La dépression du post-partum est un trouble fréquent, avec des répercussions sur la mère, son entourage et son bébé. Si elle n’est pas prise en charge, elle ne disparaît pas spontanément. Il est donc primordial d’en parler afin qu’une prise en charge spécialisée puisse être mise en place. Souvent, ce n’est pas simple d’aborder ces souffrances. En effet, les mères ont un fort sentiment de culpabilité (signe clinique majeur de la dépression du post-partum) et n’en parlent que très peu, ni à leurs proches ni aux professionnels de santé. Or, les professionnels de santé sont habitués à ces troubles puisqu’environ 15 % des patientes souffrent de dépression du post-partum. On estime par ailleurs que 8 à 10 % des pères seraient également touchés.

Repérer les symptômes de la dépression du post-partum

Le pic d’apparition de la dépression du post-partum se situe entre trois semaines et un mois et demi après l’accouchement. C’est souvent à ce moment-là que les femmes se retrouvent seules. Les coparents (quand ils sont présents et disponibles) ont repris le travail, la famille est rentrée chez elle, le séjour à la maternité est un lointain souvenir et la prise en charge des sages-femmes à domicile est également terminée. Cela peut expliquer la sensation d’isolement de la mère, ce qui va renforcer ses symptômes de tristesse, d’anxiété et de fatigue.

Les symptômes de la dépression du post-partum aggravent alors encore l’isolement. Les femmes déprimées ne sortent que très peu de chez elles. Sortir avec le bébé est très compliqué et prendre du plaisir dans les activités du quotidien et le fait de discuter avec autrui est tout aussi difficile. L’isolement et le repli sur soi sont des signes qui doivent alerter l’entourage, qui peut faire appel à des équipes encore positionnées à cette période auprès des parents.

À qui en parler ?

Il est possible de s’adresser à la PMI (Protection Maternelle et Infantile), un service départemental et gratuit qui accompagne les parents et leur enfant jusqu’à ses six ans. Elle regroupe les mêmes professionnels que l’équipe de maternité : sage-femme, auxiliaire de puériculture, puéricultrice, pédiatre, psychologue. Elle constitue ainsi une équipe spécialisée dans l’accompagnement des familles. Les PMI peuvent intervenir à domicile, recevoir sans rendez-vous et sont en première ligne pour conseiller les femmes et leur entourage sur les signes repérés. Elles pourront répondre à des questions comme « Est-ce normal ? » ou « Est-ce le début d’une dépression du post-partum ? ». La PMI saura vous conseiller et vous orienter si votre état le nécessite.

Le pédiatre de l’enfant, le médecin traitant, la sage-femme ou le gynécologue sont également en première ligne pour écouter, conseiller et éventuellement orienter la maman si nécessaire. Un rendez-vous avec le gynécologue est d’ailleurs prévu environ six semaines après l’accouchement : c’est la consultation post-natale.

L’équipe de la maternité où la mère a été suivie peut aussi être rappelée. Il est tout à fait possible de discuter avec les psychologues de la maternité, qui pourront recevoir la mère et/ou le couple et éventuellement les orienter vers des centres de consultations spécialisés. Les séances se font le plus souvent en présence du bébé avec des psychologues et des pédopsychiatres spécialisés en périnatalité.

Les solutions envisagées

Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être instauré, mais le pédopsychiatre veille alors à sa compatibilité avec un éventuel allaitement. Il est indiqué lorsque les symptômes sont importants et qu’une aide rapide doit être proposée à la famille. Il est toujours proposé en lien avec des consultations psychothérapeutiques mère/bébé.

Dans les cas les plus sévères, une hospitalisation peut être proposée : elle y associe dès que possible le bébé afin d’éviter la séparation avec sa mère. Une équipe pluridisciplinaire composée de médecins généralistes, de psychiatres, de pédopsychiatres, de psychologues, de sages-femmes, de puéricultrices et d’éducatrices permet aux patientes de recevoir une aide prolongée et d’améliorer leur état psychique.

Il existe également des hospitalisations de jour où les patientes sont accueillies avec leur bébé en journée ou demi-journée. Enfin, des hospitalisations à temps plein peuvent être proposées, au cours desquelles les permissions de visite et de sortie sont évidemment autorisées. En effet, les professionnels de santé veillent avant tout à conserver la relation avec le coparent et le bébé, ainsi que le lien avec l’entourage.

Prévenir et anticiper les risques de dépression du post-partum

Lorsqu’elle ressent une souffrance dès la grossesse ou en cas d’antécédents dépressifs familiaux ou personnels, il est primordial que la future mère en parle lors du suivi à la maternité. L’équipe pourra alors lui proposer des consultations dites de « prévention ». Là encore, les équipes soignantes sont habituées et la prise en charge éventuelle est généralement acceptée par la femme enceinte. Si elle le souhaite, elle peut ainsi rencontrer un psychologue et/ou un pédopsychiatre pour l’aider à exprimer ses sentiments et émotions en lien avec sa grossesse.

Le coparent peut également être reçu s’il est lui-même en souffrance, ou pour mieux comprendre les symptômes de sa compagne et l’aider dans son accompagnement. Les prises en charge en PMI, en centres de consultations ou à l’hôpital, si elles sont nécessaires après l’arrivée de l’enfant, peuvent alors être anticipées et mises en place dès la naissance du bébé.

Enfin, si lors du séjour en maternité, après l’accouchement, vous vous reconnaissez dans les symptômes du baby blues, n’hésitez pas à en parler à l’équipe présente sur place. Même si c’est un état normal et transitoire, l’équipe est présente pour vous écouter, vous rassurer et vous donner des conseils préventifs si ce blues venait à durer ou à s’aggraver. Là encore, l’objectif est d’assurer une prise en charge la plus précoce possible afin que la mère, son conjoint et son bébé souffrent le moins possible des conséquences d’une éventuelle dépression du post-partum.

Lucille CLOAREC
Psychologue clinicienne
Saint-Cloud

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