Si l’on observe chez nos bébés la quantité et la vitesse des changements rencontrés entre 4 et 12 mois, cette période est probablement l’une des plus complexes pour les parents. Les nouvelles capacités de motricité, la curiosité croissante, les poussées dentaires et les régressions du sommeil liées à chacune de ces étapes nous laissent souvent perplexes, parfois perdus et rarement bien reposés.
Afin de faire face à tous ces changements qui vous attendent, mieux les connaître vous permettra de mieux les anticiper !
La diminution des siestes
Un des plus grands défis de la période entre 4 et 12 mois est la diminution du nombre de siestes et des besoins en sommeil diurne. En seulement 6 mois, le bébé passe de 4-5 siestes à 2 siestes pendant la journée, voire parfois à une seule sieste. Le bébé commence à rester éveillé plus longtemps, il a moins besoin de dormir. Ce sont des changements énormes, n’est-ce pas ?
Ces 8 mois, de 4 à 12 mois, ne nous laissent aucun répit : le rythme vient tout juste de se stabiliser, il fonctionne très bien, et tout d’un coup le bébé ne veut plus s’endormir aux siestes et proteste au moment du coucher. Il commence à se réveiller pendant la nuit et à faire des veilles nocturnes. Il peut aussi se réveiller très tôt le matin.
La régression du sommeil pendant cette période (qui n’est pas toujours évidente pour les parents) s’explique par le besoin en sommeil qui devient de moins en moins important. Il faut constamment réajuster le rythme journalier. Si une des siestes disparaît dans la journée, il vous faut donc organiser le coucher plus tôt le soir.
Calendrier approximatif des siestes
Bien entendu, et c’est vrai pour tout ce qui concerne les progrès et acquisitions de nos bébés, il s’agit d’une approximation statistique.
Voici un tableau qui présente l’évolution de la quantité de sommeil et la diminution du nombre de siestes entre 4 et 18 mois :
ÂGE DU BÉBÉ | SOMMEIL PAR 24H | SOMMEIL DIURNE | SOMMEIL NOCTURNE | NOMBRE DE SIESTES |
---|---|---|---|---|
4-6 MOIS | 15 | 3 À 4 | 10 À 12 | 3 À 4 |
7-8 MOIS | 14 | 3 | 11 À 12 | 2 À 3 |
9-10 MOIS | 13 | 2 À 3 | 11 À 12 | 1 À 2 |
11-12 MOIS | 13 | 2 À 3 | 11 À 12 | 1 À 2 |
Au-delà des chiffres, si votre bébé se sent bien, qu’il est de bonne humeur et en bonne santé, son sommeil n’est pas un problème et vous n’avez pas de raisons de vous inquiéter.
L’acquisition de la motricité
Les nouvelles capacités de motricité constituent une autre caractéristique qui marque la période de 5 à 12 mois : le bébé commence à se tenir assis, à se mettre debout et à quatre pattes, parfois il va faire ses premiers pas… Tout se reflète sur son sommeil, il veut s’entraîner pendant la nuit ! Et très souvent, le sommeil se retrouve perturbé de manière importante.
Bonne nouvelle : c’est un phénomène de courte durée. Essayez de prendre le temps de l’aider à pratiquer ces mouvements, autant qu’il veut, pendant la journée. Et durant la nuit, tâchez de garder votre calme : il se peut que vous deviez venir l’aider à s’installer dans une position confortable, plusieurs fois par nuit.
En général, après 1 ou 2 semaines, la situation se normalise – dès que votre bébé commence à mieux maîtriser ses nouvelles compétences. N’hésitez pas à le féliciter et à l’encourager !
« L’angoisse de la séparation »
Aux alentours de ses 8 mois, il est fréquent que votre bébé ressente des angoisses. À nouveau, cela aura un retentissement sur son sommeil. Vous allez peut-être penser que ça ne finira jamais, mais rassurez-vous : c’est aussi un phénomène passager !
Vous pouvez aider votre bébé en lui accordant du temps de qualité pendant la journée et le soir, en jouant au jeu du « cache-cache » (avec les mains) qui vous permet d’apparaître et disparaître, en mettant en route un rituel du soir apaisant et agréable, et en « chargeant ses batteries » de votre amour avant le sommeil.
Pendant les réveils nocturnes, venez à son secours, faites-lui des câlins et rassurez-le afin de l’aider à se rendormir. Ne vous inquiétez pas, sachez juste que ces phases (normales) durent seulement quelques semaines.
