Le terme physiologie vient du grec « Phusis », qui signifie « la nature ».
Qu’est-ce qu’un accouchement physiologique ?
On peut dire qu’un accouchement physiologique est un accouchement qui suit les « lois de la nature ». Le processus du travail et de la naissance se fait spontanément et sans aucune intervention médicale. C’est-à-dire qu’il n’y aura :
- pas de déclenchement médicamenteux des contractions ;
- pas d’accélération des contractions par l’utilisation d’une perfusion d’ocytocine ;
- pas d’injection médicamenteuse précédant l’expulsion du placenta (« délivrance dirigée ») ;
- pas de recours à la péridurale ou à tout autre antalgique.
Cependant, pas d’intervention médicale ne signifie nullement « pas de surveillance médicale ». C’est la bonne connaissance du processus physiologique et son expertise qui vont permettre à la sage-femme de surveiller l’accouchement, et c’est le cœur même de son métier.
Que se passe-t-il au cours de l’accouchement physiologique ?
Pendant le dernier mois de grossesse, le col de l’utérus se modifie : il devient plus souple, des contractions deviennent perceptibles et le bébé se met en position dans le bassin. Puis, lorsque le travail se déclenche, les contractions deviennent plus fortes, le col se raccourcit et s’ouvre, le bébé descend. Avec chaque contraction, la douleur envoie un signal au cerveau permettant la production d’ocytocine.
La douleur qui préoccupe tant les femmes est une douleur transformatrice et nécessaire. Elle aide et constitue un guide pour l’accouchement. Elle incite les femmes à bouger, à changer de position, facilitant ainsi la descente du bébé et la naissance.
Tandis que le travail progresse, le cerveau libère des endorphines (c’est-à-dire une morphine naturelle) qui vont permettre de diminuer significativement la perception douloureuse. Cette libération d’endorphines contribue également à un changement d’état psychique du mode « pensée » à un mode plus instinctif.
La plupart du temps, la femme est entourée de ses proches et de professionnels qui l’encouragent avec calme et patience. Ils vont lui permettre d’avoir confiance en ses propres capacités à donner la vie.
Elle puise dans ses propres ressources, elle n’a plus peur. Elle se repose entre les contractions, elle se mobilise en fonction de ce qu’elle ressent, poussant le bébé dans les voies vaginales, répondant à la pression ressentie de manière irrépressible. Elle peut émettre des sons gutturaux et retient quelquefois son souffle, protégeant ainsi les muscles de son périnée.
À la fin de la première partie du travail, peu avant la naissance, une décharge importante d’adrénaline assure à la femme d’être alerte, même si le travail a été long. Elle est ainsi totalement focalisée sur son bébé à naître et sur ses sensations.
Une fois le bébé sorti, il va naturellement chercher le sein de sa mère. La production des hormones libérées lors de la succion va permettre la séparation et l’expulsion du placenta. Cette production d’hormones va favoriser l’attachement, permettant à la mère et à l’enfant de se reconnaître et de se connecter l’un à l’autre.
Comment préparer un accouchement physiologique ?
Le processus de la naissance est en fait assez simple, mais il requiert une participation active de la femme, son engagement et celui des personnes qui vont l’accompagner.
L’accouchement physiologique n’est pas juste une souffrance subie. C’est faire l’expérience de sa capacité à mettre son enfant au monde et trouver en autonomie le confort de différentes positions.
Choisir un accouchement physiologique ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’intervention médicale ou qu’il n’y aura pas de complications. C’est se préparer à écouter son corps, c’est accepter ce qui vient, c’est lâcher prise.
Cela demande un accompagnement individualisé : une sage-femme pour une femme en travail, ainsi qu’une préparation en amont pour le couple.
La recherche montre que pour les femmes, s’engager dans ce chemin est une grande source d’accomplissement.
Néanmoins, toutes les naissances ne peuvent pas s’inscrire dans un processus physiologique. Des complications, avant même le début du travail, peuvent amener les professionnels à prendre des décisions pour assurer la sécurité et le confort de la mère et de l’enfant.
L’importance de l’environnement
Évoluer dans un environnement calme et soutenant participe à un déroulement optimal de la naissance.
Si vous avez déjà assisté à la naissance de chatons, vous avez pu constater que la mère de ceux-ci va rechercher un endroit tranquille, loin des regards et du bruit. Elle va s’installer dans un placard, sur des serviettes ou une couverture, rechercher le confort et la chaleur. Et si quelque chose vient l’interrompre pendant le travail, la mise bas va s’arrêter instantanément… jusqu’à ce qu’elle retrouve un environnement qui va permettre aux contractions de reprendre.
N’oublions pas les lois de la nature : nous sommes avant tout des mammifères, et les hormones qui nous gouvernent et que nous produisons sont les mêmes…
Bibliographie
- Judith A.Lothian « Why Natural Childbirth » J perinat Educ 2000 Fall; 9(4): 44-46
- Accouchement normal – HAS décembre 2017 Accompagnement de la physiologie et interventions médicales
Muriel ANDRÉ
Sage-femme libérale, Paris