Les écrans sont partout, et nos enfants (pardon nos ados) y passent une grande partie de leur temps. À la différence de vous, ils sont nés avec le numérique et les réseaux sociaux et n’ont pas connu de vie sans. Ados et écrans : comment guider sans interdire ?
Une récente étude révèle que chaque foyer possède en moyenne 11 écrans (TV, tablette, smartphone, ordinateurs…), et les adolescents y consacrent environ 35 heures par semaine (soit quasiment l’équivalent de notre temps passé en entreprise).
Pour eux, le numérique est un outil qui peut être perçu comme “vital” et nécessaire : pour communiquer , s’informer, travailler (la liste des devoirs est désormais dans leur smartphone), et bien sûr, se divertir.
Pour les parents, le numérique est souvent une source d’inquiétude, qui peut se comprendre.
Les écrans : alliés ou ennemis ?
Tout n’est pas blanc ou noir et vous allez vite le comprendre que tout est question de nuance.
Commençons pas les aspects positifs
Ce que nous pouvons voir à travers les écrans peut :
- Favoriser la créativité, l’imagination et les compétences sociales.
- Permettre de renforcer les liens avec les pairs, même à distance et donc d’apprendre en dehors du cercle familial ou de l’école. Apprendre à partager, à s’ouvrir à l’extérieur. Renforce la prise d’initiative (avec les jeux vidéos par exemple). Si si nous apprenons beaucoup de choses pertinentes sur internet, ne l’oublions pas.
- Développer des aptitudes comme la résolution de problèmes, la capacité multitâche (oui c’est aussi une capacité positive), et une meilleure discrimination visuelle.
- Un plaisir partagé de communiquer
- Un espace de transition entre le moi et le non-moi via l’ avatar chargé de représenter l’adolescent dans le monde virtuel. Votre enfant est en train de se construire sa propre personnalité.
Mais alors quels sont les aspects négatifs ?
Un usage excessif ou mal encadré peut conduire à :
- Des troubles de la santé : fatigue oculaire, troubles du sommeil, ou prise de poids liée à la sédentarité. Remplissage du vide intérieur, par de l’addiction aux images (installation des signaux faibles d’une dépression).
- Des troubles cognitifs : perte d’attention, difficulté à se concentrer. Perte d’initiative, passivité. Voire un abandon du sens critique et de la capacité de penser et prendre du recul
- Un isolement social : soumission aux diktats d’influenceurs parfois trop charismatiques, aux propositions de prédateurs sexuels, aux menaces, au harcèlement ou à l’exploitation malveillante du dévoilement imprudent de l’intimité, repli sur soi, diminution des interactions dans la vie réelle. Vous pouvez déjà le constater, les enfants en grandissant peuvent passer beaucoup de temps dans leur chambre seule.
- Et enfin la e-réputation : sujet très complexe à aborder avec son enfant, car se projeter dans l’avenir est extrêmement compliqué à cet âge. Mais par petite touche aborder le sujet.
💡Il est à noter qu'un adulte qui a le même usage excessif aura les mêmes symptômes. Nous aussi nous pouvons basculer dans l’addiction et pour nous aussi c’est extrêmement difficile de faire machine arrière. C’est d’ailleurs pour cette raison que plus tôt on apprend à avoir un usage raisonné, plus c’est simple de vivre avec.
Quand faut-il s’inquiéter ?
Certains comportements doivent vous alerter :
- Un fléchissement scolaire.
- Une absence régulière lors de moments d’échanges en famille : les repas, les activités de jeu ou physiques etc. Une volonté d’écourter ces moments pour retourner sur ses écrans.
- Un isolement social : votre ado évite les sorties, se replie sur lui-même, passe beaucoup trop de temps dans sa chambre seule. Il est normal qu’il s’isole mais jamais dans l’excès.
Avant de juger, il est important de comprendre chaque média
YouTube : un univers en boucle entre musique, vidéos et influenceurs
YouTube est un incontournable de la culture numérique adolescente. Véritable espace de découvertes, de rêves et de partage, il s’impose comme une plateforme où l’on s’informe, où l’on admire ses idoles et où l’on explore des centres d’intérêt variés.
Cependant, un usage intensif de YouTube peut poser problème, notamment avec l’utilisation excessive des écouteurs. Votre enfant risque de s’isoler, passant de plus en plus de temps avec ses écouteurs, même lorsqu’il fait ses devoirs. Or, il est important de rappeler que le cerveau humain est peu adapté au multitâche : écouter de la musique tout en se concentrant sur une tâche scolaire peut rapidement le surmener et nuire à son efficacité.
Mais tout n’est pas négatif ! Bien utilisé, YouTube peut devenir une véritable source de savoir. La plateforme regorge de créateurs de contenu talentueux qui réalisent des tutoriels, décryptent l’actualité ou vulgarisent des sujets éducatifs passionnants.
