Un quart des personnes qui travaillent sont contraintes aux horaires décalés et 15 % travaillent de nuit. Il s’agit rarement d’un choix délibéré : ces horaires sont généralement subis et s’intègrent habituellement dans un roulement d’équipe – le pire étant sans doute l’alternance travail de jour/travail de nuit, car c’est dans ce type d’organisation que les conséquences sur le sommeil sont les plus importantes.

Les contraintes du travail de nuit

Il s’agit pour ces personnes de trouver un équilibre afin de ne pas trop souffrir de ces contraintes. Il demeure cependant que la plupart d’entre elles manquent de sommeil (le déficit avoisine souvent les deux heures quotidiennes) et souffrent de difficultés d’endormissement et de somnolence pendant les périodes d’éveil – avec une augmentation du risque d’accident.

Par ailleurs, le sommeil décalé de cette façon est souvent de moins bonne qualité (parfois simplement en raison des bruits diurnes), morcelé et écourté.

Toutefois, il faut aussi savoir que le travail de nuit est bien mieux supporté chez les jeunes, si ces horaires sont un choix, ainsi que chez les petits dormeurs.

La perturbation de l’horloge interne

Notre horloge biologique est majoritairement influencée par la lumière du jour. De ce fait, toutes les fonctions biologiques sont désorganisées et doivent trouver une nouvelle synchronisation qui se fait nécessairement moins bien, perturbant les fonctions hormonales, digestives, immunitaires… et l’organisation du sommeil.

L’organisme fonctionne alors dans le stress. Les conséquences possibles sont les troubles digestifs, la prise de poids, les troubles métaboliques (hyperglycémie, augmentation des triglycérides et du cholestérol), les troubles cardio-vasculaires (hypertension artérielle notamment, mais aussi un risque accru d’infarctus et d’AVC chez les sujets exposés) et l’épuisement lié à l’insomnie qui s’installe. Il y aurait également une augmentation du risque de cancer (du sein, de la prostate et des cancers digestifs) – mais on manque encore de données suffisamment probantes.

De plus, on note fréquemment une augmentation des troubles anxieux et dépressifs et des troubles cognitifs (touchant la mémorisation notamment).

Les accidents du travail (qui surviennent majoritairement la nuit) et les arrêts de travail pour maladie sont plus fréquents et on note une augmentation des risques d’accidents de la route – surtout en fin de période de travail, lorsque les salarié·es rentrent au matin.

Pour terminer, et c’est loin d’être négligeable, le travail de nuit ou en horaires décalés limite la vie sociale, le sport, l’accès aux activités culturelles. Le couple peut souffrir de la réduction des moments d’intimité et de partage. Il peut également y avoir des conséquences sur les relations intrafamiliales en raison de la diminution des interactions avec les enfants.

Comment minimiser les conséquences du travail de nuit sur le sommeil ?

On l’a vu, les personnes travaillant de nuit ou en horaires décalés (comme d’ailleurs celles dont les journées de travail sont très longues ou dont les semaines sont particulièrement intenses) manquent généralement de sommeil.

Il faut tout d’abord tenter de modifier les rotations rapides et de les allonger : si cela est possible, préférez une rotation sur 5 à 6 jours plutôt que sur 2 à 4 jours.

On sait qu’une luminosité forte durant les phases de travail va réduire la production de mélatonine et favoriser la vigilance – tout comme la caféine consommée au début de la phase de travail (alors qu’il ne faudrait pas consommer de café en fin de période). Et puisque le sommeil est favorisé par un taux élevé de mélatonine, idéalement, il serait intéressant de réduire cette luminosité ambiante en fin de phase active afin d’aider l’endormissement. Toutefois, rentrer chez soi en fin de nuit, alors que le soleil se lève, contrarie singulièrement ce conseil…

Malgré un emploi du temps irrégulier, le mieux est de tenter de s’astreindre à une rigoureuse hygiène du sommeil : dormir dans le calme, dans le noir, se reposer dans la pénombre si l’endormissement n’est pas facile, ne pas hésiter à faire une courte sieste avant de démarrer la « journée » – autant de conseils difficiles à suivre, mais qui vont contribuer à mieux « gérer » la fatigue et le sommeil.

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