Après un long séjour à l’hôpital et souvent quelques frayeurs, votre enfant est enfin prêt à rentrer à la maison. Un réel soulagement, un grand bonheur, mais aussi une source d’angoisse pour les parents…
Si votre bébé peut sortir de l’hôpital, c’est que l’équipe médicale estime que son état de santé est suffisamment stable pour ne plus avoir besoin d’une surveillance médicale ou de machines pour l’aider à respirer. Il est désormais autonome sur le plan cardiovasculaire et alimentaire.
Votre enfant est maintenant considéré comme un bébé né à terme – avec une santé un peu plus fragile. Vous allez pouvoir faire connaissance avec lui et prendre soin de ce bébé comme tout autre parent. Il est prêt à découvrir son cocon familial.
Bien se préparer au retour à la maison
Avant le retour à domicile, il est important de vous rapprocher d’un professionnel de santé. Vous pouvez prendre contact avec le centre de PMI (Protection Maternelle et Infantile) le plus proche de chez vous. Une puéricultrice pourra vous accompagner pour organiser au mieux ce retour et être votre interlocutrice en cas de besoin.
Néanmoins, il existe des cas particuliers où le bébé a encore besoin de soins spécifiques pour s’alimenter ou s’oxygéner. Une hospitalisation à domicile avec des puéricultrices peut alors s’organiser.
Comme pour tous les bébés, mais encore davantage pour un prématuré, l’arrivée au domicile peut perturber son rythme de sommeil et de digestion. Il va avoir besoin d’un temps d’adaptation à son nouvel environnement. Votre enfant n’a connu jusqu’à présent qu’un environnement médical avec des bruits de machines, de scopes, de nombreuses voix inconnues… Il peut parfois pleurer beaucoup et il est très important de faire preuve de patience !
Vous devez refaire connaissance avec votre bébé dont vous avez été séparés quelques jours, parfois quelques semaines. Il lui faut trouver ses marques dans son nouvel environnement familial. Il a besoin de beaucoup d’attention, d’affection, de tendresse de votre part, dans un contexte calme et sécurisant pour qu’il puisse bien se développer.
Vous pouvez poursuivre les moments de peau à peau le plus possible. Il est important de le considérer comme un enfant né à terme, tout en sachant qu’il est fragile et qu’il présente un peu plus de risques infectieux digestifs (gastro-entérites) et respiratoires (bronchiolite) que des bébés réellement nés à terme.
Le sommeil du bébé prématuré
Il est conseillé que votre enfant dorme à côté de vous jusqu’à ses 6 mois, dans un lit adapté à son âge (c’est la technique du « cododo »). Vous devez le coucher sur le dos, à plat sur le matelas, sans oreiller ni couette. Il peut être mis dans une turbulette ou un surpyjama. En néonatologie, votre bébé a été installé dans un cocon pour le sécuriser. À la maison, vous pouvez l’emmailloter dans une couverture. N’hésitez pas à demander à un professionnel de vous montrer la technique d’emmaillotage.
La chambre doit être aérée régulièrement lorsque l’enfant est hors de la pièce. Dans la mesure du possible, la température de la pièce doit avoisiner les 19°C.
Le rythme jour/nuit d’un bébé prématuré peut mettre du temps à s’installer. Votre enfant peut rencontrer des difficultés d’endormissement pendant les premières semaines. Il faut lui laisser le temps de s’adapter à son nouvel environnement. Lors de son séjour en néonatologie, votre bébé recevait des soins la nuit. Il a donc l’habitude des nuisances sonores et visuelles telles que les alarmes des scopes et la lumière. De ce fait, le silence peut être source d’anxiété : vous pouvez lui proposer une veilleuse ou une musique pour le rassurer.
L’alimentation du bébé prématuré
Si vous avez fait le choix de l’allaitement maternel, vous aurez peut-être besoin de poursuivre votre stimulation au tire-lait et de compléter les tétées avec votre lait à votre retour. Il vous sera utile et bénéfique de vous rapprocher d’une puéricultrice, d’une sage-femme ou d’une consultante en lactation pour vous accompagner dans votre projet d’allaitement.
Si vous avez choisi le lait artificiel, le pédiatre vous a prescrit un lait spécifique pour prématuré. Il est conseillé de le lui donner jusqu’à ses 3 kg.
Dans tous les cas, le prématuré a besoin de boire plus souvent et de plus petites quantités, car son estomac est tout petit. Il est important de le nourrir à la demande et de repérer les signes d’éveil : mouvements de succion, mains au visage, attitudes en flexion… Mais ne le forcez pas. Rassurez-vous, un bébé mange toujours à sa faim.
Il est fréquent que les bébés prématurés souffrent davantage de troubles digestifs tels que régurgitations ou constipation. N’hésitez pas à en parler à votre pédiatre ou à une puéricultrice.
L’hygiène de vie du bébé prématuré
Le bébé prématuré est plus fragile sur le plan infectieux. Vous devez bien vous laver les mains avant et après l’avoir changé ou nourri.
Votre enfant est aussi plus fragile sur le plan respiratoire. Il est primordial qu’il grandisse dans un environnement sans tabac.
Si vous êtes enrhumés, il est préférable de porter un masque.
Vous pouvez sortir votre bébé tous les jours, dans une tenue adaptée à la saison. Cependant, essayez d’éviter les endroits confinés comme les transports ou les magasins.
Le suivi médical d’un bébé né prématurément
- Le développement neuro-psychomoteur
Pendant les deux premières années, on observe souvent chez les bébés prématurés un décalage entre l’âge calculé depuis la date de naissance et l’âge de développement réel (qu’on appelle âge corrigé). Pour surveiller son développement, le médecin se référera à l’âge corrigé, ce qui correspond à l’âge que votre bébé aurait s’il était né à terme. Ce décalage s’amenuise pour disparaître complètement dès que l’enfant a acquis la marche puis le langage.
Selon le terme de naissance (moins de 34 semaines d’aménorrhée), votre enfant doit être suivi par un médecin d’un CAMSP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce) ou par un médecin membre d’un Réseau de Périnatalité. Un suivi jusqu’à 6 ans par un neuropédiatre, un orthophoniste ou un psychologue vous sera proposé en fonction de ses besoins.
Selon ses antécédents, votre enfant peut également avoir besoin d’un suivi médical par un cardiologue ou un ORL.
- La vaccination
Le schéma vaccinal est différent chez les prématurés nés avant 34 semaines d’aménorrhée. Votre enfant n’a pas pu recevoir les anticorps que la mère transmet normalement lors du 3e trimestre de la grossesse. Par conséquent, en plus des deux injections obligatoires à 2 et 4 mois, une 3e dose à l’âge de 3 mois sera ajoutée. Le reste du schéma vaccinal est identique.
Afin de prévenir les bronchiolites, il est conseillé de vacciner votre enfant avec un vaccin contre le VRS (Virus Respiratoire Syncytial).
- Le mode de garde
En principe, l’accueil en collectivité est déconseillé la première année, surtout si votre enfant souffre de problèmes respiratoires. Toutefois, en fonction du niveau de prématurité et en l’absence de pathologie, il pourra rejoindre sans difficulté une collectivité.
Pour vous aider…
L’association SOS PREMA numéro vert 0800 966 060 peut vous accompagner dans le suivi de votre enfant.
Melinda DEKERLE – Infirmière puéricultrice – Paris