La période de la grossesse se révèle souvent comme une parenthèse dans la vie sexuelle d’un couple. Les variations vécues par la femme enceinte peuvent l’affecter, tout comme son partenaire – soit individuellement, soit de manière simultanée.

L’évolution du désir tout au long de la grossesse

Certains mois de grossesse vont voir le désir grandir (c’est souvent le cas au 2e trimestre de la grossesse) et une belle liberté peut alors s’installer : accomplissement et épanouissement sont les sensations généralement décrites.

Mais le premier trimestre, souvent encombré de symptômes désagréables (comme les nausées) et de craintes fantasmatiques de nuire à la grossesse, est bien souvent accompagné d’une sensible baisse du désir.

Quant au 3e trimestre, les nouvelles mensurations du corps féminin, inconnues jusqu’à présent, ne vont pas faciliter l’érotisme et la sexualité : ventre devenu bien encombrant, crainte de faire mal au bébé, de provoquer des saignements, voire de déclencher l’accouchement… Et peut-être aussi la difficulté de faire cohabiter dans l’esprit du partenaire la présence de l’enfant et la sienne propre ! Ces craintes sont souvent partagées par les deux partenaires et peuvent représenter un frein à une sexualité épanouie jusque-là.

Enfin, le mode d’obtention de la grossesse (infertilité antérieure, recours à une technique médicale) vont ajouter à ces craintes diffuses et entraver encore davantage la sensualité. Ces difficultés sont normales et transitoires : rien que le temps et la patience n’arrangent !

Le changement physique, facteur d’une diminution du désir sexuel pour la femme

Le changement physique peut provoquer une diminution du désir, par exemple dans le cas d’une grossesse avec une prise de poids importante et des modifications majeures de la silhouette.

Chez la femme, cette modification du désir sexuel peut d’abord être liée à la crainte ou à la perception d’un moindre désir de son partenaire à son égard. Mais elle est surtout la conséquence du regard qu’elle porte elle-même sur son corps – comme si elle ne pouvait plus l’aimer au travers de ses transformations, qu’elle le trouvait altéré et donc moins attirant.

Plus tard, les effets de l’âge pourront également avoir des conséquences sur la sexualité du couple. Après la ménopause, les changements physiques entraînés par les modifications hormonales peuvent constituer le terreau d’un moindre désir sexuel. Mais le traitement hormonal substitutif prescrit par le gynécologue traitant va notablement améliorer cette situation.

Pas trop d’inquiétude quoi qu’il en soit : le dialogue et la tendresse permettent souvent de surmonter ces périodes difficiles. Parler avec son partenaire (même si cela semble difficile au début) et instaurer un dialogue détendu constituent la seule issue pour faire évoluer favorablement la situation.

Dans certains cas, une prise en charge ponctuelle avec un psychothérapeute (éventuellement de couple) ou un sexologue faciliteront l’instauration de ce dialogue et le retour à l’épanouissement du couple.

Nathan Wrobel
Gynécologue et sexologue

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