Ados et écrans : comment guider sans interdire ? Quel est votre rôle de parent
- Choisir les bons influenceurs : Encouragez votre enfant à suivre des créateurs adaptés à son âge et à ses centres d’intérêt. Cela peut l’aider à nourrir sa curiosité et à développer des compétences utiles.
- Apprendre à recouper les informations : Même les influenceurs les plus charismatiques peuvent commettre des erreurs. Sensibilisez votre enfant à l’importance de vérifier les informations en consultant plusieurs sources fiables.
YouTube, comme tout outil numérique, peut être un allié ou un piège. Avec un accompagnement attentif, il peut enrichir l’apprentissage et nourrir la réflexion de votre enfant, tout en éveillant son esprit critique.
Les jeux vidéo : un terrain de jeu pour le meilleur… et parfois le pire
Les jeux vidéo en ligne, notamment les MMORPG (Massively Multiplayer Online Role-Playing Games), offrent un univers immersif où de nombreux joueurs interagissent. Ces mondes virtuels peuvent être une source d’isolement pour certains enfants, coupés du monde réel, mais aussi une opportunité de tisser des liens en dehors de leur cercle habituel.
Comment encourager une pratique saine ?
- Favoriser le jeu en groupe et en famille : Idéalement, réservez les sessions de jeu pour des moments partagés avec des amis, dans un espace commun comme le salon. Cela vous permet de garder un œil sur le contenu, la durée et les interactions, tout en encourageant une dimension sociale conviviale.
- Privilégier les adversaires de la « vraie vie » : Les jeux entre amis proches, que votre enfant connaît dans la vie réelle, sont une excellente façon de renforcer les liens existants et d’éviter l’isolement.
Et vous, avez-vous essayé de jouer avec lui ?
Jouer avec votre enfant peut être une expérience enrichissante pour plusieurs raisons :
- Un moment de complicité : Partager une partie avec lui, c’est non seulement lui montrer que vous vous intéressez à ce qu’il aime, mais aussi profiter d’un moment de détente ensemble.
- Encadrer tout en participant : En jouant à ses côtés, vous pouvez l’accompagner pour lui apprendre à fixer des limites, comme savoir quand il est temps d’éteindre la console.
Et si les jeux vidéo ne sont pas votre tasse de thé, pas de problème ! Maintenez le dialogue :
- Posez des questions : Pourquoi ce jeu l’intéresse-t-il ? Quels défis aime-t-il relever ?
- Montrez de l’intérêt : Votre curiosité sincère l’aidera à se sentir valorisé et compris, tout en renforçant votre lien.
Les clés : équilibre et dialogue
Les jeux vidéo, comme tout loisir, doivent être consommés avec modération. Bien encadrés, ils peuvent être une formidable opportunité de partage, d’apprentissage et de socialisation. Mais pour en tirer le meilleur, rien ne remplace un accompagnement bienveillant et une communication ouverte avec votre enfant.
Les réseaux sociaux : entre exploration et pièges
Les réseaux sociaux (Facebook, TikTok, Snapchat, Instagram…) jouent un rôle central dans la vie des adolescents. Ils permettent de renforcer un sentiment d’appartenance, d’explorer différentes facettes de soi et de partager des moments avec leurs pairs. Mais ils ne sont pas sans risques : harcèlement, comparaison sociale, dépendance aux likes et notifications peuvent rapidement devenir problématiques.
Les pièges à éviter
- L’attrait des plateformes : Ces réseaux sont conçus pour capter toute l’attention de votre enfant. Leur fonctionnement encourage une consommation passive et peut engendrer une véritable addiction à l’image, exacerbée par le FOMO (Fear Of Missing Out, ou « peur de manquer quelque chose »).
- Isolement et surmenage mental : Passer trop de temps sur les réseaux peut éloigner votre ado du monde réel, le privant d’un véritable contact avec lui-même. Cela peut accentuer un état de mal-être, voire un début de dépression, en le rendant esclave de son écran.
Comment équilibrer leur usage ?
Il est essentiel de limiter le temps passé sur les réseaux et de promouvoir un usage actif et enrichissant. Voici une astuce pour transformer leur relation avec ces outils :
- Encourager des publications positives et créatives :
Incitez votre ado à capturer en vidéo ou en photo ses activités sportives, créatives ou artistiques. Qu’il s’agisse d’un défi sportif ou d’une prouesse artistique, il pourra ensuite partager ces moments sur ses réseaux sociaux s’il le souhaite. Cela lui permettra :- De valoriser ses talents et son savoir-faire.
- De se construire une image positive et renforcer son estime de soi.
Les clés : accompagnement et équilibre
Les réseaux sociaux ne doivent pas prendre une place dominante dans le quotidien de votre enfant. Accompagnez-le dans son utilisation, parlez des contenus qu’il consulte et aidez-le à adopter des habitudes qui nourrissent son bien-être plutôt que de l’isoler. Utilisés avec modération et créativité, ces outils peuvent devenir un moyen d’expression et d’épanouissement personnel.
