Communiquer, ce n’est pas parler, mais échanger. Le langage en tant qu’outil de communication se construit chez l’enfant au travers des interactions sociales quotidiennes et répétées qu’il nourrit avec son entourage, et de l’environnement linguistique dans lequel il baigne.

Parler

Parlez avec votre enfant. Dès la naissance, régulièrement. Cela lui permet de s’imprégner de la rythmicité de la langue, des sons. Parlez-lui lorsqu’il vous remarque ou vous sourit, pour lui faire savoir que vous avez perçu son intention d’entrer en relation. Parlez-lui lorsque vous le changez, le baignez, l’habillez, ou lorsque vous êtes l’un contre l’autre par exemple.

Les premières semaines, il arrive aux parents de se sentir gênés, de ne pas savoir quoi dire à leur bébé. Dans ce cas, essayez de décrire tout simplement ce que vous faites. S’il pleure de fatigue, vous pouvez lui dire « J’ai compris que tu es fatigué, je te change avant de te coucher, voilà, tu es tout propre pour dormir maintenant ».

Autour d’un an – et de plus en plus à mesure que l’enfant grandit – vous pouvez aussi commenter ce qu’il fait ou la façon dont il le fait : « Tu sembles bien aimer ce camion bleu, c’est vrai qu’il roule bien ! ». Cela lui permet d’accéder à la prononciation exacte, à des adjectifs qui enrichissent son champ lexical, et surtout, de mesurer que ce qu’il dit a pour vous de l’intérêt, ce qui l’encourage à continuer.

Par ailleurs, en montrant de l’intérêt aux activités de votre enfant, vous renforcez son estime de soi et accroissez sa motivation à échanger à propos de celles-ci.

Écouter

La première année de vie, accompagner le langage, c’est entrer dans la réciprocité avec votre bébé en accordant de l’importance à ses signes de communication. Ses pleurs, ses vocalises, ses sourires, ses regards appellent une réponse de votre part, une manifestation que vous avez compris que votre enfant vous « appelle », même si vous ne comprenez pas précisément ce qu’il essaie de vous dire. « J’ai compris que tu essaies de me dire quelque chose » est déjà un excellent début.

La réciprocité des échanges s’exerce aussi lorsque vous répétez le son que produit votre bébé, répondez à ses sourires, cherchez à accrocher son regard lorsque vous vous occupez de lui, et lui parlez.

Laissez-lui le temps de s’exprimer, par ses premières vocalises, puis ses premiers mots hésitants, ses premières phrases balbutiantes. Écoutez-le attentivement, encouragez-le à poursuivre en lui posant des questions, qui stimuleront à la fois sa réflexion et sa créativité.

En écoutant votre enfant, vous lui donnez l’occasion de s’exprimer sur un sujet qui l’intéresse, ce qui accroît sa motivation.

Montrer

Nommez ce qui vous entoure ou ce que vous voyez dans un imagier, en désignant l’objet, la personne ou l’animal que vous nommez pour attirer l’attention de votre enfant dessus.

De la même façon, la communication gestuelle associée à la parole (issue de la langue des signes française et simplifiée pour le bébé) est souvent un excellent moyen de soutenir l’acquisition des précurseurs du langage.

Certains parents ont peur que le fait d’utiliser la communication gestuelle retarde l’entrée dans le langage verbal. Pourtant, cet outil est largement utilisé en établissement d’accueil du jeune enfant. Avec un recul de 10-15 ans, on observe au contraire que l’enfant entre souvent plus rapidement dans le langage.

En effet, le vocabulaire des signes étant plutôt restreint (autour des activités, personnes et objets les plus familiers, sans conjugaison ni syntaxe), l’enfant comprend bien l’intérêt de se faire comprendre et évite ainsi la frustration que génère le fait d’être incompris !

Lire et chanter

Lisez des albums à votre enfant, racontez-lui des histoires qui stimulent son imagination et développent son vocabulaire. Commentez avec lui les photos d’un album, décrivez les paysages de votre promenade. Chantez ensemble des comptines gestuelles, le corps ayant son langage qui soutient le développement du langage verbal. Plus grand, vous pouvez inventer des jeux de mots, des devinettes, jouer avec les expressions : cela permet de développer un langage plus subtil.

La lecture, la comptine et les jeux de mots ont cet avantage d’ouvrir l’enfant à un vocabulaire souvent différent de celui couramment utilisé à la maison, et donc d’élargir son champ lexical.

Les tablettes éducatives, bonne ou mauvaise idée ?

De nombreuses applications sont conçues spécialement pour les jeunes enfants et présentées comme une bonne occasion de permettre à l’enfant d’étayer son vocabulaire. Pourtant, c’est tout le contraire !

Les études démontrent que l’écran happe toute la concentration de l’enfant. Sa présentation en 2 dimensions (par rapport à une vie réelle en 3 dimensions) mobilise bien plus de concentration qu’il n’est habituellement capable de donner, ne serait-ce que pour traiter l’image, de sorte qu’il n’est plus capable de mobiliser son attention dans une quelconque tâche éducative.

Avant 3 ans, le cerveau de l’enfant n’est pas prêt à gérer l’information qui lui parvient par un support numérique (écran de télévision, smartphone, tablette) et ne devrait pas y être exposé.

La qualité plus que la quantité

C’est bien connu, celui qui ne cesse de parler prend le risque de n’être plus entendu, ni écouté. Pour conclure, essayez donc de privilégier la qualité des interactions verbales à leur quantité : sachez aménager des temps de silence, d’observation, de contacts physiques, qui sont riches d’autres apprentissages tout aussi nécessaires que le développement du langage verbal.

Michèle Prados, infirmière puéricultrice

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