Les familles recomposées sont aujourd’hui nombreuses. Les séparations puis les remariages sont fréquents et, depuis quelques années, l’enjeu est alors de trouver sa place lorsque l’on devient « beau-parent ».
Une nouvelle dynamique familiale
En France, le beau-parent n’a en principe aucun droit ni aucun devoir envers l’enfant de la personne avec laquelle il vit. Pourtant, il est là, bien présent dans le quotidien de la famille.
L’arrivée du beau-parent modifie l’équilibre familial. Il va forcément devoir composer avec cette nouvelle dynamique familiale et trouver sa place en tant que belle-mère ou beau-père. Quel rôle devra-t-il jouer auprès des enfants ? Comment créer une relation de confiance avec des enfants qu’il n’a pas élevés ?
Si l’on se désigne comme « beau-parent », cela signifie au préalable que l’on est « légitime » à occuper une place dans la famille de son ou sa partenaire. Nous ne sommes plus dans le registre de la rencontre, de la relation uniquement conjugale, mais dans l’engagement, dans le souhait pour chacun de s’investir dans une famille que l’on appellera « recomposée ».
Devenir beau-parent suppose que l’on a déjà rencontré les enfants de l’autre, que l’on a pu apprivoiser et rencontrer chaque membre de la famille. Être beau-parent nécessite alors de s’inscrire dans cette famille et d’y jouer un rôle.
Le rôle du beau-père ou de la belle-mère
Bien évidemment, il ne s’agit pas pour le beau-parent de se substituer à la mère ou au père, mais il a néanmoins une place à prendre. Cette place ne peut se penser que si la mère ou le père autorise symboliquement le beau-parent à la prendre. En effet, c’est la condition essentielle pour que les autres membres de la famille (les enfants, mais aussi l’autre parent qui a ou non refait sa vie de son côté) puisse reconnaître le beau-parent dans son rôle.
Il y autant de places de beaux-parents que de familles, puisque chaque entité familiale présente ses propres caractéristiques et ses propres règles. La place du beau-parent doit donc déjà se penser dans le couple, avant de s’inscrire dans la famille.
Comme il fait partie de la famille, sa place peut exister dans les actes du quotidien, dans des responsabilités et actions qu’il sera bon d’expliquer à l’enfant afin qu’il comprenne et intègre ces changements.
La relation avec l’enfant
La relation que le beau-parent va nouer avec l’enfant de son ou sa partenaire est déterminante. Il s’agit alors de pouvoir se parler, communiquer, se faire confiance afin de pouvoir vivre ensemble.
Pour l’enfant, accueillir un beau-parent signe que la rupture entre ses parents est bel et bien réelle et que, contrairement à ce qu’il a pu espérer dans ses fantasmes, ils ne se remettront pas en couple. Bien souvent, le fait que l’enfant accepte ou non le beau-parent permettra de comprendre comment il vit la séparation de ses parents et l’éloignement d’avec son autre parent.
Il est nécessaire de pouvoir entendre et comprendre les conflits de loyauté que peut vivre un enfant dans la relation au beau-parent. En l’autorisant à vivre cette ambivalence d’émotions, on permet à l’enfant de se sentir libéré et plus à même de créer un lien avec le beau-parent.
La place du beau-parent passe aussi par la manière dont il est nommé dans la famille. En fonction de l’âge des enfants, il peut être intéressant de les associer dans le choix de la dénomination.
Si par la suite le nouveau couple a des enfants, un nouvel équilibre devra se chercher, avec la crainte que l’enfant « de l’amour » devienne le préféré. Là encore, il s’agit de parler, de rassurer et d’associer l’enfant du couple séparé afin qu’il puisse lui aussi continuer à trouver sa place dans la famille.
Le ressenti du beau-parent
Mais lors d’une recomposition familiale, ce n’est pas simple non plus pour le beau-parent qui doit parfois faire le deuil d’un certain mode de vie. En effet, parfois, le beau-parent passe d’un statut de célibataire à celui d’un adulte responsable d’enfants qu’il n’a ni vus naître ni élevés.
Il peut également avoir à faire le deuil de sa famille idéale, c’est-à-dire des fantasmes de vivre les mêmes étapes qu’une première famille. Sans en avoir conscience, il peut alors tenter de reproduire son modèle rêvé, ce qui est généralement rendu impossible puisque la recomposition familiale est une réorganisation et non un recommencement.
Avoir conscience de ce qui se joue dans la famille, dans les relations avec l’autre parent, mais aussi dans le nouveau couple est bien souvent nécessaire afin que les places que chacun occupera soient plus claires pour toute la famille.
Lucille Cloarec, psychologue