Bien que votre bébé soit le plus beau du monde (et personne ne se risquera à vous contredire là-dessus !), vous avez peut-être remarqué que son joli crâne n’était pas ou plus tout à fait rond, voire nettement aplati. Cette déformation crânienne, aussi appelée plagiocéphalie ou brachycéphalie en fonction de la ou des parties aplaties du crâne, est réversible si elle est prise en charge à temps. Mais elle n’est pas à prendre à la légère pour autant. Alors comment détecter et traiter efficacement les déformations crâniennes chez les bébés ?

Attention, nous n’évoquons dans cet article que les déformations crâniennes « fonctionnelles » ou positionnelles. Nous n’évoquerons pas les déformations pathologiques, dont la prise en charge est chirurgicale.

Causes des déformations crâniennes chez les bébés

Un crâne très malléable

À la naissance, le crâne du bébé est parfaitement malléable. La structure des os qui le constituent n’est pas encore tout à fait consolidée et la présence des fontanelles lui confère une grande déformabilité. C’est notamment grâce à cette propriété que la tête de votre nouveau-né a réussi à passer à travers votre bassin sans trop d’encombres lors de l’accouchement.

Une rotation de tête très marquée

Il arrive souvent que le nouveau-né naisse avec une rotation préférentielle de tête, voire un torticolis congénital, celui qu’il avait en fin de grossesse dans votre ventre ou qu’il a acquis lors du passage à travers le bassin. Cette rotation de tête peut être très marquée et elle est souvent accompagnée d’un véritable blocage cervical et d’une attitude « en virgule » du nouveau-né (inclinaison de la colonne vertébrale du côté opposé à la rotation cervicale).

Le nouveau-né rencontre alors des difficultés à regarder de l’autre côté et cela s’accompagne presque toujours d’un aplatissement du crâne du côté de la rotation, tant les os du crâne sont malléables.

Détection précoce et prévention

Détection précoce

Il est primordial de détecter ces déformations le plus tôt possible : dès les 3 premières semaines de vie, une tendance peut se dessiner. Il est donc fortement conseillé d’en parler rapidement à votre pédiatre ou médecin traitant. S’il n’y a pas de contre-indication, vous pourrez ensuite faire un bilan chez un ostéopathe spécialisé en pédiatrie.

Rôle des parents

De leur côté, il est important que les parents soient très attentifs à la position de leur bébé et fassent le maximum pour limiter l’appui prolongé de la tête sur le côté aplati :

  • En limitant la journée la position sur le dos de façon prolongée et en privilégiant le coucher sur le côté à l’aide d’un cale-bébé (réserver la position sur le dos la nuit, comme le préconise la Haute Autorité de Santé)
  • En privilégiant le portage autant que possible (en écharpe, en porte-bébé)
  • En stimulant les rotations cervicales des deux côtés lors des moments d’éveil, sur le dos et sur le ventre
  • En faisant en sorte que les stimulations visuelles (lumières, fenêtres) et acoustiques (musique, bruits) dans son environnement soient orientées du côté de la restriction de mobilité
  • En limitant au maximum le temps passé dans le transat ou le cosy, qui ne facilitent ni les rotations de tête spontanées ni la motricité libre du nourrisson.

Traitements des déformations crâniennes

Importance d’une consultation précoce

À partir de 6 mois, les os du crâne du nourrisson perdent de leur malléabilité, la trame osseuse se solidifie, les fontanelles se rétrécissent : il est donc beaucoup plus difficile de récupérer la rondeur initiale du crâne, et souvent les prises en charge manuelles ne suffisent plus. C’est pourquoi il est essentiel de consulter le plus tôt possible votre pédiatre ou médecin traitant, puis éventuellement un ostéopathe.

Séances de kinésithérapie

Dans certains cas, des séances de kinésithérapie hebdomadaires compléteront la prise en charge. Les techniques utilisées auront pour objectif de relâcher et de détendre les muscles, les tissus pouvant maintenir cet appui prolongé, et d’aider le crâne à retrouver sa forme initiale.

Port d’un casque

Dans les cas les plus sévères, il sera proposé le port d’un casque 23 heures sur 24 pendant plusieurs mois. En plus d’être coûteux (environ 1000 euros), ce traitement est assez inconfortable et contraignant pour le nourrisson.

Conséquences des déformations crâniennes

Les conséquences d’une déformation crânienne peuvent être multiples. L’aplatissement d’une partie du crâne entraîne la croissance d’une autre (souvent diamétralement opposée). De ce fait, la face et la fonctionnalité des organes du crâne peuvent être impactés :

  • Asymétrie de la face, des yeux, des oreilles et altération possible de leur fonction (troubles de la vision, de l’audition, infections ORL à répétition…)
  • Déséquilibre dans le développement des arcades dentaires pouvant entraîner une mauvaise occlusion dentaire ou des chevauchements dentaires, nécessitant un traitement orthodontique par la suite
  • Déséquilibre de la base du crâne pouvant être à l’origine de tensions sur toute la colonne vertébrale et entraîner l’apparition de scoliose ou autres déformations de la colonne.

La prise en charge de ces déformations crâniennes représente un important enjeu de santé car, sur les 46 % des bébés touchés par les plagiocéphalies, 3 % en garderont des séquelles.

N’hésitez pas à consulter autour du premier mois suivant la naissance de votre nourrisson (ou plus tôt si besoin). Et surtout, observez, admirez votre bébé avec un œil amoureux de parent et un autre un peu plus critique…

Marie Vitiello

Ostéopathe, Suresnes – 92