L’éducation à la sexualité est un processus. Dès le plus jeune âge, l’enfant se pose des questions sur son corps et ses différences avec l’autre sexe. Il observe que son sexe est différent de celui d’autres enfants qu’il côtoie (dans sa fratrie, à la crèche, dans l’entourage familial) et cette curiosité naturelle fait partie de son développement et de la construction de son identité. Plus tard, viendront d’autres questionnements et préoccupations auxquels il vous faudra répondre de manière adaptée. Alors comment parler sereinement de sexualité avec son enfant ?

L’éducation à la sexualité, pour quoi faire ?

Parler de sexualité avec son enfant ne se limite pas à la reproduction. C’est d’abord et avant toute chose lui parler de son corps, pour l’aider à mieux se connaître et à construire une image positive de lui-même. 

C’est un préalable nécessaire avant d’aborder d’autres sujets qui touchent à l’hygiène, la santé, le respect (de soi et de l’autre), ses propres limites, celles des autres, le consentement, ou encore les a priori sociétaux liés au genre. La notion de consentement et de limites peut s’exercer dans de nombreuses activités du quotidien, même auprès du jeune enfant, sans pour autant parler de sexualité. 

Un enfant doit apprendre dès son plus jeune âge que lorsqu’une activité met en jeu le corps de l’autre (chahuter, se chatouiller, se bagarrer, faire un bisou – même pour dire bonjour ou dire pardon –, etc.), il doit entendre et respecter le « non ». À l’inverse, il a le droit d’être entendu si c’est lui qui ne veut pas. L’enfant apprend ainsi à écouter ses limites, à les faire respecter et à respecter celles de l’autre même lorsque celles-ci sont différentes des siennes.

Les questionnements de l’enfant au sujet de la sexualité

À partir de 5 ans, l’enfant cherche à mieux comprendre les conditions qui entourent sa naissance. Le classique « Comment fait-on les bébés ? » prend pourtant au dépourvu un grand nombre de parents, plus ou moins à l’aise pour parler de sexualité. 

Ses questionnements peuvent également porter sur des choses qu’il a vues, entendues ou vécues. Il ne suffit donc pas d’en avoir parlé une seule fois : à chaque âge, il est important de répondre aux préoccupations de l’instant et d’accompagner leur évolution dans le temps. 

La vie quotidienne offre de nombreuses occasions d’aborder la sexualité : le change d’une petite sœur, les baisers échangés entre les parents, les modifications corporelles au moment de la puberté, les premières relations amoureuses… 

Le sens des mots

Nous sommes parfois mal à l’aise pour parler de sexualité, a fortiori avec nos enfants. Essayez de vous souvenir des informations que vous avez reçues lorsque vous étiez enfant et des anecdotes qui ont pu vous être rapportées. Qu’est-ce qui vous a aidé·e ? Qu’est-ce que vous auriez aimé voir fait autrement ? 

Si une question de votre enfant vous prend au dépourvu, il peut être utile de lui dire que vous avez besoin d’un peu de temps pour lui répondre.

Il est également préférable d’utiliser les mots justes : pénis, vulve, vagin ne sont pas des mots honteux, mais des parties du corps. « Cacher » leur nom et les substituer par « minette » ou autre « kiki » induit chez l’enfant que ce sont des mots que l’on ne doit pas prononcer, et naturellement le met mal à l’aise pour les évoquer.

De la même façon, les comportements sexuels de l’enfant ne doivent pas être diabolisés. En tant qu’adulte, vous pouvez trouver inconvenant que votre enfant se masturbe dans la pièce de vie. Il est important de comprendre d’abord la situation à la hauteur des possibilités de votre enfant : que cherche-t-il lorsqu’il se caresse ? Très souvent, il s’agit de s’explorer, se découvrir ou se rassurer, mais en aucun cas de désir ou de séduction. 

