Pourquoi parle-t-on d’alimentation émotionnelle ?
Le fait de manger a pour fonction première de fournir à notre corps les nutriments, vitamines et minéraux dont il a besoin pour son fonctionnement (respirer, marcher, penser…).
Dès la naissance, nos sens sont programmés pour nous maintenir en vie via l’alimentation, permettant ainsi de conserver un équilibre global du corps appelé homéostasie.
Les nourrissons se réveillent toutes les deux ou trois heures pour manger et, une fois repus, se rendorment.
Les enfants se régulent grâce au « pondérostat » (le thermostat du poids). Quand ils n’ont plus faim, ils s’arrêtent de manger, même si nous leur présentons un dessert qu’ils adorent – ou bien, s’ils mangent plus à un repas, ils vont naturellement réduire les quantités au repas suivant.
Les choses se compliquent quand nous avançons en âge, car l’alimentation peut prendre une nouvelle place de choix dans la gestion de nos émotions.
En effet, lorsqu’une émotion telle que la peur, l’angoisse, la tristesse ou la colère nous submerge, nous mangeons pour « cacher » le problème et nous procurer du réconfort avec un plaisir immédiat.
Une partie de l’explication est physiologique : certaines émotions vont solliciter plus que de raison des organes comme le cœur ou le cerveau, qui ont besoin d’une énergie facile à consommer (comme les glucides) pour fonctionner.
Si cette réaction est ponctuelle, pas de problème. Mais cela peut devenir gênant lorsque cette compensation devient chronique.
Cette « faim émotionnelle » (c’est-à-dire dictée par nos émotions) peut nous conduire à manger au-delà de nos besoins, et des aliments de moins bonne qualité. En effet, il est rare que la faim émotionnelle nous pousse à manger des asperges ou une salade d’endives !
Comment reconnaître la faim émotionnelle et la distinguer de la faim physiologique ?
Pour commencer, vous pouvez vous demander à quel moment de la journée elle intervient. S’il est 11h30, il est probable que votre petit déjeuner ait été un peu trop léger et que vous commenciez à avoir réellement faim. Dans ce cas, soyez à l’écoute de cet appel et prenez votre déjeuner plus tôt que prévu.
Lorsque cette faim apparaît, essayez de boire un grand verre d’eau ou une boisson chaude et patientez quelques instants. Si cela ne suffit pas, vous pouvez manger un yaourt ou un fruit frais et attendre de voir si cela vous calme. Si rien ne fonctionne, il s’agit probablement d’une faim émotionnelle.
Dans ce cas, il est intéressant de vous poser la question du contexte :
- Est-ce que vous vous ennuyez ?
- Est-ce qu’une tâche à rendre ou un événement qui arrive vous stresse ?
- Est-ce qu’un proche vous contrarie ?
Il est très important d’identifier l’émotion qui domine pour pouvoir ensuite agir de manière cohérente.
Si vous avez « oublié » ce que l’on ressent lorsque l’on a faim, vous pouvez réaliser un exercice, un jour où vous êtes tranquille. Au lever, ne prenez pas de petit déjeuner et attendez de ressentir les premiers signaux de faim (ventre qui gargouille, maux de tête, fatigue ou perte de concentration), même si cela vous emmène jusqu’au milieu de l’après-midi. Après avoir mangé, vous réaliserez vite que la sensation éprouvée n’est pas du tout la même que lorsque l’on mange de façon émotionnelle.
Comment éviter la faim émotionnelle ?
Lorsque vos émotions vous guident, vous comblez un vide grâce à la nourriture. Mais malheureusement, même si vous ressentez un réconfort ou un plaisir immédiat, le problème de fond restera inchangé. Et ce cercle infernal peut vous faire éprouver de la culpabilité, ce qui aggravera votre émotion négative.
La première étape est de réussir à identifier la cause :
- Votre vie personnelle ou professionnelle est-elle épanouissante ?
- Avez-vous des situations de stress à gérer ?
- Pendant votre enfance, vos parents avaient-ils l’habitude de vous réconforter ou de vous féliciter avec une sucrerie ?
Tout ceci, et d’autres raisons encore, peuvent nous pousser vers cette alimentation émotionnelle.
Une fois la cause ou l’émotion identifiée, essayez de trouver des parades – par exemple en listant les activités qui vous occupent l’esprit quand l’ennui se présente :
- faire un coloriage ;
- écouter de la musique ;
- faire 10 minutes de méditation ;
- écouter un podcast ;
- sortir marcher ;
- faire une course…
S’il s’agit d’un manque affectif, chouchoutez-vous ! Vous pouvez prendre un bain, allumer des bougies, vous masser la voûte plantaire ou les mains, repenser à un moment heureux des derniers jours…
Si vous êtes en colère, n’hésitez pas à crier, à sortir faire un tour, à taper dans un coussin pour évacuer ces émotions. Il existe de multiples solutions faciles à mettre en œuvre.
Parfois, il peut être nécessaire d’entamer une thérapie pour traiter un problème plus profond. Psychothérapie, sophrologie, hypnose… Plusieurs disciplines paramédicales peuvent vous aider.
Au-delà de ces conseils et informations clés, le sujet est vaste et complexe car il relève de domaines scientifiques divers tels que la psychologie, la physiologie, les relations et interactions sociales… De nombreux ouvrages approfondissent ce sujet – n’hésitez pas à aller plus loin si vous en ressentez le besoin.