Même si nous en entendons un peu plus parler, le burn-out parental reste encore tabou. Reconnaître être en difficulté dans son rôle de parent renvoie une impression d’échec et un sentiment honteux.
« Courir tout le temps : courir pour sortir du travail, courir pour le récupérer rapidement après l’école pour ses séances de rééducation, vite rentrer à la maison parce qu’il y a les devoirs. Les devoirs, ça dure des heures… J’en ai des crampes d’estomac rien que d’y penser. Courir, courir… avec cette impression que le temps passe trop vite, qu’on n’a jamais le temps de rien. »
Mais comment les parents en sont-ils arrivés à s’épuiser autant ?
Une société qui pousse au burn-out parental
Au cours de ces 40 dernières années, les modifications du rôle de la femme et de l’homme dans notre société ont engendré des changements profonds. La suppression de la notion de chef de famille signe la fin du patriarcat, ouvrant une nouvelle place aux femmes. La femme acquiert de nouveaux droits, notamment concernant la maternité.
L’évolution de la condition féminine, la prise de conscience de l’importance du rôle paternel auprès de l’enfant et la mise en place de droits pour l’enfant entraînent une véritable mutation de la parentalité. L’apport de nouvelles connaissances scientifiques concernant le développement de l’enfant ouvre de nouvelles possibilités. Grâce aux médias et aux réseaux, ces informations sont rapidement relayées. Il existe alors une véritable prise de conscience, et un regard particulier est porté par les parents sur l’éducation de leur enfant.
Parent, un rôle nouveau… mais épuisant !
L’évolution du rôle de parent amène à découvrir des termes nouveaux relayés par les médias : la communication non violente, la bienveillance, l’éducation positive… Il s’ensuit une surenchère éducative alimentée par des diktats sociaux : 5 fruits et légumes par jour, manger bio, pratiquer un sport, trouver la bonne école, etc.
Le cumul de ces injonctions vient augmenter le niveau de stress des parents et surtout des mères. Ils sont alors nombreux, forts de ces nouvelles informations, à espérer devenir des parents parfaits ou presque. Ils commencent par tenter de tout mettre en œuvre pour y parvenir. Mais comme le parent parfait n’existe pas, ils s’épuisent et mobilisent beaucoup d’énergie pour tenter d’atteindre leur idéal.
Les symptômes du burn-out parental
Le burn-out parental est un syndrome d’épuisement physique, émotionnel et mental du rôle de parent lié à une exposition prolongée et répétée à des situations vécues comme stressantes. Petit à petit, les situations de stress sont devenues omniprésentes dans la vie des parents. Leurs organismes n’arrivent plus à s’autoréguler, ils n’ont plus les ressources nécessaires et subissent donc toutes les conséquences physiologiques et psychologiques du stress.
Il leur devient alors nécessaire de mettre de la distance avec ce qui est la cause de leur stress : leur enfant. Ce mécanisme de défense leur envoie une image d’eux-mêmes complètement dévalorisante, car ils ne sont décidément pas les « bons » parents qu’ils rêvaient d’être. Le cercle vicieux s’installe et ils plongent progressivement dans le burn-out parental.
Les conséquences du burn-out parental
Les conséquences du burn-out parental sont physiques, cognitives et psychologiques. Les parents en burn-out se retrouvent dans l’impossibilité de faire face. Les stratégies d’adaptation qu’ils avaient mises en place auparavant ne fonctionnent plus. Ils ne voient plus les bons moments passés avec leurs enfants. Leur culpabilité vient encore aggraver leurs symptômes, finissant de dégrader l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Ils sont en souffrance et plongés dans un cercle vicieux, ils ne savent pas comment s’en sortir.
Chez les mères, les conséquences sont aggravées par la surcharge mentale qu’elles ressentent. Cette surcharge cognitive, toujours présente, vient aggraver leur sentiment d’incompétence. Le burn-out parental est alors au cœur des familles.
Le burn-out parental touche tous types de familles
Les familles monoparentales sont parmi les plus exposées. Travailler est une nécessité et l’enjeu est de combiner horaires de travail et mode de garde.
Les familles ayant un enfant atypique mènent un combat pour faire accepter leur enfant. L’intensité de leur engagement les fragilise.
Les familles adoptantes ou homoparentales ne dérogent pas à la règle non plus. Pour ces dernières, il leur faut encore coller à l’image d’une famille parfaite afin d’éviter d’être jaugées, et même jugées. Prendre soin de soi relève alors pour tous ces parents d’une véritable gageure !
Il n’y a pas de mode d’emploi pour être parent, chaque parent étant différent, chaque enfant étant unique. Il existe des solutions pour aider les parents dans leur parentalité et leur permettre de s’éloigner du burn-out parental. Il convient d’agir précocement, avant qu’ils se soient engouffrés dans la spirale infernale qui les mènera au burn-out parental.
*Duband Valérie, autrice-conférencière
“Parents épuisés : stop à la surenchère émotionnelle et éducative pour éviter le burn-out parental”. Paris: Eyrolles ; 2019.