Comment se préparer à l'accouchement le plus sereinement possible ?

L’accouchement est un acte naturel qui se déroule souvent sans complications, avec ou sans préparation. La question de la douleur est souvent occultée par l’usage très répandu de la péridurale.

Chaque accouchement est une aventure unique et inconnue

De ce simple fait, cela peut vous inquiéter. Peut-être vous demandez-vous comment un enfant peut « passer par là » ? Est-ce que cela n’abîmera pas votre sexe, altérant votre image et compromettant votre sexualité future ?

Dans de rares cas, il peut y avoir des complications. Mais les réseaux sociaux, forums et blogs regorgent de témoignages objectivement inquiétants, qui risquent d’alimenter votre éventuel manque de confiance.

Il vous arrive peut-être même d’être informée malgré vous, au détour d’un repas où collègues ou amies ne vous épargnent aucun témoignage. Et vous êtes malheureusement tentée de faire une projection sur vous. Imaginons : votre meilleure amie n’a pas pu bénéficier de la péridurale et vous savez que c’est exceptionnel, mais pourquoi cela ne vous arriverait-il pas également ?

Toutes les sages-femmes vous conseilleront vivement de préparer votre accouchement, car vous ne pourrez pas faire abstraction de vos émotions et affects - tandis que votre corps accomplira un travail intense.

Accoucher est un travail physique

Comprendre ce qui se passe dans votre corps et ce que vous ne pourrez pas maîtriser vous sera d’une grande aide.

Vous accueillerez plus sereinement les sensations nouvelles, intenses et inévitablement douloureuses de l’accouchement si vous avez compris les raisons de leur survenue et de leur évolution, et si vous disposez d’outils pratiques pour les apprivoiser et les adoucir.

La relaxation et les techniques de respiration profonde sont utiles, tant par leur effet physique lié à une meilleure oxygénation de tout votre corps (dont le muscle utérin) que par leur effet mental d’apaisement.

Voici quelques exemples d’informations théoriques :

  • Les contractions utérines du travail sont douloureuses car elles doivent être utiles, c’est-à-dire capables de raccourcir et ouvrir le col de l’utérus qui était jusqu’alors un solide verrou, puis de faire progresser votre bébé dans votre bassin. L’intensité des contractions va ainsi augmenter au fil des heures.

  • La douleur est aussi un signal permettant de savoir que vous allez accoucher et que vous ne devez pas rester seule, mais être accompagnée par des professionnels.

  • Votre périnée (l’ensemble des muscles qui « ferment » votre bassin, autour des systèmes urinaire, génital et anal) devient plus « élastique » sous l’effet des hormones de la grossesse. Les articulations de votre bassin bougent également. Votre corps change ainsi provisoirement, se préparant au passage d’un nouveau-né.

Comprendre l'environnement médical

La compréhension de l’environnement médical de la naissance et des protocoles, qui sont d’autres facteurs inconnus, est également importante.

Vous serez plus sereine si vous avez intégré que la sage-femme est parfois amenée à percer la poche des eaux, à administrer des médicaments dans la perfusion, à vous demander de changer de position, etc. L’ensemble de ces actes s’appelle « diriger » l’accouchement.

Les complications éventuelles seront traitées par l’équipe médicale de votre maternité. Sentez-vous à l’aise d’échanger avec eux sur vos inquiétudes et vos doutes, en toute confiance.

Vous avez votre imaginaire et votre scénario idéal de l’accouchement, c’est bien normal et c’est très sain. Vous ne pourrez jamais réellement vous préparer à toutes les éventualités, mais vous comprendrez plus rapidement certains aléas si cela a été évoqué tranquillement pendant la grossesse.

Il est plus facile, par exemple, d’accepter une césarienne en urgence lorsque l'on a la connaissance de ce sujet bien en amont. On comprend mieux les explications des professionnels et on a moins peur lorsque la décision est prise pendant l’accouchement.

S'attendre aux modifications corporelles et psychologiques du post-partum

Avoir des connaissances sur les suites de votre accouchement vous permettra d’être plus sereine, indulgente, patiente et confiante en votre corps. Celui-ci peut « souffrir » les premiers jours et aura besoin de quelques mois et efforts pour redevenir « comme avant » (sauf à de rares exceptions médicales) ! Cela vous incitera aussi à bien vous entourer dans une période où vous serez plus vulnérable.

Vous aurez également besoin d’être renseignée sur votre nouvelle vie avec votre nouveau-né : ses besoins, son alimentation, son sommeil, etc. Votre enfant sera unique, mais il n’échappera pas à sa condition de « fœtus dehors », fascinant et attendrissant mais pas toujours simple à comprendre...

Enfin, le choix de la contraception dans les suites de l’accouchement est important pour une reprise sereine de la sexualité. Cela peut être discuté pendant la période de grossesse, où vous aurez plus le temps d’échanger sur le sujet avec votre partenaire.

Se préparer physiquement et intellectuellement à devenir parent

Vous l’avez compris, préparer sereinement son accouchement, c’est se préparer physiquement et intellectuellement à des modifications et sensations inédites, et au-delà, à devenir parent.

  • Les nombreux ouvrages, sites web et applications mobiles sont utiles, mais rien ne vaut les rencontres et échanges avec un professionnel qualifié et référent en périnatalité qui saura répondre à vos besoins de façon personnalisée : sage-femme ou médecin. En pratique, ce sont majoritairement les sages-femmes qui réalisent la préparation à la naissance et à la parentalité (en libéral, en centre de PMI ou à l’hôpital).

  • L’assurance maladie prend en charge un entretien prénatal individuel ou en couple qui peut être réalisé précocement (à partir du 4e mois) et 7 séances de préparation individuelle ou collective en petit groupe.

  • La sage-femme organise le contenu des séances en appliquant les recommandations de la HAS (Haute Autorité de Santé). Elle vous apportera des informations théoriques et vous montrera comment vous relaxer, respirer, vous positionner et « pousser » votre bébé.

  • Le second parent a certainement besoin lui aussi de préparer cet accouchement et pourra être invité à la préparation. Les modalités seront à définir avec votre sage-femme, et surtout dans le souci de vos pudeurs respectives.

  • Sur le plan pratique, il existe différentes méthodes de préparation : classique, sophrologique, aquatique, yoga, Pilates, chant prénatal, haptonomie, etc.

  • Vous pourrez aborder les questions matérielles (quel trousseau pour la maternité, quel matériel et mobilier pour mon bébé ?) ainsi que les questions d’organisation (qui va garder mon aîné ?).

Entendre parler d’accouchement prend tout son sens lorsqu’on y pense vraiment, le plus souvent après 6 mois de grossesse. Mais certaines méthodes exigent un apprentissage plus long et un entraînement : dans ce cas, débuter plus tôt devient très pertinent.

Il est aussi possible de compléter les séances prises en charge par l’assurance maladie par une activité (non remboursée et dispensée par un autre professionnel). À noter : certaines activités contribueront à votre épanouissement physique et psychologique pendant la grossesse, et vous prépareront de fait à votre accouchement !

Vous trouverez forcément votre bonheur, en fonction de vos envies et moyens, y compris en termes de disponibilités. Mais n’oubliez pas pour cela d’anticiper l’organisation de votre préparation à la naissance auprès de votre sage-femme référente. Cette dernière pourra certainement vous suivre aussi après l’accouchement au retour de la maternité, ou vous orientera vers une consœur qui assurera ce suivi.

La bonne préparation, c'est celle qui vous donnera la confiance que vous méritez (et pourquoi pas envie d’accoucher !) et surtout, une « belle » maternité.