Les dysphasies toucheraient environ 2 % à 5% des enfants, et comme souvent chez les enfants dys, majoritairement des garçons.
Bien que les enfants dysphasiques soient en général d’une intelligence tout à fait normale, ce trouble a des répercussions sévères sur leur scolarité et leurs relations avec les autres. De ce fait, il est souvent mal identifié et parfois confondu avec des troubles autistiques.
Les dysphasies se rééduquent, mais comme il ne s’agit pas d’une maladie au sens strict, elles ne se guérissent pas. À l’instar des autres troubles dys, elles sont reconnues comme des handicaps au sens que leur donne la loi de février 2005.
Le diagnostic de dysphasie n’est souvent porté qu’assez tard – après l’âge de 5 ans – mais certains signes sont visibles bien plus tôt et peuvent alerter. Il importe donc de les repérer, car cela permettra une rééducation précoce qui contribuera à un meilleur pronostic.
Définition : c’est quoi la dysphasie ?
Les troubles primaires du langage oral, appelés dysphasies ou Troubles de Développement du Langage Oral (TDLO) sont des troubles du développement neurologique qui affectent la compréhension et/ou l’expression du langage oral. Ils sont dus à un dysfonctionnement de certaines structures cérébrales impliquées dans le langage.
Symptômes : quels sont les signes de la dysphasie ?
Pour commencer, on en distingue deux types :
- Une dysphasie dite expressive lorsque les difficultés d’expression orale sont prédominantes.
- Une dysphasie dite réceptive lorsque ce sont les difficultés de compréhension qui prédominent.
Néanmoins, des formes mixtes sont possibles.
Dès l’âge de 2 ou 3 ans, on peut observer des troubles qui altèrent les capacités de l’enfant à communiquer :
- Il semble éprouver des difficultés à comprendre ce qu’on lui dit.
- Il répète les mots lorsqu’on lui parle (écholalie).
- Il parle très peu spontanément – ou même pas du tout.
- Il parle en style télégraphique en alignant les mots sans faire de phrases, il n’utilise ni pronoms, ni mots de liaison et utilise les verbes à l’infinitif.
Mais ces signes ne peuvent évoquer sérieusement une dysphasie qu’à partir de 3 ans. Plus tard, les signes deviennent de plus en plus nets :
- Le vocabulaire est restreint et ne s’enrichit pas ou très peu, et ce quel que soit le milieu social et culturel.
- L’articulation des mots en vue de constituer une phrase (ce qu’on appelle la syntaxe) est très souvent hasardeuse, voire incohérente.
- L’enfant cherche, peine à trouver le mot exact et se sert très volontiers d’un langage gestuel pour aider les tiers à le comprendre, signe qu’il cherche bien à communiquer…
- Parfois, ses mots sont inintelligibles et le phrasé,difficile à comprendre pour une personne non proche de la famille.
- Par ailleurs, l’enfant semble ne pas toujours comprendre les consignes et peine à percevoir les nuances de ce qui lui est dit (il demeure souvent « au premier degré » et ne saisit pas les comparaisons, les métaphores…).
Diagnostic : comment et quand détecter une dysphasie ?
Bien entendu, avant d’établir un diagnostic de dysphasie, il aura fallu écarter l’hypothèse d’une surdité, d’un trouble de nature psychiatrique ou même d’un retard intellectuel.
Dès les premiers signes, il ne faut pas hésiter à en parler avec le médecin généraliste ou le pédiatre, qui va orienter l’enfant vers un orthophoniste pour effectuer un bilan ORL.
Pour les cas sévères, les diagnostics s’effectuent généralement entre 3 et 6 ans. Certains cas légers peuvent être diagnostiqué à la pré-adolescence (entrée au collège) vers 11 ans.
Détecter tôt la dysphasie permet de mettre en place un suivi orthophonique adapté et augmente significativement les possibilités pour l’enfant de développer des méthodes de compensation face à son trouble.
L’application Malo met gratuitement à disposition pour ses utilisateurs un questionnaire mensuel sur l’évolution de leur enfant, facilitant la détection précoce de troubles du développement par les professionnels de santé (dont la dysphasie).
Traitement : comment soigner la dysphasie ?
Si une prise en charge multidisciplinaire peut s’avérer utile, en cas de troubles dys associés, c’est bien l’orthophoniste qui doit assurer une prise en charge régulière et répétée (3 à 4 fois par semaine). Celle-ci doit être prioritaire : lui en associer d’autres placerait l’enfant sous la pression d’une rééducation quasi permanente. Quid, alors, de sa vie d’enfant ?
Comment aider un enfant atteint de dysphasie ?
La confiance – entre l’enfant et ses parents, entre l’enfant et le professionnel, entre l’enfant et l’enseignant, entre les parents et l’école… – constitue l’une des clés d’un accompagnement réussi. Cela ne saura se faire que si tous se parlent, se comprennent et mettent la priorité sur leur préoccupation commune : la réussite et le mieux-être de l’enfant.
Voici quelques mesures à prendre et qui aideront l’enfant dans sa scolarité :
- Ne donner qu’une seule consigne à la fois. Attention aux demandes complexes (par exemple « Prenez votre livre de lecture et ouvrez au chapitre 2 ») : il vaut mieux dissocier les consignes (« 1. Prenez votre livre de lecture » ; « 2. Ouvrez au chapitre 2 »).
- Faire des phrases courtes et simples. Il ne faut pas hésiter à se passer des adjectifs ou des adverbes.
- S’aider le cas échéant de pictogrammes explicatifs.
- Établir « fermement » le contact visuel avant d’engager le dialogue.
- Reformuler plusieurs fois et/ou autrement : parfois, un synonyme « passera » mieux.
- Demander à l’enfant de reformuler la consigne avec ses propres mots pour vérifier qu’il l’a bien comprise. Si l’enfant n’y parvient pas, c’est à l’adulte de le faire. Attention : lui faire répéter n’est d’aucune utilité et ne permet aucun progrès.
Certains outils, notamment destinés à favoriser l’expression de l’enfant dysphasique, existent et sont possiblement utilisés par les orthophonistes. Mais le plus raisonnable est de solliciter le professionnel en charge de l’enfant et de se mettre en lien avec les associations spécialisées dans ces troubles – par exemple l’Association Avenir Dysphasie et plus généralement la Fédération Française des Dys, susceptible de relayer les demandes.