Le témoignage d’Angélique
Il y a de nombreux antécédents de dépression dans ma famille et ma sage-femme m’a avertie des risques que je développe une dépression post-partum. J’ai eu la chance d’être bien accompagnée, bien que cela reste particulièrement difficile.
Nous souhaitions avoir un enfant avec mon compagnon, mais il a mis du temps à arriver. Un an et demi rythmé par des tests négatifs et des déceptions. Je vivais mal chacun de ces échecs, je pleurais à chacun des résultats. Mon mari m’a beaucoup soutenue et restait positif. J’ai pris rendez-vous chez une gynécologue pour comprendre ce qu’il se passait : nous avons fait une première échographie de contrôle et programmé une seconde, la semaine de mes prochaines règles.
Mais elles ne sont jamais arrivées. Je suis donc allée faire un nouveau test et surprise, il était cette fois-ci positif ! Je suis allée acheter de quoi emballer le test, des bodys et des tétines pour préparer l’annonce à mon mari. Il était vraiment heureux !
Les trois premiers mois de grossesse ont été difficiles. Je suis aide-soignante en EHPAD : nous étions en pleine crise sanitaire et en sous-effectif, si bien que nous avions 80 résidents pour seulement 5 aides-soignants. Je faisais malaise sur malaise. Il a donc été décidé que je sois arrêtée à mon troisième mois de grossesse.
Si le reste de la grossesse s’est bien passé, l’accouchement a quant à lui été particulièrement difficile. Après 13 heures de contractions, la péridurale n’a plus fait effet et l’accouchement a été douloureux. Quand on a posé Ayden sur moi, je n’ai pas pu profiter plus de 5 minutes de cette rencontre. J’ai été emmenée au bloc opératoire pour une hémorragie. J’étais extrêmement stressée et j’avais mal. On m’a finalement fait une anesthésie générale et je me suis réveillée au moment des points de suture. On m’a recousu 6 points à l’entrée du vagin.
Et si pendant ce temps mon bébé était au chaud contre son papa, celui-ci n’a malheureusement pas pu être très présent les jours qui ont suivi à la maternité. Il venait de changer de travail et son patron a refusé qu’il prenne ses jours. Quand il venait nous voir, son patron n’arrêtait pas de l’appeler : c’était à la limite du harcèlement.
En parallèle, j’avais des difficultés pour allaiter mon enfant. Nous avons tenté différentes techniques avec les puéricultrices pour nous aider, Ayden et moi. Mais les puéricultrices étaient rarement d’accord sur ces techniques et je recevais des conseils contradictoires. Par exemple, pour la tétine en silicone, certaines disaient que cela devait être transitoire, d’autres que cela pourrait fonctionner sur du long terme, et d’autres encore affirmaient qu’il ne fallait pas l’utiliser du tout parce que cela réduisait le débit de lait… Bref, j’étais complètement perdue. C’était mon premier enfant, je ne savais pas du tout comment m’y prendre.
Ayden a perdu 200 grammes à la maternité. J’étais stressée, je pensais à la mort subite du nourrisson, au fait que je ne savais pas comment l’allaiter et que j’étais responsable de cette perte de poids. J’ai finalement appelé ma sage-femme, qui m’a beaucoup rassurée et m’a dit qu’elle viendrait me voir dès le lendemain de ma sortie de la maternité. C’est ce qu’elle a fait et cela m’a soulagée.
Mais si Ayden a repris du poids, je n’allais pas mieux pour autant. J’ai passé mes deux premières semaines à pleurer, à avoir des sautes d’humeur, à me sentir très seule. Mon mari travaillait et je n’osais pas demander de l’aide à mes proches.
Ayden est un bébé qui pleure beaucoup et qui demande toujours à être dans les bras. J’ai l’impression qu’il passe avant tout le reste, je n’ai plus de temps pour moi. Même quand il dort, je suis coincée avec le coussin d’allaitement pour dormir avec lui. Je me suis renfermée sur moi-même, je sentais que je glissais dans une dépression.
Il y a de nombreux antécédents de dépression dans ma famille et pendant ma grossesse, ma sage-femme m’a avertie des risques que je développe une dépression post-partum. J’ai eu la chance d’être bien accompagnée, bien que cela reste particulièrement difficile. Elle m’a rapidement conseillé de prendre rendez-vous chez un psychologue. Mon premier rendez-vous est dans deux semaines.
Je me sens coupable… Parfois je me dis que j’en ai marre, que ma vie ne serait peut être pas comme cela s’il n’avait pas été là… Je sais que c’est difficile à entendre. Mais par moments, c’est particulièrement dur de m’occuper de lui. Surtout la semaine, quand je suis seule, que mon mari ne rentre que le soir et que je n’ai pas eu de visite de la journée.
Aujourd’hui, je sais que cela va finir par aller mieux. Dans quelques semaines, je serai suivie par une psychologue qui m’a été doublement recommandée. Ce qui m’aide aussi, c’est de lire les témoignages d’autres mamans sur les réseaux sociaux et de parler avec elles, de partager nos expériences.
Si je pouvais donner un conseil aux mamans qui sont dans ma situation, ce serait de ne pas rester seules. Je sais qu’on peut avoir honte mais il est important d’en parler, que ce soit à des proches ou à d’autres mamans sur les réseaux sociaux.