Comprendre le sujet et appliquer les gestes de prévention

Voici un sujet qui, bien sûr, constitue pour de nombreux jeunes parents une réelle source d’angoisse. Car chaque parent sait, connaît ou a entendu parler de la mort subite du nourrisson. Quel que soit le nombre d’enfants de la fratrie déjà présents, tout nouveau-né qui arrive dans une famille est désormais un nouveau sujet de bonheur, d’amour, d’attention... Mais aussi de manque de sommeil, de surveillance permanente, de petits maux, de petites maladies et d’inquiétude. Et tout cela est bien normal ! Mais il reste CE sujet angoissant, ce drame que chaque parent redoute entre tous.

De nombreux progrès au cours des dernières décennies

En 30 ans, grâce à la recherche et aux études menées en collaboration avec les parents et familles endeuillés, les progrès sont rassurants. En effet, certains gestes simples de prévention ont permis de faire diminuer considérablement ces décès inattendus.

En France, dans les années 1990, les morts subites de nourrissons concernaient environ 1 500 bébés par an sur 762 000 naissances. En 2019, on n’en a plus déploré « que » 400 pour 753 000 naissances.

Les études ont amplement démontré que certains gestes et attitudes du quotidien, ou certaines modifications de « vieilles » habitudes ancestrales et/ou familiales, ont pu réduire ce risque. Ces gestes sont donc parvenus à limiter le nombre de nourrissons concernés.

Le nombre de décès a donc été divisé par 3 en 30 ans grâce aux campagnes de prévention, aux séances de préparation à la naissance dispensées par les sages-femmes et aux séances d’information dans les maternités. Et bien sûr grâce à chaque parent ayant suivi ces recommandations afin d’éviter ce drame. Les chiffres sont là pour prouver l’efficacité de la prévention et de l’application de ces recommandations simples !

Alors qu’est-ce que la mort subite du nourrisson ?

Il s’agit d’un très jeune enfant (nourrisson le plus souvent) qui est retrouvé sans vie dans son lit. Les bébés concernés ont généralement entre 2 et 6 mois, et la plupart du temps moins de 18 mois. Certains pédiatres ou centres d’études et de recherches prolongent ce délai de risque jusqu’à 3 ans.

Pendant son sommeil, l’enfant cesse de respirer, sans cause médicale apparente ou suspectée. Une autopsie, proposée aux parents, ne permettra de retrouver aucune anomalie ou malformation.

Ce décès est inattendu car il concerne un enfant en pleine santé, de poids normal, né à terme ou dans les 1 à 4 semaines précédant la date prévue, après une naissance sans complication et sans infection. Pendant la grossesse, aucune pathologie maternelle et/ou fœtale ni malformation échographique apparente n’ont été constatées.

Les examens effectués avec l’accord des parents suite au décès de leur enfant, espérant malgré tout comprendre et retrouver une cause, demeurent hélas souvent sans réponse. Et si une cause est en définitive retrouvée (malformation cardiaque ou pulmonaire passées inaperçues aux échographies, infections néonatales, anomalies génétiques), alors il ne s’agit plus d’une mort subite.

Quelles sont les causes éventuelles et les pistes d’études actuelles ?

Une immaturité d’adaptation à la vie extra-utérine ? Un dysfonctionnement des fonctions vitales ? Un facteur génétique de déséquilibre en sérotonine ? Une pathologie de la fonction du nerf phrénique (ce petit nerf qui parcourt le corps, occasionnant parfois hoquet et malaise) ?

Personne ne sait vraiment à ce jour. Et beaucoup d’études sont toujours en cours pour tenter de trouver une explication familiale ou ethnique, une cause métabolique ou neurologique, un déficit de certaines fonctions vitales, une anomalie génétique…

Il est malheureusement impossible à l’heure actuelle de prévoir ce drame. Néanmoins, on peut retrouver grâce aux études menées différents éléments devant inciter à la prudence et à la mise en place systématique de gestes de prévention :

  • Les garçons sont plus touchés que les filles.
  • Les enfants d’origine ethnique afro-américaine ou amérindienne sont plus fréquemment touchés que les enfants d’origine caucasienne ou asiatique.
  • D’autres éléments semblent également repérés : un bas niveau socio-économique de la famille, un retard de croissance de l’enfant durant la grossesse, un faible poids de naissance, une fratrie nombreuse, un âge maternel inférieur à 20 ans, un tabagisme familial, l’absence de succion du pouce, des doigts ou d’une tétine…

Il est donc clairement établi que certaines conditions environnementales de l’enfant pourraient permettre de diminuer les risques et donc le nombre de décès. Pour autant, la plupart de ces facteurs environnementaux n’ont pas de solution possible.

