Les dyscalculies – aussi appelées « troubles de l’acquisition du nombre et du calcul » ou « innumérisme » – touchent la conceptualisation, la compréhension et le maniement des nombres ou des faits numériques. Ces difficultés n’affectent pas nécessairement le raisonnement mais ont des conséquences importantes sur les apprentissages scolaires.
Elles peuvent toucher l’estimation de la quantité – ou « sens du nombre » – et s’expliquent dans ce cas par une anomalie du développement neurologique au niveau du cerveau.
Comme l’ensemble des « dys » (dyslexies, dyspraxies, dysphasies, etc.), les dyscalculies sont – au sens de la loi de 2005 – des handicaps. Elles doivent, selon leur sévérité, être reconnues comme tels et non comme des maladies. Elles ne peuvent pas être « traitées », mais elles peuvent être rééduquées et compensées.
Elles peuvent être associées à d’autres « dys » – on parle alors de « multidys » – ou être la conséquence d’un déficit des fonctions exécutives. Si l’hypothèse d’un trouble exécutif est évoquée, des tests neuropsychologiques évaluant l’ensemble des fonctions cognitives devront alors être proposés.
Quels sont les symptômes de la dyscalculie ?
En principe, ce trouble touche l’ensemble des fonctions impliquant les nombres, le calcul et les opérations arithmétiques.
On observe donc, en fonction du type de dyscalculie, des difficultés à :
- Évaluer un ordre de grandeur (plus grand/plus petit, plus lourd/plus léger…)
- Compter « dans sa tête » ou sur ses doigts
- Évaluer la proportionnalité
- Écrire et lire les nombres lorsqu’ils comportent plusieurs chiffres
- Résoudre des opérations simples : additionner, soustraire, etc.
- Reconnaître les symboles utilisés en arithmétique ainsi que leur sens : +, -, x, : ,=
- Mémoriser les tables de multiplication
- Plus tard, lire l’heure, et d’une manière générale mobiliser un ordre de grandeur (distances, poids, prix…)
- « Poser » de manière correcte les opérations.
Comme les mathématiques sont une des disciplines essentielles du système scolaire, très valorisées puisqu’elles constituent la base des acquisitions scientifiques et logiques, ces difficultés peuvent vite entraver la progression des élèves concernés.
Comment établir le diagnostic ?
En présence de ces difficultés, souvent évoquées par l’enseignant de l’enfant, il est nécessaire d’en référer au médecin généraliste ou au pédiatre qui le suit. Celui-ci va orienter l’enfant vers un professionnel compétent (neuropsychologue notamment) ou une équipe pluridisciplinaire (neuropédiatre, pédopsychiatre, ergothérapeute…) qui procédera à une évaluation neuropsychologique complète.
Comme pour tous les autres « dys » dont on fera l’hypothèse, il convient de mesurer le potentiel intellectuel de l’enfant : capacités de raisonnement, d’attention, de mémorisation… Sans oublier les compétences visuo-spatiales qui peuvent, en cas de déficit, perturber l’écriture (pose) et la résolution des opérations.
Comment aider un enfant dyscalculique ?
Au quotidien, on peut aider l’enfant en utilisant des approches et des outils particuliers.
Les approches
- D’une manière générale il faut aider l’enfant à visualiser les quantités qui sont pour lui très abstraites, ainsi que les opérations effectuées sur et avec elles. On peut faire des schémas, par exemple.
- Les grandeurs sont plus aisément appréhendables lorsqu’elles sont vécues : le nombre de pas nécessaire pour parcourir telle ou telle distance, le nombre de pièces ou de billets pour régler un achat, etc. On privilégiera donc les activités concrètes « en situation ». Par exemple, on peut aborder la proportionnalité en faisant la cuisine, lorsqu’il faut augmenter les proportions : on visualise la quantité pour une personne, puis pour deux, etc.
Les outils
- Une calculette est le plus souvent indispensable, même si un boulier peut également faire progresser l’apprentissage du comptage et du calcul.
- Si l’enfant présente des difficultés visuo-spatiales, des logiciels informatiques pourront lui être proposés.
Par ailleurs, la rééducation effectuée par les professionnels cités plus haut est essentielle. Elle va s’adapter pas à pas aux étapes d’acquisition des mathématiques et du calcul. Parallèlement, il existe des programmes d’apprentissage qui fourniront aux enfants des outils adaptés. À condition que leur usage soit répété et méthodique, l’enfant, au fil du temps, devrait parvenir à surmonter son handicap.
Comme cela a été dit en préambule, on ne guérit pas davantage d’une dyscalculie que de tout autre « dys ». Mais il est possible de réduire le handicap qui en découle par une « rééducation » intensive et un environnement familial soutenu. Beaucoup d’aides peuvent en effet être apportées par et dans la famille. Celles-ci aideront l’enfant à compenser en grande partie ses troubles.
Les troubles étant spécifiques, il est essentiel de comprendre que toutes les fonctions ne sont pas forcément affectées et, dans tous les cas, de privilégier celles qui sont préservées.