La plagiocéphalie (du grec « plagios », oblique, et « kephalê », tête) est un phénomène fréquent, apparaissant chez l’enfant durant la grossesse ou dans les premiers mois de la vie. Également appelée « syndrome de la tête plate », il s’agit d’une déformation crânienne souvent due à la position prolongée sur le dos. Dans cet article, découvrez toutes les clés pour bien comprendre la plagiocéphalie et la prévenir chez votre nourrisson. 

Qu’est-ce que la plagiocéphalie ?

Pour qu’un enfant puisse naître par les voies naturelles et que son cerveau puisse se développer rapidement au cours de ses deux premières années, les os de son crâne sont très malléables. Ils se moulent en fonction des contraintes exercées. Cette malléabilité peut cependant avoir un effet indésirable : la plagiocéphalie.

Elle se caractérise par la présence d’un aplatissement sur l’arrière ou sur un côté de la tête, qui peut s’accompagner d’une asymétrie d’une partie du visage, incluant le front, l’oreille et l’œil. Environ 4 nouveau-nés en bonne santé sur 10 développent cette déformation (75 % de garçons et 25 % de filles).

On les classe suivant leur degré de déformation : de plagiocéphalie légère à plagiocéphalie sévère. Ces déformations sont temporaires et généralement réversibles avec des mesures appropriées.

Quelles sont les causes du syndrome de la tête plate ?

La plagiocéphalie peut avoir plusieurs causes.

  • Des causes positionnelles ou posturales : dans ce cas, les déformations crâniennes sont dues à des pressions extérieures contre les os mous de la tête du bébé. Elles peuvent notamment s’expliquer par la position du fœtus dans l’utérus. Elles sont aussi plus fréquentes en cas de grossesse multiple. 

Elles peuvent également s’expliquer par la position couchée sur le dos dans les semaines qui suivent la naissance. Les associations de parents ont indiqué une augmentation considérable des cas de déformations positionnelles, notamment liée au changement des recommandations sur la position de couchage des bébés. Depuis les années 90, il est en effet préconisé de ne pas coucher les bébés sur le ventre afin d’éviter la mort subite du nourrisson, entraînant ainsi une hausse significative des cas de plagiocéphalie de 600 % en 20 ans ! Un certain nombre de précautions permettent d’éviter ce type de déformations, mais attention toutefois à bien continuer de respecter le couchage sur le dos.

Ces déformations sont plus fréquentes qu’on ne le pense, puisqu’elles touchent environ 20 % des bébés à l’âge de 4 mois. Les déformations les plus légères se résorbent d’elles-mêmes au cours de la croissance. 

  • Des malformations congénitales : les déformations sont alors dues à une fermeture prématurée d’une ou plusieurs fontanelles (également appelées craniosténoses). Contrairement aux déformations positionnelles, les craniosténoses peuvent provoquer des problèmes neurologiques et doivent être traitées par une intervention chirurgicale avant l’apparition de complications. C’est pourquoi il est primordial qu’elles soient diagnostiquées le plus tôt possible.

Les symptômes de la tête plate du bébé

La déformation crânienne est généralement visible aux alentours des 6 à 8 premières semaines de l’enfant. C’est à partir de cet âge que les premiers symptômes peuvent être détectés à l’œil nu. 

Les signes de plagiocéphalie peuvent être les suivants : 

  • Un aplatissement sur un côté ou sur l’arrière du crâne ;
  • Des difficultés à tourner la tête des deux côtés ; 
  • Une avancée de l’oreille du côté atteint, plus proche du visage que l’autre oreille ;
  • L’apparition d’une bosse « de compensation » sur le front du côté de la déformation ;
  • La tête du bébé qui prend la forme d’un « parallélogramme ».

Les conséquences pour un bébé à la tête aplatie

De nombreux articles scientifiques ont montré que les déformations positionnelles pourraient avoir des répercussions à long terme. L’impact le plus évident serait esthétique et pourrait engendrer des troubles psychologiques et des difficultés sociales, mais aussi un retard de développement moteur, des troubles de l’équilibre, des difficultés d’apprentissage du langage, etc.

Il existe heureusement différents moyens de prévenir l’apparition de la plagiocéphalie chez les nourrissons. 

Comment prévenir la plagiocéphalie positionnelle ?

