En référence au désormais bien connu burn-out professionnel, il existe un état de profond mal-être que l’on a nommé burn-out parental.
Même si les jeunes pères sont bien plus concernés aujourd’hui par la parentalité que les générations précédentes, il faut savoir que le burn-out est encore majoritairement maternel. Et bien qu’il existe un partage plus équitable des tâches, il revient souvent aux mères de les penser, de les organiser et de les anticiper : c’est ce que l’on appelle la charge mentale.
Les principales causes du burn-out parental
Mener de front la carrière et la parentalité
Aujourd’hui, les femmes ont conquis le droit de revendiquer des positions professionnelles élevées dans la hiérarchie. Le choix de mener une carrière dans laquelle elles souhaitent s’investir est désormais une évidence. Et lorsqu’arrive un enfant, elles se retrouvent confrontées à des choix quelquefois douloureux. Mener de front les contraintes horaires et intellectuelles d’un travail avec les exigences liées à la maternité et à la famille est source de conflit intérieur – ou de couple.
Il est désormais assez banal de décrire le retour à la maison après le travail comme « la deuxième journée qui commence ». Surveiller l’heure pour quitter le travail à temps pour récupérer le petit à la crèche, l’aîné à l’école, passer faire quelques courses, s’occuper de quelques devoirs scolaires, envisager le dîner, le bain des enfants… La liste des tâches est longue !
Les pères sont de plus en plus impliqués, nous l’avons dit. Un progrès récent est l’allongement du congé de paternité à 28 jours – encore faut-il que les jeunes pères le prennent ! Mais la « volonté » sociétale semble aller dans le bon sens. Certains pays d’Europe ont décidé d’allonger le congé des deux parents (les pays scandinaves essentiellement). L’objectif est clair : la parentalité mérite de se partager équitablement.
Le désir de perfection
Une autre pression s’exerce sur les jeunes parents : le désir de perfection dans la prise en charge et l’éducation des enfants. Nous sommes continuellement abreuvés d’informations sur la manière d’élever les enfants pour solliciter et déployer au mieux leur potentiel.
Les « parents parfaits » sont ceux qui auront inscrit leur bébé dans un jardin d’enfant bilingue (même si cela impose un long trajet matin et soir), qui emmènent leur enfant au judo, au piano et au cours de danse, qui font une cuisine maison, si possible bio, qui n’oublient pas que l’équilibre passe par le sport, le yoga ou la méditation… Bref, les obligations s’empilent, la « to do list » s’allonge et le burn-out guette.
Les symptômes du burn-out parental
Jusqu’à présent réservé aux syndromes dépressifs profonds et brutaux liés au travail, il s’agit là aussi d’une authentique dépression. Celle-ci survient chez des parents qui se sentent épuisés, dépassés, déçus d’eux-mêmes, de leur enfant, et du climat d’incompréhension et d’hostilité qui règne dans leur famille.
Le symptôme principal est la fatigue. Les parents sont épuisés, ne dorment pas assez ou dorment mal, et se plaignent d’un profond manque d’énergie vitale. Ces parents disent pourtant tout donner à leurs enfants et semblent avoir atteint une limite qu’ils n’ont pas anticipée, celle du corps qui lâche.
Les autres symptômes sont souvent directement liés à l’état d’épuisement : des symptômes physiques divers (on dit volontiers qu’ils « somatisent ») comme les maux de dos, les migraines, les troubles digestifs, etc.
Ces symptômes sont assez similaires à ceux d’une dépression classique. La différence réside dans le fait qu’ils prennent naissance à l’occasion de l’exercice de la parentalité. Être parent devient un poids, une charge tellement lourde que le père ou la mère ne se sentent plus capables d’être à la hauteur, n’en n’ont plus envie, deviennent indifférents. Dans les cas extrêmes, ils en viennent même à détester leur enfant… et à se détester eux-mêmes de ressentir cela !
C’est un véritable cercle vicieux : un parent en burn-out nourrit de la rancœur contre son enfant, et dans la minute d’après culpabilise terriblement de penser cela.
Burn-out maternel et burn-out paternel
Il existe une dépression post-partum chez le père, tout comme chez la mère. De la même manière, le burn-out peut survenir chez les deux parents, en fonction de leur investissement dans la parentalité. Toutefois, cela ne se présente pas tout à fait de la même manière chez les mères et les pères.
Le burn-out maternel est généralement beaucoup plus émotionnel que celui du père. Une maman en burn-out pleure très facilement, s’énerve, se sent désespérée, pas à la hauteur, est en perte d’estime de soi de façon rapide et profonde. Mais elle en parle facilement, se confie, cherche de l’aide, s’agite beaucoup…
Un papa en burn-out va plutôt perdre le sommeil, souffrir physiquement (lumbago immobilisant par exemple) et se mettre fréquemment en colère. Il peut aussi y avoir des comportements de fuite : une consommation d’alcool ou de cannabis qui devient excessive, une fuite du domicile dans le travail ou le sport à outrance.
Il a également été révélé que le burn-out paternel augmenterait le risque de relations extra-conjugales. Même si la grossesse est désirée par le papa, les nouvelles responsabilités qui lui incombent peuvent entraîner une fuite de l’engagement familial. Face à cet engagement fort qui prend naissance en même temps que l’enfant, l’envie de retrouver la vie d’avant peut faire surface pour retrouver une forme d’insouciance. La nostalgie de la vie célibataire peut s’exprimer par un besoin d’en profiter pleinement de manière urgente, comme avant l’arrivée du bébé (perçu chez certains pères comme contraignant).
Ce phénomène peut également être expliqué par un décalage ressenti dans certains couples suite à la naissance de l’enfant. La jeune mère peut souffrir d’une baisse de libido expliquée par une chute hormonale et une charge mentale élevée, quand celle de l’homme peut être faiblement impactée. Le stress, l’éloignement physique au sein du couple et la rupture du dialogue (les discussions étant centrées sur l’enfant) peuvent générer une baisse d’estime de soi des deux partenaires.
Cela ne veut pas dire qu’un papa en burn-out ne peut pas se sentir juste déprimé et triste, mais cette forme est plus rare. Un homme, même en situation de « craquage », exprime moins ses ressentis, et parfois même n’y a pas vraiment accès ! Et quand c’est le cas, il n’ose pas en parler à sa partenaire, ou rarement, ou trop tard… lorsque les symptômes se sont déjà bien installés.
Pour savoir comment vous faire aider en cas de burn-out parental, vous pouvez consulter cet article.