Les comportements à risque des adolescents préoccupent de nombreux parents, éducateurs et professionnels de santé. Mais cela comment savoir si mon adolescent a un comportement à risque ? Comment expliquer ces comportements ? Et surtout, comment réagir à cette situation en tant que parent ? Dans cet article, nous vous aidons à mieux comprendre et gérer ce phénomène complexe.

«Mon Ado à comportement à risque », qu’est-ce que ça veut dire ? 

Définition d’un comportement à risque

Selon l’anthropologue David Le Breton, une conduite à risque se définit par une « exposition délibérée au danger de se blesser, de mourir, d’altérer son avenir ou de mettre sa santé en péril ». 

Ces conduites peuvent prendre plusieurs formes et se distinguent par divers critères :

  • Risques immédiats ou risques différés
  • Conduites visibles et bruyantes ou comportements dissimulés
  • Excès, répétition, refus des règles ou fuite
  • Comportements socialement inacceptables ou pratiques valorisées (sports extrêmes par exemple)

Diversité des comportements à risque

Les conduites à risque s’expriment dans des domaines variés :

  • Accidents de la route : vitesse excessive, non-respect des règles de sécurité
  • Consommation de substances psycho-actives : alcoolisation massive (« binge-drinking »), usage de drogues (tabac, cannabis…)
  • Automutilation : scarifications, brûlures
  • Conduites sexuelles à risque : rapports non protégés (grossesse, infections sexuellement transmissibles)
  • Troubles des conduites alimentaires (TCA)
  • Tentatives de suicide  

Certains adolescents défient la mort en prenant des risques extrêmes (rouler à contresens en vélo, par exemple) : c’est ce que l’on appelle des « comportements ordaliques ». Le but est de tester leurs limites et de se prouver qu’ils peuvent survivre à ces situations périlleuses. Ces actions sont souvent associées à un sentiment d’impunité ou d’invincibilité.

Le genre influence les comportements à risque

Les garçons et les filles expriment souvent ces comportements de manière différente. En général, les garçons ont tendance à adopter des attitudes plus extraverties et transgressives, tandis que les filles, bien que tout aussi concernées, optent plus souvent pour des comportements auto-destructeurs comme les scarifications.

Combien d’adolescents sont concernés par les comportements à risque ?

Voici quelques données clés :

  • 15 % des adolescents interrogés dans le cadre du Baromètre Santé Jeunes admettent avoir pris un risque dans le mois précédant l’enquête.
  • 1 adolescent sur 5 a subi un accident nécessitant des soins médicaux dans les 12 mois précédant l’enquête.
  • Les urgences reçoivent majoritairement des adolescents pour des accidents traumatiques, notamment pour la tranche 12-18 ans où ces incidents représentent près de ⅔ des passages. Pire,  d’entre eux subira un nouvel accident dans l’année.
  • Chaque année, près de 50 000 accidents sont recensés dans le cadre de la pratique sportive chez les adolescents.
  • Les accidents sont la première cause de mortalité et de morbidité chez les jeunes à cet âge.

Les clés pour comprendre les comportements à risque chez l’adolescent 

Les neurosciences

Les recherches en imagerie cérébrale (IRM) montrent un décalage entre la maturation des zones émotionnelles (système limbique) et celles du cortex préfrontal, responsable de la planification et du jugement. Ce décalage explique l’impulsivité des adolescents, pour qui « l’émotion prime sur la raison ». L’évolution des hormones jouent également beaucoup sur la psyché des pré-adolescents (au delà de l’évolution corporelle).

Maturation cerebrale

Un besoin d’exploration

Découvrir le monde par soi-même, c’est essentiel pour un adolescent ! C’est une phase où il cherche à s’affirmer, à se différencier des autres, et surtout de ses parents. Fini le temps où il suivait leurs conseils à la lettre, il veut désormais faire ses propres expériences. Cela peut parfois passer par des essais et des erreurs, mais c’est comme cela qu’il apprend. L’ado est en quête de sensations fortes, de récompenses immédiates. Il veut montrer qu’il est capable de prendre ses propres décisions. 

Les amis

Le groupe d’amis, c’est un nouvel ancrage puissant pour un ado ! Pour se faire accepter et reconnaître en dehors de sa famille, il peut se lancer dans des défis ou des comportements à risque, afin de prouver qu’il est à la hauteur. 

Devant ses amis, il teste ses limites et peut même partager ses exploits sur les réseaux sociaux. Parfois, cela ressemble un peu à des « rites de passage » improvisés, où chacun cherche à montrer qu’il fait partie du groupe. Cela peut le pousser à en faire un peu trop, juste pour s’assurer qu’il compte aux yeux des autres. 

En pratique, comment réagir en tant que parent ?

La prise de risque fait partie de l’adolescence

Les psychiatres aiment expliquer aux parents qu’ « il n’y a pas d’adolescence sans prise de risque ». Pour un ado, ces comportements, c’est avant tout une quête de plaisir, d’aventure, et un besoin de repousser ses limites. Il veut tester, explorer le monde qui l’entoure. 

Ces comportements, bien que préoccupants, font partie du processus de développement identitaire des jeunes. Stigmatiser son adolescent ou lui imposer uniquement des mesures de sécurité ne l’aide pas vraiment à comprendre ce qu’il cherche à accomplir en prenant des risques : bouleverser la routine, s’affirmer dans sa nouvelle identité et, parfois, bricoler son propre passage vers l’âge adulte.  

Laisser un ado vivre ses propres expériences est essentiel, tout comme reconnaître que les sensations fortes lui procurent un vrai plaisir. Ignorer ou minimiser ces prises de risque sous prétexte que c’est « l’âge bête » coupe la communication. 

Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il faut passer sous silence les comportements dangereux. Il est important de distinguer les conduites d’exploration normales chez les ados des comportements d’auto-sabotage, qui cachent souvent une souffrance plus profonde (dépression ou troubles psychologiques par exemple). Une approche compréhensive est donc cruciale pour les accompagner dans cette période charnière de leur vie. 

Comment accompagner son adolescent ? 


Au-delà de leur envie légitime de s’émanciper, les adolescents ont besoin de repères clairs. Ils cherchent à savoir jusqu’où ils peuvent aller, tout en ayant besoin des limites posées par les parents. 
Voici quelques clés pour naviguer dans cette période délicate :

  • Fixer des limites claires et non négociables : Posez calmement des repères et faites comprendre à votre ado que vous interviendrez si sa sécurité est en jeu. Ne vous sentez pas coupable d’adopter un ton ferme si nécessaire : votre rôle parental est crucial. Ces limites doivent être justifiées, fondées sur des notions comme la sécurité, la loi ou le respect d’autrui. Votre enfant a besoin d’un cadre, pour pouvoir gagner en autonomie au sein de ces règles. 
  • Être sur la même longueur d’onde : Il est important que les deux parents soient alignés sur les règles et les décisions prises, pour éviter toute confusion ou tentation de « jouer » avec les deux figures parentales.
  • Ne pas se laisser emporter : Ne vous laissez pas séduire par l’image idéalisée de la jeunesse insouciante, ni par la nostalgie de votre propre adolescence. À l’inverse, évitez de réagir de manière trop stricte ou sécuritaire, sauf si cela est vraiment justifié.

Les comportements à risque qui se répètent, l’escalade dans le danger ou la pression d’un groupe d’amis négatif sont des signaux d’alarme. Si vous remarquez des signes de mal-être sous-jacents, n’hésitez pas à faire appel à une aide extérieure pour soutenir votre adolescent.

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