Le témoignage de Paul

Je m’appelle Paul, je suis éducateur spécialisé de formation et depuis peu, je suis devenu formateur. J’ai 40 ans, je suis papa de deux enfants — Malo, 15 ans et Emma, 6 mois — et beau-papa de Gautier, 6 ans. Je suis en couple avec Sophie depuis 5 ans.

J’ai toujours eu le désir d’être papa, depuis aussi longtemps que je me souvienne. Avec ma première compagne, nous sommes rapidement devenus parents, à l’âge de 25 ans. Je me souviens d’une première expérience rythmée par de nombreux doutes, des questionnements permanents et des remises en question. J’avais vraiment peur de ne pas être à la hauteur.

Devenir père à 25 ans et à 40 ans, deux expériences très différentes

Quand le projet bébé a été abordé, Sophie est rapidement tombée enceinte de notre petite fille. J’étais très heureux ! J’ai vraiment souhaité être présent à toutes les étapes, participer à tous les rendez-vous médicaux avec la gynécologue. On la voyait tous les mois et j’étais toujours là. On était vraiment bien suivis par cette professionnelle.

La grossesse a été rythmée par plusieurs moments de stress : le dépistage de la trisomie 21, l’arrêt de ma compagne en fin de grossesse pour pouvoir la mener à terme, un bébé qui ne grossissait pas suffisamment… Mais j’ai tout de même vécu cette seconde grossesse avec beaucoup plus de sérénité que la première. On n’est plus dans le champ de l’inconnu, on est beaucoup plus confiant ! C’est, toute proportion gardée, comme dans une expérience professionnelle : on a acquis en maturité et en expérience. J’ai aussi une situation professionnelle et financière stable, ce qui crée un climat plus serein : tout va de pair.

Notre fille est née à terme et faisait… 3,9 kilos ! Donc tout allait bien finalement ! L’accouchement a été un vrai bonheur, et assez rapide, même si chaque accouchement a son lot d’inquiétudes. En tant que papa, on s’inquiète et on souhaite que tout se passe bien pour la maman et le bébé.

On était accompagnés par un sage-femme homme qui était vraiment extraordinaire et très bienveillant. Il est venu très souvent nous voir, on se sentait bien accompagnés et il m’a mis à contribution. Ça peut paraître anodin, mais il m’a fait faire des petites tâches, comme la prise des constantes, appuyer sur le déclencheur de la péri à la demande de ma femme, etc.

Selon moi, le rôle du papa ou coparent à l’accouchement, c’est de se taire (rires). C’est d’être présent, sans être là : il faut adopter la bonne attitude pour ne pas sur-solliciter la maman, mais être là dès qu’elle en a besoin. La mission du coparent, c’est que notre femme se sente bien car elle se prépare à quelque chose de vraiment extraordinaire ! Et puis, quand on est déjà parent, c’est de décharger complètement la maman des inquiétudes liées à la garde des plus grands. C’était géré de mon côté.

J’ai pu assister à l’accouchement, notre fille est née par voie basse. La rencontre, ce n’était que du bonheur ! Encore aujourd’hui, quand elle se réveille le matin et se couche le soir, c’est vraiment un bonheur pour moi. J’essaie de vivre à fond chaque instant. À quarante ans, on ne se perd plus dans les futilités : quand on n’est plus au travail, on n’y est plus et on profite de sa famille ! Je fais toujours en sorte d’être le plus disponible possible pour eux.

Le post-partum et le retour à la maison se sont très bien passés. Sophie est une maman qui gère du tonnerre ! Tout s’est mis en place naturellement, on a organisé la rencontre avec les grands frères et fait en sorte que chacun se sente à sa place.

Pour Malo, je n’ai eu que 3 jours de congé paternité… J’ai vite repris le travail et je ne me sentais pas à l’aise. C’était extrêmement court et particulièrement frustrant de louper ces premiers moments de vie. Pour Emma, j’ai eu la chance de bénéficier des 28 jours de congés ! Ça a été très facile pour moi de prendre pleinement ma place de papa. C’est une belle avancée. On crée plus de liens, on profite de chaque instant sans rien louper, on vit au rythme du bébé. C’est vraiment top pour l’harmonie familiale. Pour ma compagne en revanche, je trouve le congé maternité vraiment trop court… Il mériterait d’être allongé comme dans les pays nordiques.

Notre équilibre

Pour trouver notre équilibre à la reprise du travail, j’ai changé de métier et je suis devenu formateur pour adultes. Avant, je changeais tout le temps de rythme de travail : je pouvais finir à 23 h, commencer à 7 h du matin, travailler les week-ends, etc. Aujourd’hui, je travaille de 8 h à 17 h, ce qui me permet d’être là le matin et le soir pour m’occuper de mes enfants.

On fait aussi appel à une MAM (Maison d’assistantes maternelles) pour garder Emma la journée. Ça nous permet d’avoir un cadre collectif, mais pas trop grand ! C’est un mode de garde alternatif, à mi-chemin entre la crèche et la nounou. On a toute confiance en notre assistante maternelle, ce qui nous a permis de reprendre le travail en toute sérénité.

De retour à la maison, nous n’avons pas abordé la question du partage des tâches car tout se fait naturellement chez nous. Je pars du principe que chacun doit savoir faire ce qui est nécessaire à un instant T. Il n’y a pas de tâches différenciées ! Hormis peut-être l’allaitement, qui est un moment de fusion avec la maman — et encore, le papa peut aider ! Tout se fait naturellement et en bonne intelligence.

L’équilibre se fait également en lien avec notre rythme professionnel : on gère le matin et/ou le soir selon les horaires de l’autre. Il y a aussi des choses qui étaient inscrites avant, comme les activités sportives des enfants (que je gère), et qui ne se sont pas déréglées suite à la naissance d’Emma.

Ce qui reste tout de même difficile, c’est évidemment le manque de sommeil. C’est franchement compliqué d’aller au travail le matin quand la nuit a été rythmée par plusieurs réveils. Pour y faire face, on se recentre sur l’essentiel. On est assez casaniers donc on profite au maximum d’être chez nous pour nous reposer avec des jeux de société, des siestes, de la lecture, des films…

Pour les relais, nous avons nos parents qui habitent près de chez nous. Cependant, comme pour les oncles et tantes, on souhaite uniquement conserver une relation de plaisir. S’ils peuvent garder la petite une heure quand on va faire les courses tant mieux, mais s’ils ne peuvent pas, ça ne pose pas de souci. On souhaite vraiment qu’ils aient leur rôle de grands-parents et qu’ils profitent de bons moments avec les enfants.

Profitez de chaque instant !

S’il y a bien une notion sur laquelle je m’interroge souvent, c’est la métaphore du verre à moitié vide et à moitié plein. Le stress amène le stress, l’angoisse amène l’angoisse, etc. Et quand on est parents, ça a un réel impact. Donc, si j’avais deux conseils à donner aux parents, c’est premièrement de se faire confiance, et deuxièmement de faire confiance aux personnes qui vous entourent.

Nous sommes dans une société où l’on vit en accéléré, dans une quête constante de performance, de productivité. Et s’il y a bien un espace où l’on ne doit pas parler de performance ou de réussite, c’est la parentalité. On a le droit de ne pas y arriver. On est obligés d’essayer, mais pas de tout réussir ! Ce qui est important c’est de s’écouter, de se faire confiance et de demander de l’aide. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’intervenants qui peuvent aider les jeunes parents, alors n’hésitez pas !

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