Ni interdits, ni laisser-faire, trouvez le bon équilibre pour atteindre un usage raisonné des écrans
Vous l’aurez compris, interdire à 100%, à notre époque c’est impossible, il faut vivre avec son temps. Cependant voici quelques conseils.
C’est dès le plus jeune âge qu’un bon usage du numérique doit se mettre en place… La règle des 3 – 6 – 9 – 12 élaborée par le Dr Serge Tisseron (psychiatre) est maintenant presque la référence dans ce domaine.
En pratique, cette règle signifie : “pas d’écran avant trois ans, pas de console de jeu personnelle avant six ans, pas d’Internet accompagné avant neuf ans et pas d’Internet seul avant douze ans (ou avant l’entrée au collège).”
Plus votre enfant grandit, plus interdire n’a de sens. Il faut vivre avec son temps. En revanche, ça s’apprend et trouver le bon équilibre demande du temps et de la maturité.
L’adolescence, à partir de 11 ans, est une période d’expérimentations, et les écrans sont autant un outil de découverte qu’un potentiel piège. Donc le meilleur réflexe à adopter, pas d’écran dans les chambres. Il est préférable que votre enfant reste dans les espaces communs de votre maison.
💡 Le saviez-vous ? Les adolescents eux-mêmes utilisent l’expression « no life » pour parler de ceux qui passent trop de temps en ligne et délaissent le « monde réel ». Vous voyez les ado, ont eux même conscience des dérives de l’addiction aux écrans.
Commencez par vous discipliner ! Montrez l’exemple
Pour accompagner vos adolescents, rien de tel que d’incarner ce que vous prônez. Voici quelques conseils pratiques pour instaurer un climat sain et éducatif autour des écrans.
Établissez un pacte familial
- Ensemble, fixez des règles claires : par exemple, des horaires d’accès aux écrans en semaine et le week-end, des lieux d’utilisation (évitez les chambres), et l’interdiction des écrans 1 heure avant le coucher.
- Impliquez-les dans les décisions : ce dialogue facilite l’adhésion et réduit les conflits.
- Bannissez les phrases comme « Tu es trop jeune pour comprendre » ou « Tu n’arriveras à rien si tu passes ton temps sur ton téléphone ». Elles peuvent frustrer ou inciter à la transgression.
- Préférez poser des questions ouvertes : « Pourquoi ce jeu te plaît-il ? », « Comment choisis-tu les personnes que tu suis en ligne ? ».
Rappelez régulièrement les bases légales
Les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans (même si dans les faits, cette règle est souvent contournée).
Expliquez les dangers du téléchargement illégal, du plagiat, et l’importance du respect de la vie privée en ligne. Rien n’est privé sur internet donc encouragez votre enfant à réfléchir à ce qu’il veut publier qui n’aura pas de conséquences négatives pour lui à court terme et dans quelques mois. Vous pouvez faire cet exercice ensemble pour l’aider à bien comprendre. Sous forme de jeux.
En Bref
- Gardez à l’esprit les nuances entre les mots : Bien-veillance, Bonne-veillance, Sur-veillance… et « sous contrôle ». La confiance entre vous et votre doit être acquise. Votre enfant n’a pas à gagner votre confiance. Mais un cadre et des règles doivent être claires, comprises et partagés avec votre enfant.
- Montrez au quotidien votre engagement à cadrer la pratique des écrans, en vue d’éduquer à l’autocontrôle…et donner l’exemple dans vos pratiques personnelles en tant que parents.
- Comprenez que l’espace numérique avec les pairs est un espace intime aussi précieux que sa chambre (même s’il s’expose avec ses trop nombreux correspondants à une forme d’« ex-timité »)
- Intéressez-vous à la pratique d’internet de votre adolescent, aux jeux qui l’attirent et qu’il pratique assidûment, tenter de comprendre les bénéfices qu’il en tire.
- Convenir ensemble de règles d’utilisation (orales, voire écrites) claires :
- Temps d’accès : en Semaine, en Week-End ;
- précisez les horaires de connexion ;
- Lieux d’utilisation des écrans : pièce commune dans les premiers temps ;
- Et le soir avant le coucher, tablette, console, ordinateur rangés dans le salon ou tout autre pièce commune .
- Évitez les recommandations ou les mises en garde infantilisantes du type « tu es trop jeune », « tu verras plus tard » risquent d’aiguiser l’intérêt de l’adolescent qui s’empressera de regarder ce qu’on voudrait soustraire à sa curiosité.
Le contrôle intrusif et inopiné, la géolocalisation ne manquent jamais d’induire des conduites de dissimulation ou des mensonges. Si vous lui montrez que vous n’avez pas confiance en lui, il va vous montrer qu’il n’a pas confiance en vous. Votre enfant réagit par effet miroir. Ce qui est primordial c’est de garder un lien de communication (et de confiance) entre vous et votre enfant.