L’accompagnement global à la naissance, qu’est-ce que c’est ?

Le principe est le suivant : une sage-femme (ou un groupe restreint de sages-femmes) va vous accompagner tout au long de votre maternité, depuis le début de votre grossesse, lors de votre accouchement et dans les suites de couches. Cela dure en général quelques jours après la naissance, mais quelquefois bien plus longtemps encore avec la rééducation périnéale et le suivi gynécologique.

Les plateaux techniques

Pour ce qui est de l’accompagnement global à la naissance, il se fait sur un « plateau technique » dans une clinique, un hôpital ou, plus rarement, à domicile. C’est-à-dire que votre sage-femme bénéficie d’un accès à une salle de naissance « classique » dans laquelle elle va se consacrer entièrement à vous – tout en pouvant, le cas échéant, bénéficier aussi de l’écosystème local (anesthésie, gynécologue, matériel médical, etc.).

Cependant, cette pratique reste marginale en France : peu de plateaux techniques sont ouverts. En 2017, seulement 54 étaient recensés par l’ANSFL (Association Nationale des Sages-Femmes Libérales). Quant au domicile, il ne concerne qu’environ 2 000 naissances par an en France.

Pourtant, voici les recommandations de l’OMS sur les soins durant la maternité, pour une expérience positive de l’accouchement :

« Des modèles de continuité des soins sous la direction de sages-femmes, dans lesquels une sage-femme connue (ou un petit groupe de sages-femmes connues) soutient une femme sur l’ensemble du continuum constitué par les périodes anténatale, intrapartum (c’est-à-dire pendant l’accouchement) et postnatale sont recommandés pour les femmes enceintes dans les situations où les programmes de maïeutique fonctionnent bien. »

L’accompagnement global à la naissance dans d’autres pays

À l’étranger, en particulier en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie, l’accompagnement global à la naissance est proposé selon différents schémas : les femmes ont la possibilité d’accoucher à domicile, en maison de naissance, en plateau technique ou au sein d’un pôle physiologique situé en maternité.

En fait, c’est l’état d’esprit qui est fondamentalement différent : « La grossesse et la naissance sont des événements profondément physiologiques jusqu’à preuve du contraire » est bien différent de « La grossesse et l’accouchement sont deux situations porteuses de risques ; on ne pourra qu’a posteriori déclarer que tout s’est déroulé normalement ». Et du fait de ces profondes différences entre les deux philosophies, les manières d’appréhender la grossesse et la naissance seront évidemment opposées…

En Angleterre par exemple, il est stipulé dans la charte du Collège Royal des sages-femmes que « la continuité de soins et de prise en charge d’une patiente par la même sage-femme ou la même équipe est un objectif prioritaire d’organisation des services de maternité ». Là-bas, une sage-femme libérale peut accompagner une femme à domicile, en maison de naissance ou à l’hôpital (c’est-à-dire dans tous les hôpitaux du Royaume-Uni).

Quels sont les bénéfices de cet accompagnement ?

Il y en a deux, principalement :

  • Tout d’abord, un profond lien de confiance entre la sage-femme et sa patiente, qui devient sur la durée de la grossesse un véritable partenariat.
  • Et, ce qui logiquement en découle, une moindre médicalisation de la naissance.

L’étymologie du mot confiance signifie « avoir foi en quelque chose, en quelqu’un, se fier à ». Car il s’agit bien de cela : se fier à un autre, à l’inconnu, se remettre les yeux fermés entre ses mains et se confier pleinement.

La future maman, au fil de ses neuf mois de grossesse, va tisser un lien privilégié avec la sage-femme. Elle peut se confier, prendre appui, elle va pouvoir exprimer ses besoins, discuter ses choix. Au moment de l’accouchement, tout devient alors plus facile : la sage-femme connaît sa patiente, ses attentes, ses peurs et ses difficultés aussi. Elle n’a pas à se soucier d’autres patientes en travail, elle peut être totalement dans la relation, elle peut s’y investir pleinement.

Et comme le chemin de l’accouchement a été parcouru en pensée de nombreuses fois durant les multiples entretiens de la grossesse, la sage-femme emmène sa patiente et la tient fermement par la main, jusqu’à la naissance.

Ce lien particulier va permettre que s’établisse un climat de sécurité émotionnel essentiel à la naissance.

Confiance et sécurité

L’accompagnement global permet une moindre médicalisation de la naissance :

  • Par une surveillance rapprochée : une seule sage-femme pour une seule femme en travail.

  • Pas besoin de monitorage du rythme cardiaque fœtal en continu si tout va bien : une surveillance discontinue suffit.

  • Un soutien bienveillant qui permet souvent de ne pas avoir recours à des médications antidouleurs. En effet, la douleur est bien mieux tolérée si on la laisse croître graduellement – plutôt que de générer des contractions d’emblée très fortes avec l’ocytocine…

  • Pas de geste médical pour accélérer les choses. On a tout le temps, la sage-femme est disponible, les rythmes physiologiques peuvent être respectés. Dans ce cadre, l’accouchement a les meilleures chances de s’accomplir dans sa physiologie. On n’a pas accéléré le travail et les positions spontanément et instinctivement choisies ont facilité la descente du bébé dans le bassin.

Alors oui, si les conditions économiques le permettaient, l’accompagnement global serait la meilleure option pour une maternité heureuse !

Bibliographie

– Raja OUAHBI « L’accompagnement global à la naissance en plateau technique : Étude descriptive et comparative des issues périnatales au sein du groupe Naissances » HAL Open science
– OMS Recommandations sur les soins intrapartum pour une expérience positive de l’accouchement

Muriel ANDRÉ
Sage-femme libérale, Paris

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