Votre bébé a vécu 9 mois dans un environnement exigu dans lequel il se sentait enveloppé par les parois utérines, maintenu à une température stable de 37°C. L’ambiance sonore était composée des bruits de votre voix, de votre cœur, de votre digestion, et la lumière était tamisée. Puis vient la naissance, qui propulse le nouveau-né dans un environnement sec, froid et lumineux, où il se retrouve le plus souvent à plat dos sur un matelas tout aussi froid. Ce grand chamboulement nécessite souvent de quelques semaines à quelques mois d’adaptation.
Qu'est-ce que le peau à peau ?
Parmi les moyens d’aider le tout-petit à s'adapter à son nouvel environnement, on retrouve le peau à peau. Il s’agit de placer le bébé nu (ou en couche) à plat ventre contre la poitrine nue de l’un de ses parents, lui-même installé à demi-assis.
Le peau à peau permet de prolonger un grand nombre de repères connus dans la vie utérine :
- un buste à la même température que celle qu’il a connue jusqu’alors ;
- les bruits du cœur et de la respiration qui lui parviennent à travers la poitrine de son parent ;
- les vibrations de sa voix lorsque son parent lui parle ;
- s’il s’agit de sa mère, l’odeur qu’il connaît au travers du liquide amniotique.
Les bénéfices sont tellement nombreux que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la Haute Autorité de Santé et ses équivalents européens, américains ou internationaux vont tous dans le même sens : recommander le peau à peau dès les premières minutes de vie du bébé.
Les bénéfices du peau à peau pour le bébé
Stabiliser la température du bébé
Cette pratique est très souvent réalisée immédiatement à la naissance pour permettre au bébé de s’imprégner de la chaleur corporelle de son parent pour réguler sa propre température.
Stabiliser la respiration et le rythme cardiaque
Il est démontré chez le bébé prématuré que la pratique du peau à peau réduit le nombre des apnées et les anomalies du rythme cardiaque, probablement par accordage avec ceux qu’il perçoit chez le parent.
Mieux réguler les dépenses énergétiques
Les bébés en peau à peau utilisent moins de ressources énergétiques pour réguler leur température. Cela diminue donc le risque d’hypoglycémie.
Recréer un environnement connu propice à l’apaisement
Au travers du peau à peau, le bébé retrouve un certain nombre de sensations qui le rassurent. Cela lui procure un état d’apaisement qui se communique au parent, les conduisant tous deux à sécréter de l’ocytocine.
Cette hormone favorise l’abaissement de leur niveau de stress, et favorise ou renforce l’émergence d’un lien d’attachement entre le parent et l’enfant. Le peau à peau est une façon efficace de faire face, autour de 6 semaines, aux pleurs de décharge par exemple.
Par ailleurs, le peau à peau a démontré ses bénéfices dans la lutte contre la douleur, celle-ci étant renforcée par le stress et diminuée par la réassurance.
Faciliter la conduite de l’allaitement
Lorsque c’est le souhait parental, le bébé sait mettre en œuvre ses réflexes pour chercher le sein, naturellement à sa disposition lorsqu’il est en peau à peau.
Les bébés en peau à peau sont également plus nombreux à téter de la bonne façon. La position qu’ils adoptent est plus physiologique que celles qui sont généralement enseignées aux mamans, et la mère est généralement installée dans une position qui lui est durablement confortable. De plus, la production d’ocytocine évoquée plus haut stimule l’éjection du lait chez la mère.
Renforcer le tonus musculaire
Le peau à peau maintenu pendant les premières semaines de vie de votre enfant lui permet d’exercer régulièrement le tonus de sa nuque pour se redresser, placé à plat ventre contre vous. C’est un facteur préventif de la mort inattendue du nourrisson.
Renforcer l’immunité
Au contact de la flore bactérienne cutanée de ses parents, l’enfant construit la sienne plus rapidement que si le contact était entravé par le port de vêtements.
Les bénéfices du peau à peau pour les parents
Améliorer la récupération physique du post-partum
Lorsque le peau à peau est pratiqué par la mère, il est visiblement associé à une accélération de l’expulsion du placenta et à une réduction des hémorragies du post-partum.
Diminuer le stress parental
La pratique du peau à peau par les pères et les mères est associée à un taux plus élevé d’ocytocine, à davantage de bien-être et à une diminution du cortisol, hormone du stress.
Il est, pour les deux parents, un élément de prévention du risque de dépression du post-partum, également en raison d’une meilleure communication entre les parents lorsqu’ils pratiquent tous les deux le peau à peau.
Construire et soutenir le sentiment de compétence parentale
Les parents qui ont pratiqué le peau à peau ont développé une relation liée au toucher et à l’observation, qui les conduit à se sentir généralement plus confiants dans leur capacité à prendre soin de leur enfant.
Favoriser l’émergence et le renforcement du lien d’attachement
En favorisant des suites de couches moins éprouvantes, en améliorant le sentiment de bien-être et en soutenant l’émergence du sentiment de compétence parentale, le peau à peau encourage l’accordage des comportements parentaux aux manifestations du bébé.
On entre alors dans le cercle vertueux « Plus j’observe / sens / touche / parle à mon bébé, mieux je réponds à ses besoins, plus je me sens compétent·e, et plus j’ai envie de l’observer / le sentir / le toucher / lui parler encore ».
Quelques règles de sécurité
Lorsque le bébé est en peau à peau, ses jambes sont repliées, ramenées sous son abdomen, ses épaules et sa poitrine étant placées contre vous.
En revanche, il est important de veiller à ce que sa bouche et son nez restent toujours bien dégagés, tête tournée sur le côté, ni exagérément fléchie vers l’arrière, ni tombante en avant.
Pensez aussi, pour préserver le bénéfice de votre chaleur, à recouvrir son dos d’une couverture ou d’un bustier de peau à peau.
Enfin, si vous sentez la fatigue vous gagner, installez votre bébé en sécurité dans son lit, à plat dos.
Michèle Prados, infirmière puéricultrice