Le témoignage de Jessie

Je m’appelle Jessie, j’ai 23 ans et je suis maman d’un petit Malo qui a 2 ans. Louis a trois ans de plus que moi. On s’est rencontrés quand j’avais 13-14 ans et ça fait près de 10 ans que nous sommes ensemble. Un cap que l’on célébrera le 22 octobre prochain, à l’occasion de notre mariage. C’est moi qui lui ai fait la demande lors de sa première fête des pères. J’ai habillé Malo avec un petit body sur lequel il était écrit « Papa, veux-tu épouser maman ? ». Il était content et il a dit oui !

Notre désir d’enfant

Louis et moi avons toujours souhaité avoir un enfant. Nous en avons discuté rapidement, mais nous étions au clair sur les conditions : nous devions être stables financièrement, avoir un CDI et un appartement ou une maison avec deux chambres et un jardin. Toutes les conditions étaient presque remplies en 2020. Cette même année, je devais enlever mon implant, c’est pourquoi on s’est posé la question de se lancer dans le projet bébé.

Ayant le SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), je pensais que ça prendrait du temps… Mais non : deux mois après, le test était positif ! La grossesse s’est vraiment bien passée. J’ai eu quelques nausées au début et des douleurs au dos à la fin, mais globalement, je dirais que j’allais bien.

Pour remplir toutes nos conditions pour accueillir notre bébé, nous avons déménagé pendant ma grossesse, pas très loin de notre ancien appartement. La sage-femme qui m’a suivie jusqu’à mon septième mois de grossesse habitait à une rue de chez moi, ce qui était vraiment idéal ! C’était pendant la période de Covid. Elle organisait un cours avec seulement deux mamans mais la seconde maman n’est jamais venue, alors Louis a pu venir.

Il était ravi parce qu’il souhaitait vraiment être présent. Il posait tout un tas de questions, même quand les sujets ne le concernaient pas directement. Ça nous a vraiment aidés tous les deux, sur un pied d’égalité, à préparer l’accouchement et l’arrivée de Malo. Notre sage-femme nous a détaillé de A à Z tout ce qui pouvait se passer à la maternité, que ce soit par voie basse ou par césarienne. On se sentait vraiment prêts le jour J.

Un accouchement de rêve

Avec Louis, nous habitons en Loire-Atlantique (44) mais nous sommes originaires du Morbihan (56). C’est là que se trouve encore toute notre famille et nous tenions à choisir une maternité près de nos proches. C’est pourquoi, à partir du septième mois, j’ai fait des allers-retours d’une heure et demie pour mon suivi à l'hôpital.

Tout s’est très bien passé, je n’avais pas du tout d’angoisse. On se sentait bien suivis, bien entourés, bien conseillés. Et je n’aurais pas pu rêver meilleur accouchement pour un premier !

J’ai perdu le bouchon muqueux un vendredi mais je ne savais pas ce que c’était. Nous sommes allés à la maternité près de chez nous pour vérifier que la poche des eaux n’était pas percée. Tout allait bien, nous sommes donc rentrés chez nous. Le samedi, des petites contractions ont commencé à se faire ressentir. J’ai appelé la maternité et les professionnels de santé m’ont conseillé de prendre une douche chaude et un Doliprane. Les douleurs sont passées et le dimanche, j’ai entrepris de faire le ménage. Je n’ai pas parlé à Louis de mes contractions, je les ai suivies discrètement sur une application dédiée et j’ai repris une douche chaude dans l’après-midi. Il préparait le dîner quand je lui ai enfin dit que nous n’allions pas tarder à devoir partir. On a dîné, il a pris une douche et c’était parti !

Le terme était prévu pour le 20 janvier et nous n’étions que le 3 janvier, mais comme ils ont touché la poche des eaux pendant les examens, ça a déclenché le travail. Nous avons donc commencé à faire la route tranquillement, nous étions joyeux et excités ! On n’a rien dit à notre famille, hormis à ma belle-mère qui nous a contactés sur la route. Et, alors qu’il restait trois quarts d’heure de route, les contractions se sont nettement intensifiées. Les douleurs au niveau des reins étaient affreuses.

On est arrivés à 20 h à l'hôpital et on nous a demandé d’attendre en salle d’attente. Ça a été les plus longues minutes de ma vie… Après 35-40 minutes d’attente, j’ai dit à mon partenaire d’aller chercher la sage-femme. Elle m’a auscultée et m'a dit « Vous êtes ouverte à 2, on vous garde ! ».

On a ensuite été installés en salle d’accouchement et j’ai demandé rapidement à avoir la péridurale. À ce moment, j’étais ouverte à 4-5. Toutes les heures, les infirmières venaient me changer de position pour aider le bébé à descendre. Ça a duré toute la nuit. J’essayais de dormir mais c’était compliqué… Je faisais des micro-siestes.

Vers 8 h 30-9 h, j’étais enfin à dilatation complète. J’ai eu la chance de bien doser la péri, j’ai vraiment senti mon bébé, sa tête qui poussait en bas, sans avoir de douleur. On a commencé la poussée à 9 h 20, j’ai poussé 4 fois pendant 7 minutes et il est né, sans aide ! Il était même propre !

Ils l’ont posé sur moi et Louis m’a dit : « Je t’admirerai toute ma vie pour ce que tu as fait… ». C’était un magnifique moment mais j’avais l’impression que ma tête allait exploser de fatigue. J’ai pleuré, on a pleuré… Mais j’ai mis un peu de temps à réaliser que c’était vraiment MON bébé et à l’aimer. J’ai eu besoin de quelques jours pour me dire que c’était mon fils, vraiment le mien ! C’était perturbant parce qu’il m’était inconnu.

