Le moment de l’accouchement, en fonction de la façon dont il a été vécu par les deux partenaires, peut engendrer des difficultés lors de la reprise de la vie sexuelle.
« J’ai peur d’avoir mal » : les craintes après l’accouchement
L’accouchement, notamment par les voies naturelles, peut occasionner un traumatisme du périnée, du fait de déchirures ou même d’une épisiotomie (désormais plus rarement pratiquée dans les maternités). Ces blessures physiques plus ou moins prononcées mettent parfois du temps à cicatriser – mais rarement plus de deux semaines.
Toutefois, elles peuvent laisser perdurer des cicatrices fibreuses à l’intérieur des tissus du périnée, dont la raideur peut entraîner des difficultés à la reprise des rapports sexuels. La pénétration risque en effet d’engendrer des douleurs. Mais en général, l’évolution sur le long terme reste très favorable.
À l’inverse de cette évolution physique satisfaisante, la période qui suit l’accouchement peut révéler des craintes sous-jacentes qui vont inhiber la reprise des rapports, même sans déchirure périnéale ou vaginale – exactement comme si une cicatrice psychique s’était installée.
L’accouchement, s’il s’est avéré traumatique pour la femme (physiquement ou psychiquement), peut donc devenir la cause d’une absence ou d’un amoindrissement du désir. Il y a parfois aussi en filigrane la crainte d’une nouvelle grossesse.
L’altération du désir chez la femme après une naissance
Il est classique d’opérer un distinguo entre la sexualité dite « de reproduction » et celle dite « récréative ». Chez certaines femmes, le fait d’avoir donné naissance représente un tel accomplissement de leur sexualité (essentiellement orientée vers la procréation) que le post-partum proche ou même lointain devient une période d’absence totale de désir.
Cela peut donc contraster avec le désir persistant de son partenaire et occasionner des difficultés de compréhension à l’intérieur du couple.
Les changements dans la perception du corps de la femme
La grossesse et l’accouchement ne vont pas permettre au corps féminin de reprendre immédiatement ses formes antérieures – celles qui avaient attiré le partenaire. La forme du ventre, son éventuel ramollissement, l’aspect différent des seins et des organes sexuels externes, et souvent une sensation de lourdeur physique vont modifier (pour les deux partenaires) l’attrait du corps d’avant la grossesse.
De plus, ce corps modifié de la femme vient rappeler à son partenaire qu’il est désormais celui d’une mère et non plus celui de l’amante qu’il a connu.
D’autre part, la mémoire du partenaire peut conserver les moments de l’accouchement auquel il a assisté. Il peut s’agir d’images traumatiques : le bébé est sorti « par là », c’est très disproportionné par rapport à son pénis.
Le retour de l’érotisation de ce corps féminin va nécessiter qu’il « oublie » ces images, ou au contraire qu’il parvienne à magnifier et à symboliser ces éléments de pensée – et la sensualité pourra naturellement revenir. Ces processus sont normaux !
Le silence autour de ces questions, la contrainte que la femme peut s’imposer (ou qui lui est imposée), la simulation « pour faire plaisir à l’autre » : aucune de ces solutions n’est pérenne ni satisfaisante – et au contraire, elles font le lit de difficultés prolongées. Patience, douceur, dialogue et tendresse permettront de surmonter ces difficultés bien naturelles et de retrouver le chemin d’une sexualité accomplie.
Dans certains cas, une brève démarche psychothérapeutique viendra facilement à bout de ces inhibitions. Le temps fera le reste…
Nathan Wrobel
Gynécologue et sexologue