L’utilisation de la tétine suscite souvent des débats parmi les parents et les experts en puériculture. Cet accessoire, tout en procurant réconfort et apaisement, peut aussi soulever des interrogations quant à ses effets à long terme. Dans cet article, découvrez les avantages de la tétine pour le bien-être du bébé et des parents, ainsi que des conseils sur le choix, l’utilisation appropriée et le moment recommandé pour arrêter son utilisation.

Pourquoi proposer la tétine à son bébé ?

Téter est un comportement instinctif, présent dès avant la naissance. Il n’est pas rare en effet d’observer, au cours d’une échographie, que le bébé suce son pouce ou, plus insolite, son orteil ou son cordon ombilical.

Téter procure au bébé de l’apaisement, et parce que c’est une sensation qu’il a généralement déjà éprouvée in utero, elle va le rassurer lorsqu’on lui présentera le sein, le doigt ou la tétine à sucer.

Proposer une tétine à son bébé a donc cet avantage d’apporter du réconfort. Les premières semaines de vie, sucer sa tétine est aussi très efficace en prévention de la douleur lors d’une prise de sang ou d’une vaccination par exemple.

Enfin, plusieurs études suggèrent que la tétine a un effet protecteur dans le risque de mort inattendue du nourrisson. En effet, une partie du cerveau du bébé est maintenue en alerte pour réactiver la succion dès que la tétine est sur le point de tomber de la bouche – c’est ce même état d’alerte qui permettra à l’enfant de dégager ses voies respiratoires.

D’autres enfants préfèreront téter directement la langue au palais, sucer leur pouce, un doigt, un morceau de tissu… Peu importe le moyen, l’important étant qu’un bébé apaisé fait des parents sereins et réciproquement. On sait combien les pleurs d’un bébé peuvent être difficiles à supporter pour les parents, et l’apaisement que procure la tétine figure parmi les moyens efficaces de prévention des violences infantiles.

Quelle tétine choisir ?

Toutes les tétines ne se ressemblent pas. Certaines ont une téterelle symétrique (dite anatomique), d’autres biseautée (dite physiologique). Certaines sont en latex, d’autres en silicone. De quoi y perdre son latin !

Le choix de la taille de la téterelle importe peu, du moment que votre enfant reste confortable avec la sienne. Ainsi certains gardent une tétine estampillée « nouveau-né » sans que cela ne pose de problème particulier.

En revanche, la forme de la tétine a davantage d’importance : en effet, les formes de téterelles ont été maintes fois révisées pour respecter la forme que prendrait naturellement la langue sur le palais, de sorte d’y exercer toujours moins de pression, et ainsi de respecter l’arcade dentaire.

  • La téterelle physiologique est celle qui épouse le mieux la forme du palais, garantissant une succion ergonomique, à condition que bébé tète du bon côté.
  • S’il a tendance à vouloir retourner sa tétine dans sa bouche, une téterelle anatomique est préférable.
  • Notez que les téterelles en silicone sont plus fines et plus souples que celles en latex, afin de parfaire un usage aussi physiologique que possible de la tétine, même lorsqu’elle est de forme anatomique.
  • Les téterelles en forme de « cerise » (forme d’une grosse goutte symétrique non aplatie) sont les moins adaptées et tendent d’ailleurs à disparaître.

Comment utiliser la tétine ?

Avant de proposer la tétine à votre enfant, il est conseillé de vérifier quelques points.

Les besoins exprimés par l’enfant

Quels besoins sont exprimés par ses pleurs ou son agitation ? A-t-il faim ? Besoin d’être changé ? De votre proximité ? Est-il fatigué ? Ou au contraire a-t-il besoin d’entrer en interaction avec son environnement ? Dans toutes ces situations, proposer la tétine ne correspond pas au besoin de votre bébé.

L’état de la tétine

Si elle est altérée, percée ou fendue, elle doit être immédiatement remplacée pour éviter tout risque d’inhalation.

La propreté de la tétine

La tétine est-elle propre (lavée à l’eau chaude et savonneuse puis rincée) ? Attention, votre salive contient des bactéries naturellement présentes, qui ne sont pas les mêmes que celles qui composent la flore de votre tout-petit : utiliser votre bouche pour « rincer » sa tétine n’est donc pas souhaitable.

Il est également déconseillé d’enrober la tétine de sucre, de miel, de lait ou de sirop, car ces pratiques favorisent l’apparition de caries dentaires !

Le risque de strangulation

Si vous faites le choix d’utiliser une attache-tétine, la lanière ne doit pas excéder 11 cm (norme de sécurité NF EN 12586/2007) et ne doit pas être elle-même fixée à un autre objet (lange ou doudou) qui augmenterait la longueur de l’ensemble.

La possibilité pour l’enfant d’entrer en interaction

Proposer la tétine à un nourrisson est un des moyens de lui procurer de l’apaisement, en plus de la proximité physique et affective que lui propose son parent. Tout simplement parce qu’un parent excédé par les pleurs et tendu aura du mal à apaiser son tout-petit, la tétine vient abaisser le niveau de pleurs, renforcer le sentiment de compétence du parent, abaisser son niveau de stress et celui de l’enfant. La tétine est donc un support, mais en aucun cas un substitut au parent.

Plus tard, à partir de 12-18 mois, votre enfant va prononcer ses premiers mots… s’il en a la possibilité. Pour cela, il faut qu’il puisse exercer le placement de sa langue en répétition des mots qu’il entend, pour les reproduire silencieusement ou à haute voix.

Aussi, il est important, dès lors que les processus d’attachement sont installés de façon suffisamment sécure (autour de 15 mois), d’éviter que votre enfant garde sa tétine lors des moments d’éveil, de jeu, d’échange, de lecture, de comptines.

Essayez de ritualiser des moments sans tétine, tout en lui permettant de la prendre dans les temps calmes qui précèdent le sommeil, les petits coups de fatigue, les chagrins, les besoins de réassurance. Un câlin, doudou, tétine, et ça repart pour de nouvelles aventures !

Jusqu’à quel âge utiliser la tétine ?

On ne connait pas d’adolescent sans retard de développement qui utilise encore la tétine, n’est-ce pas ? L’enfant va naturellement s’en détourner lorsqu’il sera prêt, souvent entre 2 et 7 ans.

Pour aider votre enfant, invitez-le sans le dénigrer à retirer sa tétine pour parler, pour jouer, etc. Cela le conduit à une utilisation plus limitée de la tétine, présente dans le lit ou dans le sac de maternelle, pour la sieste et les besoins plus intenses de réassurance, l’enfant étant capable le reste de la journée de s’occuper sans penser à sa tétine.

À l’âge de 3 ans, le premier rendez-vous chez le dentiste prévu par l’Assurance Maladie est une excellente occasion de faire le point sur l’usage de la tétine et de vérifier – si votre enfant l’utilise toujours – qu’elle ne contrarie pas le développement de sa dentition.

Michèle Prados, infirmière puéricultrice

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