Les premiers jours, entre amour et fatigue

Mon copain ne pouvait pas rester dormir à l'hôpital à cause du Covid, donc il dormait chez mes beaux-parents. C’est ce qui a été le plus dur : me retrouver toute seule avec mon bébé. La première nuit, j’ai demandé à ce que les équipes prennent Malo avec elles pendant 4 h pour que je puisse me reposer et elles me l’ont ramené au petit matin. Ces quelques heures sont celles où j’ai le mieux dormi…

Quand j’étais à l'hôpital, j’ai fait un énorme baby blues, c’était violent. Dans la chambre à côté il y avait des jumeaux sous couveuse, donc il y avait des bips permanents et des professionnels de santé qui passaient toutes les heures ou toutes les deux heures. C’était vraiment difficile de se reposer. Heureusement, les visites à la maternité étaient interdites. C’était un vrai point positif pour moi ! On a pu faire réellement connaissance tous les trois. Quand elles sont devenues mamans, mes amies ont dû gérer des dizaines de messages de demandes de visite… C’était l’enfer pour elles.

L’amour que je ressentais pour mon fils a commencé à se développer à la maternité, mais j’ai vraiment senti un changement une fois de retour chez nous, loin de l’univers médicalisé. On était dans notre cocon, ça a permis une prise de conscience et j’ai vraiment pris confiance en moi.

Lors de l’accouchement, j’ai juste eu deux ou trois points — la sage-femme est venue les vérifier à domicile. Quand j’avais une question, j’avais la chance de pouvoir la contacter facilement via son portable.

Ce qui est le plus difficile, c’est de retourner aux toilettes après un accouchement… Je trouvais la douleur bien pire que l’accouchement lui-même ! J’avais l’impression d’être passée sous un camion, j’étais épuisée physiquement. D’ailleurs, la première journée post-accouchement, je ne pouvais pas me lever sans aide, j’avais plein de courbatures. Les douleurs ont fini par partir progressivement au bout d’un mois.

Le corps et la vie intime

Mon corps a changé suite à cette grossesse : j’ai eu des vergetures, j’ai pris du poids que je n’ai pas perdu et ma poitrine aussi a changé. Mais je n’ai pas eu mes règles pendant 9 mois et ça… c’était vraiment bien !

Le plus compliqué après, c’est de retrouver une vie intime. J’avais vraiment le sentiment que l’intérieur de mon corps était déformé, je n’étais plus en phase avec lui. On a beaucoup parlé avec Louis pour que ça ne devienne pas un blocage, on s’est dit les choses et on a fait en sorte que rien ne soit tabou. Ce qui nous a aidés aussi, c’est d’y avoir été préparés : on s’était bien informés sur la suite. Ma libido a énormément varié entre la grossesse et l’après ! C’est propre à chaque personne, mais ça peut peser sur l’humeur et sur le couple. J’ai une amie qui vient tout juste de se séparer… Son couple n’a pas survécu à l’arrivée de leur bébé.

Un bébé change indéniablement la dynamique du couple. Il faut que chacun trouve sa place… En tant que maman, j’ai porté mon enfant 9 mois et je ne voulais pas que Louis se sente mis à l’écart. On a donc fait ça ensemble, je ne pense pas que c’était à lui de le faire seul : la base dans un couple, c’est de se parler ! Il faut faire des efforts et prendre un peu de recul, l’un comme l’autre.

Le retour au travail

Le plus difficile pour moi a été la reprise du travail de Louis. À l’époque, le congé paternité durait seulement 15 jours… C’est court ! Quand on est deux en congé, il y a toujours un relais, et puis d’un coup on se retrouve vraiment seule. Je passais mes journées dans la chambre. Je me levais, j’allais me faire à manger (enfin grignoter) et je retournais dans le lit avec mes plateaux repas parce que, pendant très longtemps, Malo n’a pu dormir qu’en étant contre moi. Je passais donc des heures à le bercer et à ne plus bouger une fois qu’il s’était endormi.

Comme on était en hiver, pendant le Covid, je restais beaucoup à la maison. Quand Louis rentrait le soir, il prenait le relais. Malo a fait ses nuits rapidement, à 6 semaines ! On a fait du cododo jusqu’à ses 6 mois.

J’ai ensuite repris le travail par obligation à la fin de mon congé maternité. Ça a été compliqué, je l’ai mal vécu. Je n’avais pas du tout envie de reprendre et je n’ai pas été accompagnée pour cette reprise par les RH ou par mon manager. Avant, je travaillais dans une entreprise de transports routiers et j’occupais un poste assez stressant. J’ai demandé à passer à 35 heures et j’ai finalement changé de travail pour trouver un contexte moins stressant. En 3 mois, tout a beaucoup changé : je me sentais à ma place, entourée d’une super équipe, plus compréhensive, et j’ai trouvé mon rythme.

Ce que j’aimerais transmettre aux parents

Suite à un accouchement, les premiers mois peuvent être très difficiles, surtout quand on se retrouve seule. Mais avec le temps, ça finit par passer. Accrochez-vous et ne perdez pas espoir ! Il faut se faire confiance en tant que parents, s’écouter et suivre son rythme. Maintenir la communication avec Louis pour toujours rester un couple a été salvateur et hyper important pour nous.

Enfin, le plus important (mais pas toujours le plus facile à faire) : ne pas s’oublier et prendre du temps pour soi ! Même si c’est compliqué, il faut absolument le prioriser et organiser un relais. Quand on est à bout, ça se répercute sur son enfant, sur son couple… Au contraire, si on va bien, ça aura un impact positif sur tout le monde !