Que l'on ait ou non prévu de bénéficier d'une péridurale, il est obligatoire depuis 1994 de rencontrer un anesthésiste avant l'accouchement. Les médecins anesthésistes pourront ainsi bénéficier de l’ensemble des informations vous concernant, quelle que soit la situation à laquelle vous serez ensemble confrontés (urgence ou non, accouchement par voie basse ou césarienne, etc.).

Pourquoi la consultation d'anesthésie est-elle obligatoire ?

La raison essentielle ayant conduit à rendre cette consultation obligatoire est d’améliorer la sécurité de la naissance.

En effet, à une époque où l’anesthésie péridurale était bien moins utilisée qu’aujourd’hui, le risque de devoir recourir à une anesthésie générale au moment de l’accouchement ou de la délivrance n’était pas rare : un forceps, une césarienne en urgence, une délivrance artificielle...

Il était donc important de pouvoir évaluer le risque anesthésique en amont de l’accouchement – étant bien entendu que ce risque n'était pas négligeable. En effet, la femme enceinte à terme présente des particularités anatomiques et physiologiques qui peuvent alourdir le risque d’une anesthésie générale. On considère notamment que son estomac est plein… même si elle n’a pas récemment mangé ou bu.

Actuellement, environ 80 % des femmes vont bénéficier d’une péridurale. Et désormais, les procédures d’anesthésie (péridurale ou rachianesthésie) sont presque à 100 % locorégionales, c'est-à-dire limitées à une partie du corps. Ainsi, l’anesthésie générale est devenue l’exception.

Néanmoins, la connaissance des principaux antécédents médicaux et chirurgicaux garde toute son importance, ainsi que le dépistage d’éventuelles allergies ou intolérances.

Que comporte la consultation d’anesthésie ?

  • Un interrogatoire sur les antécédents médicaux, chirurgicaux, familiaux, allergiques et obstétricaux (s’il ne s’agit pas de la première grossesse, comment se sont déroulés le ou les accouchements précédents ?) ;
  • Des questions sur les traitements actuels ;
  • Un examen clinique : la tension artérielle (qui permet de surveiller l’éventuelle apparition d’une hypertension en fin de grossesse), le poids, la taille, d’éventuels œdèmes (au niveau des chevilles, des mains…). Le médecin regarde aussi comment est le fond de la gorge (dans l’éventualité rare où une intubation serait nécessaire), comment est la colonne vertébrale (notamment les scolioses qui vont parfois rendre la pose de péridurale plus compliquée) et vérifie les tatouages (il est préférable qu’ils ne soient pas positionnés au niveau du point de ponction et qu'ils aient plus de deux ans, mais il ne s’agit pas d’un réel problème !).

La consultation dure généralement une quinzaine de minutes et c’est surtout :

  • Pour le médecin anesthésiste, l’occasion de vous expliquer l’organisation de l’équipe et de la maternité et de vous donner quelques notions de base sur la péridurale.
  • Pour vous, le bon moment pour poser les questions qui vous préoccupent : « est-ce que ça fait mal ? », « et si c’est trop tard ? », etc.

La consultation d’anesthésie va aussi rechercher les très rares contre-indications à la péridurale :

  • Des anomalies de la coagulation (comme des plaquettes basses ou des anomalies génétiques souvent déjà connues) ;
  • Des antécédents de chirurgie lourde du rachis – mais c’est très rare ;
  • Des problèmes infectieux locaux ou généraux – rares aussi.

Si ces contre-indications existent, alors il est possible de vous donner des informations sur les alternatives possibles à la péridurale : analgésie intraveineuse, mélange protoxyde/oxygène, etc.

Les informations essentielles recueillies lors de la consultation (qui a lieu généralement pendant le 8e mois de grossesse) peuvent aussi très facilement être récupérées dans l’urgence si le travail se met en route prématurément.

C’est pourquoi, même si vous n’avez pas eu la possibilité de vous rendre en consultation d’anesthésie, vous pourrez tout à fait normalement bénéficier d’une péridurale.

Dr Agnès GEPNER
Médecin anesthésiste
Clinique Maternité Ste-Thérèse, 75017 Paris