La prévention de la plagiocéphalie est simple et consiste en deux actions :

  • Pendant les périodes d’éveil, variez les positions de votre enfant tout au long de la journée. 
  • Encouragez votre bébé à tourner la tête de tous les côtés, que ce soit en position allongée, au moment de l’allaitement ou du biberon, durant les jeux, lors des changements de couche ou lorsqu’il est porté.

Quand votre bébé dort : « dodo sur le dos »

  • Couchez toujours votre bébé sur le dos mais la tête tournée vers la gauche ou vers la droite (alterner entre chaque dodo), sur un matelas ferme, dans une turbulette ou gigoteuse. 
  • Ne mettez rien dans son lit (ni peluches, ni jouets) pour éviter qu’il les attrape et s’étouffe.
  • N’utilisez pas de réducteur de lit, de cale-tête ou de cale-bébé : il pourra ainsi bouger librement.
  • Laissez-le regarder dans toutes les directions, sans tour de lit.
  • Vous pouvez alterner la position de sa tête, en l’orientant une nuit vers la tête du lit, puis le lendemain vers le pied du lit.

Les gestes simples au quotidien

  • Quand votre bébé est éveillé, favorisez la motricité libre. 
  • Lors des activités de jeu au sol, variez ses positions : vous pouvez disposer ses jouets autour de lui afin de l’inciter à regarder sur les côtés.
  • Habituez-le progressivement à être sur le ventre, lors du change par exemple : il se musclera ainsi le cou et le dos.
  • Prenez-le souvent dans vos bras.
  • À chaque biberon ou tétée, pensez à changer de bras : votre bébé tournera la tête pour capter votre regard.
  • Limitez au maximum le temps passé dans du matériel de puériculture (transat, baby-relax, cosy…) et réservez les sièges-coques aux transports en voiture.

Le diagnostic de la plagiocéphalie chez le bébé

Quand consulter un médecin ?

Si vous observez des signes de plagiocéphalie chez votre enfant, si la déformation ne s’améliore pas avec des mesures préventives ou encore si votre bébé montre des signes de torticolis, il est important de consulter votre pédiatre pour exclure une craniosténose (une anomalie congénitale rare provoquant la fusion prématurée des plaques du crâne).

Vous pouvez prendre rendez-vous chez un pédiatre ou un ostéopathe spécialisé dans la prise en charge de nourrissons, qui l’examinera et vous conseillera. 

Importance du diagnostic précoce

La prise en charge précoce, dans les 3 à 6 premiers mois, donne des résultats rapides. Le crâne, alors très malléable, se reconfigure plus facilement. Le suivi ostéopathique aide à libérer les tensions et favorise un développement crânien harmonieux.

Le diagnostic de la plagiocéphalie se fait généralement par un examen clinique. Les professionnels de santé utilisent des mesures comme l’Indice d’asymétrie de la voûte crânienne (CVAI) pour évaluer la sévérité de la déformation. Dans la plupart des cas, les radiographies, scanners CT et IRM ne sont pas nécessaires. Une évaluation clinique et visuelle suffit pour diagnostiquer la plagiocéphalie et planifier un traitement approprié​.

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Les traitements pour la plagiocéphalie

Cette première consultation permettra d’évoquer les traitements possibles en fonction de la sévérité de la déformation crânienne

  • Apprentissage des gestes à adopter au quotidien par les parents ;
  • Séances de kinésithérapie pour les cas de torticolis, à compléter éventuellement par des séances d’ostéopathie ; 
  • Consultation auprès de spécialistes pour les formes les plus sévères, pouvant par exemple mener à un traitement par casque moulant pour plagiocéphalie (orthèse crânienne).  

Combien de temps pour retrouver un crâne rond ?

La plagiocéphalie disparaît généralement vers l’âge de 2 ans avec une prise en charge adaptée. La durée pour retrouver un crâne rond varie entre 3 et 6 mois, selon la gravité et les mesures correctives. Certains facteurs peuvent influencer la guérison :

  • Plus la prise en charge commence tôt, plus le traitement sera efficace.
  • Les cas légers se résorbent plus rapidement.
  • La régularité est primordiale, qu’il s’agisse d’un repositionnement, d’exercices et/ou du port d’une orthèse crânienne.

Pour éviter la plagiocéphalie, le mieux reste d’adopter les gestes simples de prévention consistant à varier les positions du bébé au cours de la journée et à lui permettre de bouger sa tête librement. L’attention des parents est donc essentielle, ainsi que le suivi médical qui permettra de mettre en place un traitement le cas échéant. 

Ressources:

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