La place des coparents en maternité

Depuis une quarantaine d’années, les coparents ont commencé à être accueillis dans les maternités. Ils sont désormais associés au suivi de la grossesse et on leur a aussi ouvert les portes des salles d’accouchement. Ceux qui le souhaitent peuvent donc assister à la naissance de leur bébé.

De même, le développement de préparations à l’accouchement telles que l’haptonomie, ainsi que la mise en place de groupes de parole dans certaines maternités, ont pour objectif de laisser aux coparents une plus grande place dans le suivi anténatal et l’accompagnement à la naissance.

Assister à l’accouchement : un désir propre au coparent ?

Cette grande avancée a néanmoins des inconvénients lorsque cela n’est pas choisi par le ou la partenaire. En effet, certains coparents se sentent contraints d’assister aux différentes consultations et notamment à l’accouchement. Ils peuvent alors ressentir un stress qu’il est important d’entendre, que ce soit par les équipes ou par les futures mamans.

L’important est d’en discuter ensemble afin qu’il n’y ait pas de malentendu. En effet, on peut se demander à quel désir cela répond : à celui du deuxième parent ou à celui de la mère ? Assister à l’accouchement est quasiment devenu la norme, mais est-ce que les partenaires ont le droit de dire qu’ils ne le souhaitent pas ?

Et puis bien souvent, les coparents souhaitent être présents mais ne savent pas quelle place prendre et comment la trouver. Le mieux est d’en discuter en amont : qu’attendez-vous tous les deux de l’accouchement ? Qu’attend la future maman de la présence de son ou sa partenaire ? Le coparent va-t-il se sentir bien à cette place ?

Préparer ensemble le moment de l’accouchement

En tant que deuxième parent, si vous souhaitez assister à l’accouchement de votre compagne, il semble important que vous puissiez vous aussi suivre des cours de préparation à la naissance. Vous pourrez ainsi vous préparer, anticiper cette journée et discuter de vos craintes éventuelles avec les intervenants de la maternité.

Vous pourrez tester à la maison des techniques de respiration, des positions dans lesquelles vous êtes à l’aise tous les deux. Anticiper et se préparer est souvent une façon de moins s’inquiéter le jour J. N’hésitez pas non plus  à participer à l’écriture du projet de naissance : après tout, cela vous concerne tous les deux !

Si finalement vous n’êtes pas à l’aise le jour de l’accouchement, là encore parlez-en à votre femme et à l’équipe. Autorisez-vous à faire des pauses, vous reviendrez plus disponible psychiquement pour votre conjointe et votre bébé.

Beaucoup de personnes ont une peur phobique de l’hôpital, du sang, des piqûres. Si c’est le cas, sachez que vous pouvez bénéficier d’un accompagnement psychologique pendant la grossesse, au sein même de la maternité. Et si cela n’est pas envisageable pour vous d’assister à l’accouchement, parlez-en franchement à votre compagne qui pourra alors être accompagnée par la personne de son choix en salle de naissance.

« Je ne souhaite pas que mon ou ma partenaire assiste à l’accouchement »

À l’inverse, certaines femmes ont peur d’accoucher parce qu’elles ont peur de se mettre à nu devant leur partenaire, de perdre complètement le contrôle. Est-il possible alors d’empêcher le coparent d’assister à l’accouchement ?

Comme souvent, l’un des conseils les plus fondamentaux est de discuter ensemble afin de mettre à jour les envies et les craintes de chacun. « Je voudrais que tu assistes à l’accouchement mais j’ai peur que cela change nos relations, notamment sexuelles, par la suite » ; « Je ne veux pas assister à l’accouchement mais j’ai peur que l’on considère que je ne suis pas un bon parent… »

Le temps de la grossesse est un temps où peuvent se poser mille questions et où peuvent se travailler certains sujets en lien avec sa place de parent. Il est donc essentiel de trouver une solution qui va vous convenir à tous les deux, car l’accouchement est un temps essentiel de votre histoire conjugale et familiale.

Parlez-en avec une sage-femme, qui pourra vous indiquer comment se passe le travail et comment votre pudeur sera préservée. Votre partenaire peut aussi ne pas assister à l’accouchement, mais revenir dès la naissance de son enfant.

Et puis réservez-vous le droit de changer d’avis ! Si la présence de votre moitié vous angoisse, n’hésitez pas à lui demander de sortir quelques instants et à en parler à la sage-femme. Celle-ci trouvera une solution pour que vous puissiez vous sentir plus à l’aise.

Et si c’est le deuxième parent qui est plus angoissé que prévu, là encore il ne faut pas hésiter à en parler à l’équipe, à sortir, à faire des pauses. Il est tout à fait possible de rester à proximité et d’apporter un vrai soutien sans assister à tout le déroulé de l’accouchement.

Lucille CLOAREC
Psychologue clinicienne
Saint Cloud

Publications similaires