Un véritable tsunami émotionnel

Vous venez d’accueillir votre nouveau-né, cela fait des mois que vous attendez ce moment, cette rencontre inoubliable… Que de bonheur ! Mais aujourd’hui, votre bébé tout près de vous, la réalité peut être bien différente. Vous passez d’une immense joie à une grande tristesse, vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur et tout cela est tout à fait normal.

Qu’est-ce que le post-partum ?

Prenons d’abord le temps de définir ce qu’est le « post-partum ».

Il s’agit d’une « période qui succède à l’accouchement et durant laquelle l’organisme maternel, modifié par la grossesse et l’accouchement, subit des changements destinés à le ramener à l’état normal ». Le terme de « retour à la normale » se comprend ici en opposition à la période extraordinaire où l’on porte la vie.

Physiquement, les hormones qui ont accompagné votre grossesse et qui vous permettaient d’avoir de beaux cheveux et une jolie peau vont voir leur taux chuter de façon très rapide après l’accouchement.

L’élasticité de la peau va se relâcher, et d’une manière générale tous les tissus vont subir ce relâchement. La grande sollicitation du périnée va participer à cette sensation très désagréable de ne pas retrouver son corps d’avant. Il va falloir se réapproprier son corps et accepter que les choses puissent prendre du temps – toutes les femmes ne quittent pas la maternité avec leurs vêtements en taille 38 !

La fin de grossesse et l’accouchement

La fin de grossesse est parfois éprouvante : difficultés à se mobiliser, essoufflement, insomnies… La fatigue s’accumule donc ainsi jusqu’à la naissance.

Vient enfin le moment de donner naissance, cet acte qui va énormément solliciter toutes vos énergies, tout votre corps, même si tout se passe parfaitement. Et si les conditions ne sont pas idéales (césarienne, déclenchement et travail très long, épisiotomie, vécu difficile, etc.), vous allez devoir faire face à un énorme challenge émotionnel, qui peut parfois même être traumatique.

Il n’est pas toujours facile de pouvoir l’exprimer, de pouvoir mettre des mots sur ces moments qui ont pu être difficiles. C’est pourtant essentiel pour vous et pour faciliter la relation entre vous et votre bébé.

La réalité du post-partum

Alors voilà le post-partum : vous êtes en plein dedans, dans un nuage émotionnel intense et une fatigue qui s’est accumulée. Un tout petit être est entièrement dépendant de vous et demande toute votre attention – mais vous n’avez pas encore le « mode d’emploi » pour comprendre et satisfaire tous ses besoins.

Vous vous découvrez soudain « maman », un tout nouveau rôle extraordinaire, fondamental et déroutant, et vous faites parfois face à vos propres contradictions entre ce que vous aviez imaginé et la réalité de votre quotidien.

Vous allez probablement recevoir beaucoup de conseils. Ceux-ci partiront de bonnes intentions mais ils peuvent aussi vous perturber, car ils seront parfois contradictoires entre eux ou en opposition avec ce que vous dit votre intuition.

Dans de nombreuses cultures, la femme est entourée, choyée et exemptée des tâches du quotidien pour se concentrer uniquement sur son bébé et pouvoir récupérer de cette période intense.

Mais en Occident d’une manière générale, la maman reprend vite les tâches quotidiennes, avec bien souvent le spectre de la reprise du travail proche et des injonctions de la société : retrouver rapidement son corps d’avant, ne pas se laisser aller, retrouver vite une intimité sexuelle

Prendre le temps d’une douche ou même de manger tranquillement relèvera parfois du défi ! Soyez donc indulgentes avec vous-même…

Combien de temps dure le post-partum ?

Dans la définition classique, on nous parle de six à huit semaines. Mais de nombreuses expériences et vécus de mère nous parlent d’un temps bien plus long, parfois plusieurs mois, voire plusieurs années.

Et s’il n’existait pas de durée définie ? Chaque femme, chaque mère, chaque histoire est unique…

Nous sommes des mammifères, au sens le plus noble du terme. En tant que tels, l’une de nos premières priorités est la préservation de notre espèce. Tous nos instincts nous guident donc vers la mission essentielle qui est celle de répondre aux besoins de notre bébé.

Vous pouvez alors vous sentir débordée, rencontrer des difficultés à vous concentrer. Certaines choses vont vous demander plus d’énergie qu’avant car vous êtes désormais concentrée sur votre bébé. C’est que vos priorités ont changé : tout ce qui n’est pas votre enfant devient secondaire.

Alors comment vivre les choses au mieux ?

Avant l’arrivée du bébé, essayez de vous préparer autant que possible : réfléchissez à ce qui est important pour vous et votre nouveau-né, pensez à ses besoins essentiels.

Tâchez de lister les personnes « ressources » qui pourront vous aider (en préparant des plats à l’avance, en s’occupant des aînés, en aidant avec un brin de ménage, en faisant les courses…).

Communiquez beaucoup avec votre partenaire, car c’est une période de transition où chaque membre de la famille doit réinventer son rôle.

Avec vos parents (ou vos beaux-parents), vous rencontrerez peut-être des difficultés à communiquer, des incompréhensions, un écart de génération. Chacun doit trouver sa nouvelle place… Eux aussi ont changé de rôle, ils sont passés de parents à grands-parents !

Ne restez pas seule, prenez soin de vous et rappelez-vous que vous aidez un petit humain à se construire : vous êtes en train de réaliser un job incroyable !

Entourez-vous de personnes bienveillantes, mais aussi de professionnels compétents et en accord avec vos valeurs : consultante en lactation pour vous aider aux débuts de l’allaitement, psychologues en périnatalité, sages-femmes.

Et si le post-partum, avec ses difficultés, avec ses joies aussi, vous permettait de vous reconnecter à vos besoins, à vos envies, à vos essentiels ? S’il s’agissait d’une parenthèse pour vous satisfaire de grands et de petits bonheurs quotidiens tout simples ?

Pour en apprendre davantage sur le sujet :

  • « Bien vivre le quatrième trimestre de grossesse au naturel » de Julia Simon
  • « Le mois d’or » de Charlotte Chadelat  et Marie-Mahé Poulain.

Sonia ALIANE
Infirmière
Consultante en lactation

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