Comment éviter la mort subite du nourrisson ?

Les recommandations actuelles sur ce sujet sont très variées. Voici une liste, certainement non exhaustive, avec quelques explications :

Un tout petit enfant doit dormir dans son lit, à plat et sur le dos. Son matelas doit être ferme et adapté aux dimensions du lit. Il faut éviter les oreillers anti-tête plate, les oreillers classiques, les couettes ou draps et surtout les tours de lit. Ceux-ci sont certes très jolis mais dangereux car le bébé risque de glisser dessous, et ils empêchent une bonne circulation de l’air au niveau du visage. Toutes ces recommandations sont valables jusqu’à 3 ans !

Si l’on écoute nos mères et nos grands-mères, un nouveau-né dort mieux sur le ventre. D’ailleurs, nous sommes nombreux à avoir dormi sur le ventre étant nourrissons… C’est vrai : la position sur le ventre en « grenouille » limite les désagréments intestinaux et rassure les tout-petits. MAIS cette position a été maintes fois retrouvée dans les cas de mort subite. Le changement de la position ventrale de sommeil pour la position sur le côté puis sur le dos a fait nettement reculer le nombre de décès en 30 ans… Cela semble donc être le facteur n°1 de prévention à adopter, n’en déplaise à nos grands-mamans.

La succion d’une tétine, du pouce ou d’un doigt peut elle aussi lui permettre de trouver ou retrouver plus facilement son sommeil. Le mécanisme de succion semble également permettre de limiter les risques.

Il est conseillé de faire dormir bébé dans la chambre parentale jusqu’à 6 mois environ, mais pas dans le lit des parents (risques de chute du lit et d’étouffement entre les deux parents ou sous la couette). Il faut bien l’avouer, faire une sieste avec son bébé sur le canapé ou dans le lit est tentant... D’autant plus que les nuits sont parfois courtes et que le bébé est toujours plus paisible quand il reste au contact de ses parents !

Il semble que la présence des parents dans la même chambre soit importante pour que l’enfant entende et suive la respiration des adultes, et évite ainsi les apnées du sommeil.

Le « cododo » (très tendance !) se fait dans un berceau adapté aux nouveau-nés et accolé au lit des parents. Le bébé ne partage donc pas le lit de ses parents.

L’enfant peut se reposer mais ne doit pas dormir très longtemps (toute une nuit par exemple) dans un transat, un cocoonababy (matelas en forme de cocon) ou un réducteur de lit. C’est possible uniquement s’il est sous la surveillance attentive de ses parents, par exemple pendant leur repas. La position arrondie tête penchée en avant, comme en position de fœtus, améliore certes le sommeil des petits mais augmente le risque de suffocation et de blocage des voies aériennes.

Bien sûr, il faut éviter de fumer pendant la grossesse ou en présence de bébé. Cela permet d’éviter la mort subite certes, mais aussi de limiter les faibles poids de naissance, les fragilités de santé, l’asthme et autres infections ORL de la petite enfance.

L’alcool ou les drogues peuvent aussi être néfastes par la somnolence qu’elles induisent chez le bébé (en cas d’allaitement maternel) ou par les attitudes dangereuses des parents sous emprise. Ces substances peuvent entraîner manque de réactivité, étouffement ou chute.

La température de la chambre de bébé doit être de 18 à 20 degrés l’hiver si possible. Il faut adapter sa tenue vestimentaire (turbulette ou gigoteuse pour dormir et éventuellement chaussettes, gilet et bonnet si besoin). Pour lui, la règle est toujours une épaisseur de plus que pour les adultes. L’été, nous sommes dépendants de la météo mais il n’est pas conseillé d’utiliser un climatiseur ou ventilateur. Lors des fortes chaleurs, il vaut mieux déshabiller l’enfant, le baigner pour le rafraîchir et le faire dormir en couche avec un simple body. Et n’hésitez pas à lui proposer fréquemment de l’eau ou des tisanes entre ses repas.

Florence GENETAY-BLUM - Sage-femme libérale (Paris)