L’impact de la diversification alimentaire
Les débuts de la diversification alimentaire peuvent provoquer quelques troubles digestifs, ce qui peut également impacter la qualité du sommeil. Il est préférable de consulter votre pédiatre pour mettre en place le programme de diversification alimentaire, ainsi que les quantités selon la santé de votre bébé. Il est très important d’assurer une quantité suffisante de calories pendant les repas journaliers, afin de pouvoir bien espacer les repas de nuit.
Le fait de quitter sa maison
Pour certains enfants, la période entre 3 et 12 mois signifie aussi le début du mode de garde en crèche ou chez une nounou. Votre bébé va sûrement être un peu chamboulé par le changement de cadre, le début d’une vie en collectivité, la séparation avec les parents… La charge émotionnelle sur le système nerveux du bébé est importante, le sommeil devient plus agité et les réveils nocturnes peuvent réapparaître.
Comment aider bébé lors de toutes ces étapes ?
Voici quelques conseils pour passer avec aisance ces étapes importantes pendant la première année de votre bébé :
- Pour éviter que votre bébé soit fatigué, énervé ou surexcité, assurez-vous de la quantité correcte du sommeil diurne et nocturne selon son âge. Dans la mesure du possible, évitez de rater les siestes et aidez-le à les prolonger si elles sont courtes.
- Les activités physiques et intellectuelles – les jeux, les balades – doivent avoir lieu pendant la journée. L’enfant qui a reçu assez de lumière du jour, qui a dépensé son énergie et qui est fatigué de la bonne manière, va certainement mieux dormir !
- Le soir, une fois chez vous, essayez d’organiser au moins pendant une heure un temps calme et relaxant avec votre bébé. N’oubliez pas que l’hormone du sommeil commence à être sécrétée lorsque l’on réduit la luminosité : pour favoriser la somnolence, vous pouvez réduire petit à petit les lumières, éteindre la télévision et les autres écrans. Parlez moins fort, testez une musique douce – tous ces éléments permettent de créer une ambiance propice au sommeil.
- Choisissez des activités qui peuvent « ralentir » le système nerveux, qui sont donc assez monotones : feuilletez des livres, construisez des pyramides, laissez-le prendre et poser des objets dans une boîte.
- Le fait de prendre votre bébé dans vos bras, de vous promener avec lui en lui faisant des câlins et des bisous est toujours une bonne idée. Ce contact tactile est vraiment nécessaire pour un échange émotionnel après une longue journée.
- Tâchez de consacrer 15 à 20 minutes à un rituel du coucher. Il doit avoir un début : par exemple, vous pouvez le commencer en disant au revoir aux proches et aux peluches. Ensuite, allez dans la chambre de bébé pour fermer les volets, allumer la veilleuse, lui faire un massage, lui changer la couche et mettre le pyjama, l’allaiter ou lui donner le biberon sur vos genoux, lui chanter une berceuse. Puis faites un tour dans la chambre en lui faisant des bisous et en le caressant. Enfin, posez-le au lit et fermez sa gigoteuse. Pour terminer, vous pouvez lui dire votre mantra du sommeil (« Fais dodo petit coeur, passe une bonne nuit ») et éteindre la veilleuse.
Un bon rituel doit plaire à votre bébé et doit être fait régulièrement et toujours dans le même ordre. En effet, si le bébé vit tous les jours le même rituel, s’il entend les mêmes phrases, s’il voit les mêmes gestes, physiologiquement, il va développer un réflexe conditionné. Il commence alors à associer ces démarches à celles qui mènent au sommeil. Ce rituel de coucher constitue une transition et va faciliter son entrée dans le sommeil.
Si vous n’avez pas encore de rituel bien établi, c’est le bon moment pour commencer. Le temps d’adaptation pour votre bébé sera de 2 à 3 semaines, ensuite vous apprécierez grandement les bienfaits de cette démarche !
Connaître la structure du sommeil de bébé
Il est important de comprendre ce que sont les phases physiologiques du sommeil : cela va vous simplifier la gestion du sommeil de votre bébé.
Désormais, le sommeil nocturne sera divisé en cycles bien distincts, avec une durée de 40 à 60 minutes chacun. Contrairement à la structure du sommeil des nouveau-nés, où le sommeil agité prend une place prédominante, il y aura dans chaque cycle une phase longue du sommeil lent (35 min) et du sommeil agité (environ 10 min). Le sommeil lent contient le sommeil profond et très profond.
