pénalisés par ce trouble.

Comment confirmer que l’enfant est dyspraxique ?

Tout d’abord, « l’observation clinique » par un professionnel (ergothérapeute notamment) s’impose : l’enfant est extrêmement maladroit et sa gestuelle peine à se corriger malgré les efforts de l’entourage et de l’enfant lui-même.

Lacer ses chaussures, mettre le couvert, se laver les dents, se servir des instruments habituels du dessin ou de la géométrie (compas, règle, ciseaux, etc.), manger proprement, ne pas renverser ou casser un objet... Tout peut s’avérer difficile, demander des efforts démesurés et épuisants pour l’enfant sans que l’adulte en ait conscience. D’où des réactions parfois inadaptées…

Sur le plan scolaire, les difficultés sont importantes car l’écriture pose problème et parce que d’autres troubles « dys » sont assez souvent associés à la dyspraxie. Cela complique encore davantage les acquisitions (pose d’opérations, tracés en géométrie, orthographe, lecture…).

De ce fait, l’enfant dyspraxique sera davantage attiré et intéressé par toutes les activités liées au langage et à l’imaginaire, qui ne mobilisent pas (ou à degré moindre) les praxies. Inventer des contes, s’évader vers la poésie, le théâtre, le cinéma... Bref, tout ce qui parle à son imagination et à ses capacités cognitives totalement préservées.

Prendre en charge l’enfant dyspraxique

Pour confirmer le diagnostic et envisager une prise en charge, il est utile de s’adresser d’abord aux associations qui savent utilement orienter les parents vers les professionnels concernés – en général des neuropédiatres, neuropsychologues, psychomotriciens et surtout ergothérapeutes. Ceux-ci établiront un bilan dans un premier temps, et pourront ensuite proposer une prise en charge. Reste qu’un diagnostic sérieux ne saurait être posé que de manière multidisciplinaire afin de juger quelle intervention est prioritaire pour l’enfant, et de ne pas multiplier les prises en charge sous peine de fatigue et d’inefficacité.

Comme souvent dans ces troubles, plus le diagnostic est envisagé et confirmé tôt, plus le traitement améliorera le pronostic d’avenir de l’enfant. Un suivi psychothérapeutique peut également s’avérer utile car l’enfant a tendance à fortement culpabiliser et à se dévaloriser, notamment sur le plan scolaire où ses résultats sont le plus souvent décevants.

Quoiqu’il en soit, l’enfant doit se voir proposer par l’école – désormais inclusive – des dispositifs d’accompagnement. Certains dispositifs exigent la reconnaissance des troubles par la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), d'autres non. De la nature et de la sévérité de ses troubles dépendront ainsi les décisions et les dispositifs qui seront mis en œuvre. La formation des enseignants s’est progressivement enrichie ces dernières années sur la prise en charge scolaire des enfants « dys » : les professeurs sont désormais davantage à l’écoute et prêts à mieux accompagner leurs élèves en difficulté, notamment si leurs troubles sont modérés.

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