Le développement du langage est un processus long et progressif, pendant lequel l’influence de l’environnement est cruciale. Si chacun continue d’enrichir son vocabulaire tout au long de sa vie, au gré de ses rencontres et de ses passions, nous nous intéressons ici plus particulièrement aux grandes étapes de la construction des bases du langage, qui occupent les 5 premières années de vie.

De la naissance à un an, les précurseurs du langage

Dès la naissance, votre bébé se prépare à parler. Par ses pleurs, il attire l’attention de ses parents ou des adultes qui s’occupent de lui pour exprimer un besoin (d’être changé, nourri, porté, rassuré…). D’ailleurs, très rapidement, vous reconnaîtrez chez votre bébé différents pleurs, en fonction de ce qu’il veut exprimer (faim, sommeil, douleur).

De façon innée, votre bébé s’exprime donc afin de communiquer un message à son entourage. Votre intervention, qui apparaît comme une réponse, lui permet d’entrer dans une toute première forme d’échange.

Mais ce n’est pas tout. Votre bébé vous entend et vous écoute depuis bien avant sa naissance. Il ne donne certes pas sens à vos mots mais perçoit pleinement l’intention que vous y mettez, par l’intonation qui accompagne vos paroles puis, dès sa naissance, par votre expression faciale.

C’est parce que nous avons inconsciemment compris cela que nous avons tendance à « bébéiser », c’est-à-dire à accentuer nos mimiques lorsque nous nous adressons à un tout-petit. Cela contribue, au fur et à mesure des expériences, à donner sens à ce qu’il entend et à construire ainsi sa compréhension du langage oral. C’est grâce à l’écoute et à la perception de vos intentions que votre enfant est notamment capable, vers un an, de réagir à son prénom.

Il consacrera son deuxième trimestre de vie à jouer avec sa voix sous la forme de vocalises (« aaaa » et « euuu »), parfois très stridentes et qui peuvent inquiéter les parents : c’est l’étape dite des gazouillis. Le trimestre suivant sera celui des babillages tels que « mamama » ou « bababa ».

À partir de 9 mois, votre bébé comprend le sens des mots que vous utilisez souvent, et les signes dits « précurseurs du langage » s’installent. Parmi eux, on retrouve la communication gestuelle (tendre les bras pour être porté, faire bravo ou coucou, imiter les marionnettes au cours d’une comptine, etc.) et l’attention conjointe (regarder ensemble vers l’endroit que vous pointez du doigt ou, plus tard, qu’il pointe lui-même du doigt).

Ces deux compétences sont indispensables à l’installation du langage :

  • La communication gestuelle parce qu’elle suppose que l’enfant a compris que chaque chose ou chaque action a un nom et/ou un geste qui lui est associé ;
  • L’attention conjointe parce qu’il ne peut pas y avoir de communication efficace si les deux interlocuteurs ne s’accordent pas l’un à l’autre autour d’un même sujet.

De 1 à 2 ans, les premiers mots

Entre 12 et 18 mois, le bambin prononce ses tout premiers mots. Ils sont peu nombreux, autour de 5 en général, et désignent d’abord des objets communs ou des personnes. Il n’est pas rare que l’enfant emploie des « mots valises », c’est-à-dire des mots qui sont utilisés en situations diverses. Par exemple, « encore » pourra être utilisé pour exprimer qu’il a encore faim, qu’il n’a pas envie d’arrêter de jouer, qu’il veut relire un livre ou en lire un de plus, etc.

À cet âge, le fait de pointer du doigt devient un précieux allié pour diriger l’attention de l’adulte sur l’objet convoité, dont le nom est encore trop difficile à prononcer.

Entre 18 et 24 mois apparaîtront les tout premiers verbes d’action, souvent tournés autour de ce qui fait le quotidien de l’enfant : dormir, manger, boire, changer la couche, jouer… Le vocabulaire de l’enfant comporte au minimum une dizaine de mots à 2 ans.

De 2 à 3 ans, les premières phrases

La troisième année est celle des premières associations de mots. Ces « phrases » à la construction très sommaire comportent généralement deux mots pour commencer (« à boire moi », « papa parti », « où maman ? »). Elles sont bien compréhensibles des personnes qui s’occupent habituellement de l’enfant, mais de façon plus aléatoire dès lors qu’il s’adresse à un inconnu. Cela s’explique aussi par une prononciation souvent encore imparfaite.

À 3 ans, la phrase comporte au moins 3 mots et l’enfant commence à parler de lui en disant « je ».

De 3 à 5 ans, des phrases construites et plus de vocabulaire

Votre enfant comprend maintenant de plus en plus de mots, même s’il a encore besoin de temps avant d’être capable de les utiliser à bon escient et de les intégrer dans son vocabulaire. Par exemple, il connaît désormais la différence entre « en haut » et « en bas » ou entre « plus grand » et « plus petit ».

Il est aussi capable de répondre à des questions sur une histoire lue ensemble, démontrant ainsi qu’il en comprend le sens. Il conjugue les verbes et appréhende de mieux en mieux la notion de présent, de futur et de passé. Quant à sa prononciation, elle se fait rapidement de plus en plus précise.

Si chaque enfant se développe à son rythme, il est important d’observer que votre enfant continue de progresser dans la construction de ses compétences langagières. Enfin, rappelez-vous que les interactions sociales et l’environnement linguistique jouent également un rôle déterminant dans le développement du langage de votre enfant.

Michèle Prados, infirmière puéricultrice

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