Le stade de sommeil très profond s’observe uniquement dans la première partie de la nuit (de 18 h à 1 h du matin). C’est le stade le plus bénéfique pour la santé de votre bébé : il permet le repos profond du cerveau, le travail actif du système immunitaire, la production de l’hormone de croissance. Pendant le reste de la nuit, il se repose aussi bien sûr, mais il n’y a plus ces stades de sommeil très profond.
Donc, si vous couchez votre bébé plus tôt le soir (entre 18 h et 20 h), vous lui offrez l’opportunité d’un plus grand nombre de cycles de sommeil très profond. Il se repose mieux et se réveillera le lendemain en très bonne forme.
La recommandation de coucher un bébé plus tôt le soir provient de ces connaissances scientifiques. Les spécialistes du sommeil s’accordent à dire que c’est un outil naturel et très simple pour apporter le maximum de repos et améliorer la qualité générale du sommeil.
À partir de 4 mois, toute l’activité du sommeil et de l’éveil du bébé fonctionne progressivement selon ses rythmes biologiques.
C’est là encore un grand changement pour les bébés entre 4 et 12 mois. Cela veut dire que désormais, plusieurs processus physiologiques auront lieu à peu près à la même heure, tous les jours, en suivant le mouvement de la Terre et le changement de luminosité.
Par exemple, les rythmes biologiques contrôlent la sécrétion des hormones, qui influencent le sommeil et la période de veille, le changement de la température corporelle et du rythme cardiaque, de la tension artérielle, le cycle des selles, la faim, et bien plus encore…
La mélatonine, l’adrénaline et le cortisol sont les hormones dont la production obéit à un rythme que l’on appelle « circadien ». C’est cette organisation hormonale qui régit les cycles de sommeil – inutile de les contrarier !
Ce changement de la structure du sommeil du bébé, dont l’organisation se rapproche du sommeil adulte, provoque la réapparition des réveils nocturnes à la fin de chaque cycle. De ce fait, le bébé peut se réveiller plus souvent pendant la nuit, comme nous le faisons nous, les adultes, afin de vérifier notre position et les conditions autour de nous. Presque toujours, nous nous rendormons aussitôt.
Toutefois, et même si les réveils nocturnes constituent un phénomène normal, cela représente une difficulté pour les bébés, qui ne savent pas instinctivement retourner au sommeil sans aide. On dit alors souvent que « le bébé n’arrive à enchaîner les cycles pendant la nuit ».
Comment aider bébé à se rendormir lors de ces réveils nocturnes ?
Tout d’abord, le lieu pour rendormir le bébé doit être le même que celui où il s’est réveillé : il peut être angoissé d’un changement d’environnement. Il est donc préférable que l’endormissement du bébé se fasse dans son lit, même si vous l’avez préalablement bercé dans vos bras.
Très souvent, en se réveillant entre les cycles, le bébé va attendre la même aide que pour son endormissement. On appelle ce phénomène « les associations au sommeil », et c’est une des raisons principales pour lesquelles les bébés ne peuvent pas enchaîner les cycles.
Afin d’affaiblir ces associations, vous pouvez entreprendre un ensemble de rituels :
- Si vous le bercez jusqu’à l’endormissement, essayez de diminuer l’amplitude des bercements et de procéder progressivement à leur arrêt, permettant au bébé de s’endormir de manière statique.
- Si le bébé s’endort toujours au sein, vous pouvez le détacher du sein quelques secondes avant l’endormissement, puis espacer de plus en plus le temps entre le détachement et le moment de l’endormissement.
- Si l’enfant cherche la tétine à chaque réveil, essayez de lui apprendre à la chercher par lui-même, ou ôtez-lui tout simplement la tétine avant l’endormissement.
- Si le bébé s’endort toujours dans la poussette en mouvement, arrêtez la poussette et laissez le bébé s’endormir dans la poussette à l’arrêt.
Il faut s’armer de patience, mais vous allez remarquer que les réveils deviennent de plus en plus rares.
En résumé
- Des journées bien structurées avec des périodes actives et d’autres plus calmes ;
- Des siestes proposées au bon moment et d’une durée suffisante ;
- Une période calme comme prélude au coucher ;
- Des rituels du coucher stables ;
- Et surtout, pas trop d’inquiétude de votre part !
Anna VOLOSOVA
Consultante en sommeil de l’enfant