Il est désormais admis, à la lumière des travaux entrepris en matière de neurosciences, que l’enfant a besoin d’être éduqué et élevé dans une démarche de bientraitance pour se construire. Le concept de sécurité affective et émotionnelle est lié aux recherches sur la théorie de l’attachement. Ces travaux et ceux qui en découlent ont clairement démontré deux notions :

  • Nous avons toutes et tous un besoin inné de sécurité affective ;
  • Lorsqu’une personne se sent bouleversée émotionnellement, instable ou anxieuse, son système nerveux réagit comme à une agression. L’insécurité émotionnelle peut donc entraîner des comportements inappropriés.

Alors comment offrir à son enfant cette sécurité affective et émotionnelle dont il a tant besoin ?

Établir un lien affectif fort en tant que parent

Les travaux sur la théorie de l’attachement suggèrent qu’il ne peut y avoir de lien « affectif » sans préalablement un lien « effectif », c’est-à-dire de l’attention réellement et authentiquement portée à l’enfant, une réponse stable, adaptée et cohérente à l’expression de ses besoins. Les actes parentaux doivent donc susciter chez l’enfant le sentiment de compter pour eux. Autrement dit, votre enfant doit se sentir valorisé, estimé, important pour vous : ce sont des conditions indispensables pour construire son sentiment de sécurité affective.

Avez-vous remarqué comme votre enfant est décrit comme particulièrement conciliant en milieu social, alors qu’il explose dans le huis-clos familial ? Cela peut s’expliquer par un sentiment de sécurité suffisamment fort à vos côtés pour s’autoriser enfin à lâcher le surplus de tensions et de stimulations accumulées dans la journée. Après tant d’efforts pour se conformer aux attentes sociales, enfin, il peut pleinement relâcher la pression sans qu’on le juge pour ses failles et ses faiblesses.

Cela étant dit, concrètement, comment faire pour accompagner votre enfant à construire un sentiment solide de sécurité ?

Créer les conditions d’un attachement « sécure »

Il ne s’agit pas ici de quantifier les démonstrations d’amour ou de juger de leur qualité, mais de développer une sensibilité à décoder les besoins exprimés par l’enfant. Il les exprime par ses pleurs lorsqu’il est nourrisson ou par l’opposition lorsqu’il grandit. Votre rôle est alors de lui apporter des réponses stables, cohérentes, prévisibles et bienveillantes.

Cela suppose que vous soyez effectivement proche de votre enfant, à portée de vue et de voix, votre attention dirigée vers lui. Lorsque votre enfant explore son environnement, il a besoin de sentir votre regard posé sur lui lorsqu’il se retourne pour vérifier à la fois votre présence et les signaux que vous lui renvoyez (de danger imminent, de sécurité, d’encouragement, etc.).

Cela vous permettra notamment de réagir à ses manifestations de mal-être en l’encourageant, en le guidant par vos consignes ou en intervenant. Tous ces comportements, jour après jour, apportent à votre enfant la certitude que quoi qu’il arrive, vous êtes là pour lui.

Prêter attention à l’environnement émotionnel

La sécurité émotionnelle ne concerne pas que l’enfant. Elle concerne aussi les relations entre adultes, notamment les parents, et leurs capacités individuelles à faire face à leurs propres émotions. En effet, votre enfant apprend de l’observation. Le modèle relationnel entre ses parents lui offre un premier modèle de ce que sont les liens et interactions entre les individus.

Aussi, grandir dans un climat émotionnel conflictuel ou difficile propose à l’enfant un schéma déformé des relations sociales, dans lequel il lui est difficile de s’épanouir.

De la même façon, si vous êtes en difficulté pour gérer vos émotions, de nature anxieuse ou impulsive par exemple, prenez le temps de réfléchir à la façon dont votre enfant est exposé à ces réactions. Il est possible de les travailler avec un professionnel de santé ou d’aménager votre façon d’y réagir. Par exemple, vous pouvez exprimer le besoin de vous isoler pour laisser libre cours à votre colère plutôt que de la laisser se dérouler dans la pièce de vie.

Penser à votre sécurité affective et émotionnelle, prendre soin de vous, de vos émotions et de vos relations aux autres, est donc un préalable indispensable.

Exprimer son amour inconditionnel

Pris dans le quotidien, beaucoup de parents ne pensent pas à dire à leur enfant que leur plus grand bonheur est de le savoir heureux, que leur plus grande joie est de l’entendre rire. Ils pensent que leurs comportements parlent pour eux et que l’enfant « sait » sans qu’ils n’aient besoin de le dire.

Prenez le temps de vous arrêter un instant et de dire à votre enfant que vous l’aimez et qu’il peut être fier de lui. « L’amour n’est pas une récompense, c’est un carburant ».

Pensez particulièrement à dire à votre enfant que vous l’aimez dans les situations où il a le plus de risques de craindre perdre votre amour : lorsqu’il a mal agi. Les erreurs font partie des apprentissages et c’est l’occasion de lui dire que vous avez confiance dans le fait qu’il y arrivera, lorsqu’il sera prêt et suffisamment exercé.

Valider les émotions de son enfant

La sécurité émotionnelle se vit à l’intérieur, et mettre en place des stratégies pour réguler ses émotions est le travail de plusieurs années. Aussi, même si vous ne comprenez pas pourquoi cette situation l’effraie, le met en colère ou le dégoûte, il est important de dire à votre enfant que vous avez compris qu’il était bouleversé.

Cela lui permet tout d’abord d’apprendre quelles sont les émotions qui le traversent, mais aussi de se sentir entendu et légitimé. Ensuite, vous pouvez poursuivre par « Moi aussi j’étais triste/ en colère / etc. lorsque … et faire … m’a permis de me sentir mieux. »

Vous aidez ainsi votre enfant à construire son intelligence émotionnelle :

  • en lui permettant de comprendre que chaque personne ne ressent pas les mêmes choses au même moment, mais que toutes sont traversées à un moment ou un autre par les mêmes émotions ;
  • en lui proposant des stratégies pour retrouver la stabilité émotionnelle.

Intégrer son enfant au sein de la famille

Le sentiment d’appartenance au clan familial favorise des liens affectifs forts, préalables au sentiment de sécurité affective. Pour cela, votre enfant a besoin de se voir confier des activités, de prendre part aux actes de la vie quotidienne, même si cela a tendance à vous ralentir dans leur réalisation. C’est probablement le moment de lâcher prise sur vos attentes et de redéfinir les critères d’une maison bien tenue !

Si vous y arrivez, essayez de vous octroyer chaque jour, comme un rituel, un quart d’heure en tête-à-tête avec chaque membre du foyer. Évitez les distractions, soyez juste pleinement dans le partage d’une activité qu’il apprécie. Cela renforce son sentiment qu’il compte pour vous et que vous vous intéressez à ce qui l’intéresse et qui fait partie de lui.

Michèle Prados, infirmière puéricultrice

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