Une information adaptée à l’âge de l’enfant 

Qu’il s’agisse de répondre à une question de votre enfant ou d’anticiper un changement à venir (comme l’arrivée des premières règles), un bon moyen de vous adapter à ce que votre enfant est prêt à recevoir est de le questionner d’abord : « Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? Qu’as-tu compris à propos de cela ? »

Cela vous permettra d’adapter votre vocabulaire et vos réponses en fonction de ce qu’il sait déjà ou croit savoir. Privilégiez des réponses plutôt courtes, qui permettent à votre enfant de poser d’autres questions s’il en a besoin. 

Par exemple, à la question « Comment fait-on les bébés ? », vous pouvez répondre que les hommes et les femmes ont chacun, dans leur corps, des gamètes (une sorte de graine). Lorsqu’on les fait se rencontrer, cela devient un bébé. Si l’enfant questionne, on peut compléter par le fait que cela arrive au moment d’un câlin entre deux adultes, et que c’est le pénis de l’homme qui conduit l’un des gamètes à l’autre. 

S’il ne le demande pas, alors c’est souvent signe qu’il n’est pas encore prêt à se questionner aussi loin. Il est toutefois important de parler des sentiments : cela participe à la construction de la notion du consentement à la relation sexuelle

Il est conseillé de ne pas négliger de parler des règles aux enfants dès le CM2. Il est en effet important que les jeunes filles comprennent alors ce qui leur arrivera dans quelques mois ou années, et que les jeunes garçons adoptent à leur égard une conduite bienveillante. C’est l’occasion d’aborder également les modifications qui surviennent chez les garçons. 

Protéger nos enfants des dangers d’Internet

Il est démontré que des enfants informés sont des enfants qui savent généralement mieux se protéger : c’est vrai aussi en matière de sexualité.

Internet est une source importante de danger : 

– d’une part par l’accès à du contenu pornographique, qui conduit l’enfant à se construire une image falsifiée de la sexualité et des sentiments amoureux ;

– d’autre part par la présence de personnes malveillantes sur les réseaux sociaux.

Il est donc recommandé de limiter l’accès à l’ordinateur, aux tablettes et aux smartphones à la pièce de vie de la maison, afin que vous puissiez plus aisément surveiller la navigation Internet de votre enfant. 

Si vous regardez vous-même des contenus pour adultes, pensez à supprimer l’historique de navigation afin que votre enfant n’y accède pas par erreur. 

Rappelez régulièrement à votre enfant que, sur Internet, il ne doit jamais transmettre d’informations personnelles comme son nom, son prénom, son âge, son adresse ou celle de son école, son numéro de téléphone, un mot de passe – même si celui qui le lui demande prétend être un ami. 

Vous pouvez aussi lui recommander de ne pas accepter de nouvel « ami » à sa liste de contacts sans avoir vérifié avec vous le profil de cet ami, ou encore de n’accepter que ceux qu’il connaît dans la « vie réelle ».

Enfin, rappelez-lui régulièrement que tout ce qu’il poste sur les réseaux sociaux y reste, même s’il le supprime, et qu’il est fortement déconseillé de partager des photos, de lui comme de personnes qu’il connaît.

Un espace d’écoute et de dialogue

Éduquer votre enfant à la sexualité lui permet notamment d’apprendre à repérer des comportements déviants ou malveillants à son égard. Il est important que votre enfant sache qu’il dispose d’un espace où sa parole est considérée et entendue, pour dire ce qui l’aura mis mal à l’aise ou effrayé. 

Il est indispensable pour cela de consacrer quotidiennement un moment à l’écouter parler de ses activités. Évitez l’interrogatoire à propos du menu de la cantine ou du déroulement de la récré – privilégiez plutôt le dialogue autour des sujets qu’il initie. En effet, si votre enfant vous sait disponible pour écouter ses humeurs et petits tracas, il lui sera plus facile de vous parler de choses qui le préoccupent.  

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