La mère sociale (c’est-à-dire la mère qui ne porte pas la grossesse au sein d’un couple lesbien) pose souvent question : quel est son rôle ? Comment trouve-t-elle sa place ? A-t-elle la même fonction que la mère qui porte la grossesse ? Voyons ce qu’il en est, notamment durant la grossesse et au moment de la naissance.
La mère sociale
En préambule, disons que cette appellation de « mère sociale » ni très douce, ni très délicate, est pourtant celle utilisée par l’État pour désigner les mères qui ne portent pas la grossesse. Il est donc nécessaire de se familiariser avec ce terme !
Pour débuter, il peut être utile de préciser que les familles, qu’elles soient homoparentales ou non, ont toutes leur fonctionnement propre et que les rôles parentaux ne sont pas répartis de la même manière dans chaque foyer.
Voici néanmoins quelques pistes pour que la mère qui ne porte pas le bébé dans son ventre mais dans son cœur puisse prendre sa place sereinement durant la grossesse et la naissance.
Prendre sa place
Si nous disons « prendre sa place » plutôt que « trouver sa place », ce n’est pas pour rien. La place du coparent est là, à partir du moment où vous avez décidé ensemble de concevoir cet enfant : il suffit de l’occuper ! Personne ne va vous la prendre et il est central de le rappeler. Vous aurez la place que vous décidez, personnellement et au sein de votre couple, d’occuper. Vous avez donc les cartes en main et c’est une très bonne nouvelle !
Pendant la grossesse
Durant la grossesse, la mère sociale peut déjà tisser du lien avec son futur enfant. Pour ce faire, voici plusieurs pratiques que l’on peut toutes adopter ou parmi lesquelles on peut choisir ce qui fera le plus sens pour soi :
- Dialoguer avec sa femme au sujet de ses ressentis, tant physiques que psychologiques, pour se tenir informée de manière régulière.
- Aller dans la mesure du possible à tous les rendez-vous chez le gynécologue ou la sage-femme et aux échographies avec sa compagne.
- Parler régulièrement au bébé in utero, même si cela peut parfois sembler étrange. Vous vous apercevrez que plus la grossesse avance, plus votre enfant sera réactif à votre voix !
- Avec l’accord de votre compagne, proposer des massages doux de son ventre : le soir par exemple, avec une huile hydratante adaptée aux femmes enceintes — un vrai moment de symbiose à trois.
- Participer à des séances d’haptonomie : une méthode par laquelle, par le toucher, le coparent peut entrer en réel contact avec son bébé in utero.
- Participer ensemble aux cours de préparation à l’accouchement et à la parentalité.
La mère qui ne porte pas joue aussi un rôle primordial : elle va devenir le soutien inconditionnel de sa femme et de son futur enfant et, ainsi, déjà amorcer son chemin vers la maternité.
En effet, la grossesse peut être éprouvante sur le plan physique pour celle qui la porte. Il peut donc être bienvenu que sa compagne la soulage des tâches domestiques, puisse gérer les courses ou les repas. Elle peut également l’aider sur le plan psychique, par exemple en prenant les rendez-vous liés à la grossesse, en faisant preuve d’initiative, en étant force de proposition et en trouvant des solutions ensemble aux problématiques qui pourraient se poser.
Au moment de la naissance
L’idéal pour toute personne, mais d’autant plus pour les couples de femmes, c’est d’établir un projet de naissance.
Il ne s’agit pas de coucher sur papier son accouchement rêvé et d’être déçues s’il ne se déroule pas ainsi, mais plutôt d’écrire une liste de souhaits qui, s’ils peuvent être réalisés, vous apporteront bien-être et joie.
Pourquoi est-ce d’autant plus important pour les couples de femmes ? Tout simplement parce que les professionnels de santé ne sont pas encore tous bien formés et informés au sujet des familles homoparentales. Ils peuvent donc ne pas savoir à quel point la mère qui ne porte pas souhaite être impliquée dans la naissance.
Grâce à ce projet de naissance que vous remettrez aux équipes à votre arrivée à la maternité, vous pouvez dire précisément ce que chacune souhaite.
Par exemple, pour la maman qui accouche : avoir de la musique, être dans une salle peu éclairée, accoucher dans la position qu’elle souhaite, avoir ou non la péridurale, faire ou non une tétée d’accueil, etc.
Pour la maman qui n’accouche pas : rester tout au long de la naissance avec sa femme, dormir à la maternité si possible, couper ou non le cordon, faire ou non le premier peau à peau, donner une tétée d’accueil en cas de co-allaitement, etc.
Mais aussi des souhaits pour le bébé : attendre que le cordon ne batte plus pour le couper, ne pas donner de bain dans l’immédiat, faire du peau à peau durant les premières heures de vie, etc.
Ce ne sont que des exemples et les possibilités sont multiples !
D’ailleurs, la mère sociale peut se positionner en vraie garante des choix de sa femme. Si cette dernière est trop prise par la douleur pour exposer clairement ce qu’elle souhaite ou non, sa compagne pourra le faire pour elle, en s’appuyant sur ce projet. Bien sûr, lorsque la situation l’oblige, notamment en cas d’urgence pour la mère qui accouche ou l’enfant, il faudra savoir se mettre en retrait et laisser les équipes gérer.
Pour vous assurer de bien signifier votre rôle de coparent aux équipes médicales, n’hésitez pas à vous présenter aux professionnels que vous rencontrerez tout au long de la naissance. Dites-leur tout de suite que vous êtes les deux mamans de cet enfant : ainsi, pas de malaise pour l’équipe qui saura directement à quoi s’en tenir et ne vous prendra pas pour une sœur, une amie ou une cousine !
Ensuite, il ne vous restera plus qu’à savourer ces moments qui changeront votre vie pour toujours et à faire équipe pour permettre à votre enfant de naître dans une petite bulle de bonheur. Belle rencontre à vous !
Léa Cayrol – Autrice sur l’homoparentalité, cofondatrice du collectif Familles