Saviez-vous que dans de nombreuses cultures, avoir des jumeaux est synonyme de fertilité et de bonnes récoltes ?
Seule une grossesse sur 89 donne naissance à des jumeaux (en dehors des grossesses obtenues par les procréations médicalement assistées). Dans un tiers de ces grossesses, les jumeaux sont dits « monozygotes », c’est-à-dire issus de la fragmentation d’un même œuf. Ce sont ces jumeaux qui arborent parfois une ressemblance très troublante. Les jumeaux « hétérozygotes », au contraire, proviennent de deux œufs fécondés séparément. Là, les jumeaux peuvent être très différents : un garçon et une fille par exemple, ou un blond et un brun.
Rentrer à la maison avec deux bébés, est-ce si différent que de rentrer avec un seul ?
Avec le simple bon sens, on peut répondre OUI – en commençant par tout multiplier par 2 : le matériel de puériculture, les vêtements, mais aussi les couches, les biberons, etc.
Une question va très vite émerger, et il sera bien difficile d’y répondre : doit-on séparer ces jumeaux ? Doit-on procéder différemment pour chaque bébé ou au contraire doit-on faire pareil pour les deux ?
Tous les deux ont passé près de neuf mois côte à côte dans votre ventre : ils ont donc entendu votre rythme cardiaque, mais aussi celui de leur frère ou sœur. Ils se sont blottis l’un contre l’autre pendant tout ce temps. Alors, sans hésitation, sentez-vous libre de les faire dormir dans le même lit pour le moment si cela les rassure et les calme.
Le Dr Marie-Laure Colaiadovo, pédopsychiatre, avance une réponse :
« (…) Accorder toute son importance au tissage du lien de la mère avec chaque enfant et au couple de jumeaux, être à l’écoute de chacun sans les comparer entre eux, éviter la rivalité. Être nés le même jour ne signifie pas être identiques ». Même s’ils peuvent l’être – génétiquement parlant.
Obtenir de l’aide dès la sortie de la maternité
Il existe une association, « Jumeaux et plus », qui propose des aides de toute nature : une permanence allaitement, des réunions de parents, des consultations psychologiques, des parents « relais » bénévoles, la mise à disposition de poussettes, des braderies de vêtements, etc.
Votre entourage, votre famille et vos amis peuvent aussi vous aider en fonction de leurs disponibilités.
Vous avez également droit à des aides financières, que vous pouvez solliciter principalement auprès de votre Caisse d’allocations familiales. N’hésitez pas à interroger aussi votre mutuelle et la mairie de votre ville : il y a parfois des crédits dédiés.
Avant de quitter la maternité, il est important de prendre contact avec une sage-femme. La maternité vous proposera certainement une sage-femme dans le cadre de l’hospitalisation à domicile. N’hésitez pas à questionner l’équipe médicale pour savoir comment mettre en place les visites à domicile.
Ensuite, la PMI (Protection Maternelle et Infantile) de votre ville pourra prendre le relais avec une puéricultrice.
Nourrir des jumeaux
Les jumeaux naissent souvent prématurément – qu’il s’agisse d’une mise en travail spontanée ou parce que la naissance nécessite d’être déclenchée. Les décisions de césariennes sont fréquentes, selon la manière dont les jumeaux se présentent.
Votre séjour à la maternité est plus long et le poids de naissance de vos bébés est souvent inférieur à 2500 g. Ceci peut constituer un stress supplémentaire pour les parents. La sage-femme assurera le suivi de vos nouveau-nés en les pesant généralement tous les 2 jours, afin de vérifier leur bonne croissance.
Leur alimentation devient alors un enjeu primordial. Vous pouvez allaiter vos deux enfants, si possible en même temps. Et parce que ce n’est pas toujours évident et que les difficultés possibles sont multipliées par deux, n’hésitez pas à solliciter l’aide d’une consultante en lactation. Si vous vous êtes décidée pour un allaitement maternel, prenez contact avec elle dès votre séjour à la maternité – les professionnels de santé pourront facilement vous proposer des contacts.
Vous pouvez également choisir de donner des biberons constitués de lait enrichi jusqu’à ce que les bébés pèsent 3000 g. Enfin, vous pouvez faire le choix d’une alimentation mixte : allaitement maternel et compléments de lait enrichi.
Autant que faire se peut, essayez de les nourrir en même temps : cela vous permettra de vous reposer davantage. Il s’agit déjà d’un challenge en soi lorsqu’il n’y a qu’un seul enfant, alors lorsqu’il y en a deux… !
Ne pas négliger ses temps de repos
Pour être disponible et pouvoir vous occuper d’eux, le sommeil est primordial. Lorsqu’ils dorment, ce n’est pas le moment de vous lancer dans une séance de ménage, de vous acquitter des tâches administratives ou encore de cuisiner de bons petits plats. Encore une fois, votre repos est prioritaire sur toute autre tâche !
Soyez entourée, sollicitez votre partenaire, vos amis, vos proches – vous constaterez par vous-même que l’enjeu se situe dans la durée. Il serait dommage de « craquer » au bout de quelques semaines parce que vous aurez absolument voulu « assurer ». La solidarité familiale et amicale doit jouer à plein – et il y a aussi les associations, à qui il est intéressant de faire appel.
Selon vos moyens, n’hésitez pas à prendre une aide familiale. Vous pouvez interroger à ce sujet votre mutuelle : une aide à domicile est parfois prévue dans votre contrat dans ce type de situation – mais aussi en cas de maladie.
Prendre en compte son premier enfant
Si vos jumeaux ont déjà une sœur ou un frère aîné(e), il ne s’agit pas de l’oublier : lui aussi a grand besoin de votre amour et de votre attention. L’arrivée dans la famille d’un nouvel enfant – a fortiori de deux – est pour lui aussi un moment particulier et déstabilisant.
Votre premier enfant vous demandera d’autant plus d’attention qu’il aura l’impression que vous êtes en difficulté. Essayez autant que possible de lui accorder des moments dédiés à lui seul.
Ces quelques informations peuvent vous paraître décourageantes mais, une fois encore, il s’agit de vous préserver. Rassurez-vous : avec le temps, vous allez prendre vos repères, comprendre les besoins de chacun de vos enfants et vous adapter ! Pour vous faciliter la tâche, le plus important est de vous faire confiance et de savoir déléguer.
Muriel ANDRÉ
Sage-femme libérale
Paris