Dans cet article, il va être question de violences sexuelles et de viols. Si vous ne vous sentez pas à l’aise ou que cela fait remonter des souvenirs douloureux, n’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels de santé. En cas de violences, vous pouvez contacter le 39 19.
Mot oublié des dictionnaires pendant de nombreuses années, il a ressurgi des bas-fonds de notre Larousse depuis l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, et c’est tant mieux ! Portée par les mouvements féministes, on a assisté peu à peu à la libération progressive de la parole des victimes de violences sexuelles.
Pour rappel, selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, c’est près de 94 000 femmes qui, au cours d’une année, sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol. Dans 91 % des cas, ces agressions sont perpétrées par une personne connue de la victime. Pour une agression sur deux, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits. Aujourd’hui, seules 12 % d’entre elles portent plainte.
Pourquoi vous donner ces chiffres ? Parce que la question du consentement est intimement liée à celle du viol.
Le consentement, c’est le fait de donner son accord à une action ou un projet. Dans l’intégralité des faits de violences, de harcèlement ou d’agression, tout part de là.
Que dit la loi ?
En France, depuis la loi du 21 avril 2021 visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste, aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel d’un enfant s’il a moins de 15 ans, ou moins de 18 ans en cas d’inceste. Les juges n’ont plus à établir une violence, une contrainte, une menace ou une surprise pour constater et punir le viol ou l’agression sexuelle.
Toutefois, la loi reste silencieuse sur le consentement sexuel des adultes. Actuellement, le défaut de consentement ne constitue pas en lui-même une condition pour qualifier une violence sexuelle.
Certains pays européens ont fait le choix d’inscrire dans leur loi pénale une référence au consentement libre et éclairé des personnes lors des relations sexuelles. Une proposition de loi relative au consentement sexuel des adultes présentée par Mme Esther Benbassa le 22 juin 2022 est en cours d’analyse.
Le consentement dans le couple
Malgré la sensibilisation à ces questions, on ne sait jamais ce qu’il se passe réellement à l’intérieur des foyers. Il est donc essentiel de se poser cette question : comment appliquer le consentement dans le couple ?
Dans un couple installé comme au début d’une relation, la notion de consentement est fondamentale : elle fait appel au respect.
Pour aller un peu plus loin que la définition du Larousse, le consentement, ce n’est pas seulement dire oui, c’est aussi en avoir véritablement envie. C’est l’alignement des envies entre sa tête et son corps, c’est l’expression d’un désir profond d’aller vers l’autre, c’est quelque chose qui vient des tripes.
À partir du moment où :
- Il y a l’exercice d’une pression psychologique de la part de l’autre ;
- La phrase « Il faut qu’on le fasse » vous vient ;
- Vous vous forcez ;
- Vous avez des rapports sexuels « pour avoir la paix » ;
- Vous recevez des menaces ;
- Vous le faites car vous avez lu dans un article de presse qu’un couple épanoui doit « faire x fois l’amour dans le mois » ;
- Vous le faites car vous avez peur de ne pas être normal·e ;
- Vous subissez du chantage avec une phrase du type « Si tu ne veux pas que j’aille ailleurs » ;
- Votre partenaire vous « fait la tête » car vous avez refusé ses avances ;
- Quelqu’un a fait usage de la force, de la drogue sur vous ;
- Vous avez été abusé·e en plein sommeil…
Dans toutes ces situations, il n’y a pas de consentement.
On entend parfois le dicton « L’appétit vient en mangeant » — or, on ne le sait que trop bien, manger lorsque l’on n’a pas faim peut mener à une indigestion, voire pire, à rejeter ce que l’on a mangé. Dans la sexualité, c’est pareil.
De nombreuses femmes connaissent des baisses de désir, et en creusant, on se rend compte que la plupart du temps, elles se forcent. C’est un cercle vicieux : plus on se force, plus on ressent du dégoût envers l’autre, plus on ressent du dégoût envers soi-même, moins on a envie, plus on se force, etc. Se forcer, c’est ne pas consentir.
La solution ? Apprendre à s’écouter, mais surtout, à respecter et affirmer ses envies. Ce n’est pas vous rendre service que de vous forcer, car au fond de vous, vous savez pertinemment que vous faites quelque chose à contre-cœur.
Parfois, il se peut que vous en ayez envie, et puis les minutes passant, vous changez d’avis. Là encore, c’est totalement légitime ! Il n’y a rien de plus beau qu’une femme ou un homme qui assume ses envies… et ses non-envies.
De la même façon, si vous sentez que votre partenaire hésite, essayez de dédramatiser la situation : « J’ai l’impression que tu n’en as pas vraiment envie et sache que si c’est le cas, il n’y a aucun souci. » Ces quelques mots auront certainement plus d’effet sur l’admiration que vous portera votre partenaire qu’un rapport sexuel non consenti.
Les petits gestes du quotidien
Nous avons beaucoup abordé la question sexuelle, mais le consentement est aussi valable pour tous les actes du quotidien : un baiser sur la joue, sur le front, sur la bouche, un câlin, se tenir la main, etc. On ne peut pas forcer quelqu’un à agir d’une façon qu’il ne souhaite pas ou qu’il estime être contre-nature.
Le consentement est avant tout une question de respect de l’autre et de respect de soi. On dit souvent que « le non est plus fort que le oui ». Dire non à une relation sexuelle, à des pratiques qui ne nous plaisent pas, devrait être considéré comme la normalité car il en va du respect de soi.
Margaux Terrou, sexologue clinicienne