Souvent, nous qualifions de « caprice » tout comportement inapproprié chez un enfant – par exemple, s’il refuse de manger ou encore s’il refuse de dormir au moment du coucher. Mais lorsqu’un tout-petit se fâche, crie et pleure quand on lui demande ou quand on lui refuse quelque chose, est-ce vraiment un caprice ?
Qu’est-ce qu’un caprice ?
Un « caprice » est une demande insistante de l’enfant qui paraît incohérente aux yeux des adultes et qui peut mener à des crises (se rouler par terre pour avoir un bonbon par exemple).
Mais en réalité, le « caprice » est associé à des besoins que les enfants ne savent pas encore identifier.
Un bébé ne fait donc pas un caprice lorsqu’il pleure pour être pris dans les bras. Par ses pleurs, il exprime plutôt son besoin d’être rassuré. Et si vous prenez le temps de répondre à son besoin, vous l’aidez à se calmer et à se sentir en confiance. Votre bébé comprend qu’il est en sécurité et qu’il peut compter sur vous.
Comment modifier son point de vue d’adulte ?
Lorsque vous percevez les demandes de votre enfant comme un caprice, vous pouvez tenter de modifier votre point de vue en raisonnant en termes de besoins non satisfaits – ce qui ne signifie pas pour autant que vous devez satisfaire toutes les demandes de votre enfant !
L’idée est d’essayer de comprendre les raisons de ses demandes ou de ses refus.
Voici des exemples simples : quand un adulte refuse de manger, on en déduit tout simplement qu’il n’a pas très faim aujourd’hui. Ou encore, si un adulte s’énerve à la moindre contrariété, on va peut-être se dire qu’il a eu une semaine difficile au travail et qu’il est fatigué.
A contrario, lorsqu’un enfant n’a pas le comportement que nous souhaitons qu’il ait, nous allons généralement l’associer à un caprice sans chercher à comprendre les raisons de ce comportement.
Mais en réalité, les enfants ont de nombreuses raisons de se mettre en colère :
- Ils sont en permanence dépendants de leur(s) parent(s).
- Ils ont parfois du mal à bien se faire comprendre parce que leur langage n’est pas encore maîtrisé.
- Ils reçoivent une très grande quantité d’informations chaque jour et n’arrivent pas toujours à les trier et à les hiérarchiser.
- Ils n’arrivent pas gérer leurs émotions parce que leur cerveau est encore très immature, ne l’oublions pas.
- etc.
Concrètement, pourquoi les caprices avant 5 ans n’existent pas ?
Le caprice tel qu’on l’entend relève davantage de la notion de manipulation : l’enfant se mettrait dans tous ses états pour obtenir ce qu’il veut. Or, avant l’âge de 4-5 ans, c’est tout simplement impossible car il n’en possède pas encore les capacités intellectuelles.
Les émotions et sentiments de l’enfant sont incontrôlables
Avant 5 ans, le cerveau de l’enfant n’est pas encore en capacité d’élaborer un raisonnement. Il ne peut pas prendre du recul. Ce n’est qu’à partir de 6 ans qu’il pourra vraiment le faire.
C’est pourquoi un jeune enfant peut se mettre dans tous ses états pour un événement qu’un adulte qualifierait d’insignifiant ou de banal. Ce n’est pas de la manipulation, ni de la comédie ! Les sentiments qu’il ressent sont bien réels. Le seul moyen pour lui de les exprimer est ce fameux « caprice » : il s’agit en fait d’un appel à l’aide.
L’enfant a besoin d’expérimenter pour comprendre le monde dans lequel il vit
Le tout-petit est un explorateur. Il est émerveillé par le monde qui l’entoure et a une grande soif de découverte. Pour comprendre et découvrir le monde, il a besoin de toucher, de courir, de grimper, de sauter… Cela le pousse à être constamment en mouvement et à rechercher activement les situations qui lui permettent de développer de nouvelles acquisitions.
Si sa joie et sa concentration sont interrompues durant l’une de ses explorations, il peut ressentir de la frustration et la nouvelle compétence sera plus difficile à acquérir. Ces situations peuvent provoquer des tensions, injustement qualifiées de « caprices ».
Bien entendu, si votre enfant se met en danger, il est nécessaire d’intervenir immédiatement.
L’enfant n’a pas la notion du temps et vit dans le présent
Notre cerveau d’adulte nous projette autant dans le futur que dans le passé. C’est ce qui nous permet de planifier des activités, d’anticiper des projets à plus ou moins long terme et de nous situer dans l’espace-temps.
Chez l’enfant, c’est totalement différent. Il est incapable de se projeter et vit dans le présent. Il ne peut pas anticiper les conséquences de ses actes et penser en termes de finalité. Pour comprendre le monde qui l’entoure, il expérimente à son rythme.
Par exemple, l’enfant refuse de mettre son manteau pour sortir alors qu’il fait froid dehors, ce qui a tendance à énerver ses parents. Mais il ne pense pas à « l’après » : le risque d’avoir froid, de tomber malade, etc. Il pense simplement qu’il n’a pas envie de mettre son manteau : c’est tout !
Le cerveau de l’enfant est encore immature
De plus, dans le cerveau des enfants de moins de 5 ans, les zones d’impulsion et d’inhibition sont encore très immatures : l’enfant n’est pas capable de se retenir. Il ne sait pas inhiber ses impulsions comme nous, adultes.
Ces différences entre le cerveau d’un enfant et celui d’un adulte expliquent parfois l’incompréhension et l’impatience des parents lorsqu’ils donnent une consigne.
Pour résumer, vous pouvez bannir de votre vocabulaire le mot « caprice » ! Les crises de colère des enfants sont beaucoup plus complexes que cela. Avoir une connaissance claire de ce qui se passe pour votre enfant lorsqu’il se met en colère vous aidera à prendre du recul face à cette situation.