Les troubles du langage écrit sont complexes et peuvent se présenter de différentes manières. On distingue dyslexie, dysorthographie et dysgraphie, qui se manifestent par une lecture hésitante avec de nombreuses erreurs, soit dans les sons (balais/palais), soit sur le plan visuel (matin/malin). Des confusions et des inversions de sons et/ou de lettres accompagnent souvent certaines de ces formes. L’orthographe est parfois illisible.

Ces troubles sont souvent repérés tôt par les parents et surtout les enseignants, mais le diagnostic n’est généralement vraiment établi que vers le milieu du CE1.

Quelle est l’origine de ces troubles ?

Comme toutes les affections que l’on appelle « dys » (car il s’agit toujours de dysfonctionnements neuro-développementaux), la dyslexie est souvent déjà observée dans la famille de l’enfant, même si elle ne se révèle que lorsque débutent les apprentissages scolaires systématiques.

À ce stade des connaissances, il est déjà établi qu’une composante héréditaire est probable : en effet, 50 % des enfants dyslexiques ont des antécédents familiaux de ce trouble et il existe des « fratries de dyslexiques ».

Quels sont les symptômes évocateurs de la dyslexie ?

L’enfant dyslexique, quelle que soit « sa » dyslexie et son niveau de sévérité, va rencontrer des difficultés multiples dans l’apprentissage de la lecture :

  • Les lettres sont mal identifiées – dès la maternelle.
  • Les mots proches sont souvent confondus : pain/bain par exemple, car certaines lettres sont auditivement proches (B/P, T/D, etc.). Cela peut également s’expliquer par des problèmes sur le plan auditif et/ou visuel.
  • Certaines lettres sont tout simplement omises : « tabe » au lieu de « table » par exemple – et d’autres sont déformées. Dans ce cas, il y aura lieu de vérifier que la cause n’est pas liée à l’attention de l’enfant.
  • Certains mots ou syllabes sont inversés : « ne » au lieu de « en ».
  • La mémorisation est très brève et l’enfant paraît oublier très rapidement ce qu’il a appris.
  • Ses difficultés à automatiser la lecture donnent l’impression, souvent à tort, qu’il ne comprend pas ce qu’il lit. Or, c’est sa difficulté à décoder rapidement et sans efforts qui sollicite toute son « énergie cognitive ».

Les enfants dyslexiques seront souvent plus à l’aise à l’oral ou en mathématiques.

La dysorthographie comme « trouble collatéral » possible de la dyslexie

Ce trouble, dans certains cas, constitue la suite « logique » de la dyslexie. On observe alors :

  • Des difficultés à différencier les homonymes (haut/eau ou mère/mer).
  • Des difficultés à acquérir la notion de genre et de nombre (féminin/masculin et singulier/pluriel).
  • Une perturbation de la syntaxe (l’organisation des mots pour former une phrase) : l’enfant rencontre des difficultés à exprimer une idée « logique », le raisonnement étant perturbé par des inversions cause/conséquence par exemple.
  • Une orthographe « chaotique » et des problèmes de conjugaison des verbes, ce qui contribue à rendre la compréhension difficile.

La dysgraphie comme conséquence possible de la dyslexie

À cause des difficultés qui précèdent, l’enfant peine à se concentrer sur ce qu’il entend, sur ce qu’il comprend et sur ses capacités à le reproduire par écrit. Son écriture est donc lente et laborieuse, les lettres sont souvent mal formées et les mots pas toujours séparés.

L’ensemble de ces troubles finit par retentir sur la scolarité.

Les enfants dyslexiques souffrent de ne pas pouvoir restituer une histoire à partir d’illustrations, parfois même – mais plus rarement – à l’oral. Certains d’entre eux parviennent plus ou moins facilement à en dessiner les étapes. D’autres rencontrent des difficultés dans les repères temporels (dans la journée ou la semaine) et spatiaux (devant, derrière, au-dessus, etc.).

En toute logique, leur lecture est lente et laborieuse, leurs cahiers sont souvent mal tenus et couverts de ratures s’ils présentent des troubles associés (comme une dyspraxie). Cela provoque souvent une importante fatigue et une anxiété diffuse pouvant conduire, dans les cas les plus sévères, à une phobie scolaire.

Dépister précocement

Les acquisitions cognitives étant assez stables d’un enfant à l’autre, certains tests étalonnés permettent de manière fiable d’identifier relativement tôt un trouble de l’apprentissage de l’écrit.

  • On doit tout d’abord prêter attention à l’éventualité d’antécédents familiaux.
  • Par ailleurs, il faut confirmer ou infirmer le fait qu’il y a eu un retard de langage nécessitant une prise en charge orthophonique avant l’entrée en CP.
  • Enfin, on doit s’interroger sur les enfants qui font l’objet d’inquiétudes. Il faut savoir que vers 5 ans, les enfants doivent avoir acquis l’alphabet « en grande partie » et quelques mécaniques d’association, mais que la lecture n’est en général acquise qu’en fin de CP voire plus tard (CE1).

Reste qu’au-delà des repères « classiques » dans les apprentissages, pour apporter un diagnostic précis, il est nécessaire que le trouble observé perdure dans le temps. C’est pourquoi – même si une hypothèse de dyslexie peut être évoquée tôt, avant même le début de l’apprentissage systématique de la lecture – le diagnostic ne devrait pas être porté avant la fin du CE1, quand les enfants ont environ 7 ans.

Le médecin (généraliste ou pédiatre) qui suit l’enfant aura en charge d’adresser celui-ci pour un bilan orthophonique qui devra préciser la nature et la sévérité du trouble, sans omettre l’éventualité d’autres troubles associés (ophtalmologiques, neuropsychologiques, psychomoteurs…). La dyslexie étant dans certains cas associée à d’autres troubles « dys », un bilan pluridisciplinaire est en effet très souvent souhaitable, en particulier si les troubles n’ont pas tendance à disparaître ou à diminuer malgré une prise en charge régulière et soutenue.

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