La reprise du travail après la naissance d’un enfant est souvent source de questionnements qui apparaissent dès la grossesse. Les mères, les couples se demandent en effet comment ils pourront s’organiser après la naissance du bébé et comment ils pourront harmonieusement concilier les différents « chapitres » de leur nouvelle vie. C’est comme si la grossesse puis la rencontre avec un enfant étaient l’occasion de s’interroger sur nos priorités, sur nos envies, sur nos choix de vie.
Anticiper la reprise du travail
Reprendre le travail peut être source de stress car il y a de nombreux facteurs que nous ne maîtrisons pas. La difficulté à trouver une place en crèche, le très court congé maternité ou d’éventuelles difficultés financières empêchent parfois de choisir la solution souhaitée.
La reprise du travail est donc à anticiper, à penser à deux, mais il faut aussi prendre en compte les facteurs qui n’apparaîtront qu’après la naissance de l’enfant. Certaines mères pensaient en effet vouloir prendre un congé très long et se sont finalement rendu compte qu’elles avaient besoin de retrouver plus rapidement leur travail et leur vie sociale. Certains pères s’autorisent à prendre un congé parental alors qu’ils ne pensaient absolument pas cela pertinent et possible pendant la grossesse.
Tant que la rencontre avec le bébé n’a pas eu lieu et que l’expérience des premiers temps avec son enfant n’a pas été vécue, il est difficile de savoir ce dont on a envie, et de quelle manière on a envie d’imbriquer sa vie de famille à sa vie sociale et professionnelle. Or, les démarches liées au mode de garde s’anticipent. N’hésitez pas à faire toutes ces démarches bien avant la naissance afin d’avoir le maximum de choix possibles, puis de vous recentrer sur vos options et sur vos souhaits.
Se renseigner sur le congé paternité
Depuis le 1er juillet 2021, les coparents bénéficient d’un congé paternité de 25 jours pour la naissance d’un enfant (ou de 32 jours dans le cas de naissances multiples). Il doit débuter immédiatement après le congé de naissance de trois jours payé normalement par l’employeur. Mais il est possible de prendre ce congé en une ou plusieurs fois. Sa durée peut être décomposée en deux périodes :
- Une première période obligatoire de quatre jours qui doit débuter après le congé de naissance de trois jours et durant laquelle il est interdit de travailler ;
- Une seconde période de 21 jours, non obligatoire, qui doit débuter dans un délai de six mois à compter de la naissance de l’enfant.
Il est très fréquent que les coparents prennent ce congé en entier dès la naissance pour prendre leurs marques à trois rapidement.
S’organiser pour reprendre le travail sereinement
La reprise du travail pour les coparents est souvent difficile : il a pu s’agir d’une jolie parenthèse, et quitter son bébé et sa compagne le matin peut être vécu comme un déchirement. À cela s’ajoutent la fatigue qui s’est accumulée et la culpabilité de laisser sa compagne seule. N’hésitez pas, encore une fois, à anticiper : pourquoi ne pas faire venir de la famille à ce moment-là ? Reprendre en douceur ou en télétravail peut aussi aider les coparents à reprendre plus facilement le travail après le chamboulement lié à la grossesse, l’accouchement et le retour à domicile avec le bébé.
En ce qui concerne les mères, la plupart trouvent difficile de laisser leur bébé dès dix semaines alors qu’elles sont encore dans une phase de fusion avec lui. En effet, le bébé est à cet âge-là dans une phase de dépendance importante, ne fait peut-être pas encore ses nuits et le rythme est alors très compliqué à trouver. Certains couples peuvent s’organiser pour reprendre plus tardivement le travail, mais là encore il n’y a pas de règles. Il faut s’autoriser à ne pas faire comme tout le monde : l’essentiel est de faire ce qui est juste pour vous et ce qui sera le plus adapté pour votre bébé.
Même si l’on a réussi à opter pour une reprise du travail au moment où cela nous convient, un stress peut survenir pendant les quelques jours précédant le retour au bureau. C’est absolument normal et il est nécessaire, là encore, d’anticiper et de penser à cette reprise. Peut-elle se faire en douceur ? En milieu de semaine ? Avec des horaires allégés les premiers jours ? En télétravail ? Avec la possibilité que le coparent prenne des congés payés au moment de la reprise de sa compagne ?
Il est également important de respecter les périodes d’adaptation proposées par les modes de garde collectifs ou par les assistantes maternelles. Cela permet de se sentir progressivement en confiance avec l’équipe ou la personne qui gardera votre enfant, et cela vous permettra aussi de vous séparer de manière plus douce. Profitez de ces petites séparations pour prendre du temps pour vous avant de reprendre le travail, car le rythme sera forcément plus chargé. Parlez également de ce qui va se passer à votre bébé. Selon son âge, il ne comprendra pas forcément le sens des mots, mais il entendra votre intention : vous l’aimez, vous viendrez toujours le chercher, vous ne l’abandonnez pas.
Quelques conseils pour faciliter le changement de rythme
La reprise du travail est bien souvent une période de réadaptation pour toute la famille. Le rythme pris va forcément devoir changer en termes d’horaires et de logistique. N’hésitez pas à demander de l’aide, à penser à qui peut vous seconder car seul(e), vous ne pourrez pas tout faire.
Nous sommes à une époque où nous nous sentons dans l’obligation d’être performants sur tous les fronts. Or, c’est impossible. Vous ne pourrez pas être partout, et si vous culpabilisez et pensez à votre bébé pendant vos réunions ou si vous pensez à votre prochain point téléphonique lorsque vous baignez votre bébé, vous ne serez finalement nulle part. Compartimentez, priorisez, hiérarchisez et déléguez (mais sans critiquer !).
La communication est encore une fois la clé. Définissez vos rôles, les tâches que vous pensez pouvoir faire, le rythme que vous pensez pouvoir prendre. Cela évitera la culpabilité, les rancunes et la sensation de charge mentale si l’un des deux parents a l’impression de tout porter. Un bébé s’élève à deux, mais n’oubliez pas votre « village » qui sera sûrement ravi de vous prêter main forte dans les premiers temps.
Lucille CLOAREC
Psychologue clinicienne
Saint Cloud