Qu’est-ce qu’une épisiotomie ?

Une épisiotomie est un acte chirurgical : il s’agit d’une incision du périnée, le plus souvent médio-latérale (c’est-à-dire sur le côté de la vulve).

Elle a probablement été réalisée pour la première fois par Felding Ould en 1742 et avait pour objectif de faciliter les expulsions difficiles. Pendant de nombreuses années, et jusque récemment, elle a été pratiquée presque systématiquement chez les femmes qui accouchaient de leur premier enfant.

Faut-il systématiquement pratiquer une épisiotomie ?

C’est une sage-femme anglaise, Jennifer Sleep, qui publie en 1984 dans le British Medical Journal la 1re étude pour tenter de remettre en cause cette pratique. Elle démontre que l’épisiotomie s’avère très souvent injustifiée médicalement et que cette « mauvaise habitude » doit être remise en question. Le Collège Royal des sages-femmes recommande alors de ne plus la pratiquer comme un acte de routine, mais seulement si les circonstances le nécessitent. Cet avis sera suivi rapidement par le Collège des obstétriciens britanniques.

En France, depuis une quinzaine d’années, il y a une véritable prise de conscience sur la nécessité de ne pratiquer l’épisiotomie que dans des situations bien précises. En 2005, les recommandations du Collège National des Gynécologues-Obstétriciens Français vont dans ce sens.

Dans quelles situations l’épisiotomie est-elle indiquée ?

Différentes études se sont intéressées à ce qui pourrait prévenir les lésions obstétricales du sphincter anal – également appelées déchirures du 3e et 4e degré, qui sont les plus graves. Elles représentent moins de 1 % des accouchements en France.

Les situations pouvant provoquer ce type de déchirures sont principalement les délivrances instrumentales, c’est-à-dire l’utilisation de forceps (si par exemple le bébé ne progresse pas suffisamment au moment de l’expulsion), ou les très gros bébés dont le poids dépasse 4 kg.

Une situation particulière, également liée à un bébé de poids important, est la « dystocie des épaules ». Ce terme désigne le blocage des épaules (dont le diamètre peut être supérieur à celui de la tête) au moment de la naissance, alors que la tête de l’enfant est déjà sortie. Là encore, c’est une circonstance qui va nécessiter des gestes particuliers – et notamment une épisiotomie.

Dans ces cas de figure, l’épisiotomie semble prévenir les déchirures. Mais en dehors ces situations, elle n’est pas recommandée.

Qu’est-ce qu’une déchirure ?

À la fin de la 2e phase du travail, donc au moment de la naissance de l’enfant, l’étirement du périnée est d’environ 65 %.

Que se passe-t-il si l’on ne pratique pas d’épisiotomie ? Les muscles du périnée s’étirent et laissent passer le bébé avec, souvent, une déchirure minime qui va nécessiter quelques points de suture. Cette zone étant très vascularisée, elle va très bien et très rapidement se réparer.

La déchirure survient le plus souvent chez les femmes qui accouchent de leur premier enfant, mais c’est loin d’être systématique – on dit alors que le périnée est intact.

Ces déchirures peuvent causer quelques douleurs dans les suites de l’accouchement. En fait, c’est plutôt la façon dont cette déchirure va être recousue qui sera déterminante dans la survenue ou non de ces douleurs.

Comment prévenir une déchirure potentielle ?

Le massage du périnée à partir de la 35e semaine d’aménorrhée semble faire consensus au sein de la communauté scientifique.

Ce massage se pratique dans la partie basse du périnée (il s’agit de la zone qui se situe entre le vagin et l’anus) avec une huile riche en vitamine E, comme l’huile d’amande ou l’huile d’olive. Cela va permettre d’augmenter l’élasticité des tissus vaginaux.

Ce massage favorise également la prise de conscience de l’importance du périnée, sa localisation et les sensations qui y sont associées. Il permet de lutter contre le réflexe défensif qui freine la progression du bébé lors de l’accouchement. C’est l’occasion pour vous de réaliser l’importance de la résistance naturelle des muscles du plancher pelvien et d’apprendre à les relâcher.

Enfin, ce massage doit être quotidien et doit durer entre 3 et 10 minutes. Essayez de trouver un endroit calme, propice à la relaxation. Vous pouvez aussi mettre de la musique et tamiser la lumière.

Donc, non, l’épisiotomie n’a rien d’inéluctable ! Actuellement, elle ne concerne plus que moins de 20 % des accouchements.

Bibliographie

– P. Deruelle, A. Leroy, G. Kayem, L. Senilhes ; Chirurgie en Obstétrique – Elsevier
– M. André ; Soumission et indépendance est-ce compatible ? Les dossiers de     l’obstétrique n° 407 – 2011
– F. Drissi ; Lésions obstétricales du sphincter anal : Épidémiologie, diagnostic, classification, la revue de colo-proctologie, 2 novembre 2021
– Recommandations pour la pratique clinique : l’épisiotomie, 2005 CNGOF

Muriel ANDRÉ
Sage-femme libérale
Paris

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