« J’ai peur d’avoir une césarienne en urgence au cours de mon travail »

Cet article s’adresse aux futures mères souhaitant s’informer sur la césarienne d’urgence.

Bien que les situations abordées ne concernent qu’une minorité des accouchements, il s’agit d’un sujet sensible et potentiellement angoissant.

Si vous êtes d’un naturel anxieux, il est parfois plus difficile de savoir en avance car vous aurez tendance à ressasser ce sujet. Vous seule pouvez savoir ce qui est bon pour vous.

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Sur 100 accouchements, environ 20 à 22 vont avoir lieu par césarienne. Et la moitié de ces césariennes seront décidées pendant le travail, dans un degré d’urgence variable, défini par des « codes » :

  • Code vert : on a le temps, il n’y a ni urgence maternelle, ni urgence pour le bébé.
  • Code orange : on dispose d’une vingtaine de minutes pour que la naissance ait lieu.
  • Code rouge : la naissance doit avoir lieu dès que possible. En pratique, le délai doit être inférieur à une dizaine de minutes.

La décision d’une césarienne

On a le temps d’habituer son esprit à la décision d’une césarienne programmée : c’est le cas si le bébé se présente en siège par exemple (et encore, ce n’est pas systématique) ou parce qu’émerge une pathologie qui va le nécessiter. Il peut s’agir d’un très gros bébé dans le cadre d’un diabète apparu pendant la grossesse, d’une prééclampsie ou d’une autre pathologie qui requiert la fin de la grossesse.

Mais la décision de césarienne prise dans l’urgence pendant le travail a de quoi déstabiliser la future maman, surtout si elle avait prévu un accouchement « physiologique », tout en douceur et en musique d’ambiance.

Pourtant, ce n’est jamais une décision prise à la légère. Aucun obstétricien ne va, de gaité de cœur, décider de mettre fin à ce projet d’accouchement. Brutalement, c’est la médecine qui fait irruption et vous verrez toute l’équipe s’affairer autour de vous.

Le « code rouge »

Malheureusement, certaines situations nécessitent vraiment que l’on se dépêche. Et là, l’équipe ne peut pas toujours prendre le temps de vous donner des explications détaillées. La priorité va à la santé de la mère et de l’enfant.

En effet, le bébé – même s’il est pourtant encore dans votre ventre – témoigne via le monitoring d’une souffrance aiguë, liée à un brutal déficit en oxygène. Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur les causes possibles de cette souffrance : seule va compter maintenant la nécessité d’aller vite en besogne, puisque l’on sait désormais que le bébé sera bien mieux dehors que dedans.

Le « code rouge », c’est cela : une situation bien connue des équipes obstétricales, qui sont bien rodées. Les procédures sont connues, l’ordre des événements est bien hiérarchisé et généralement, le bloc est déjà prêt à vous recevoir.

Dès la décision prise, tout le monde est sur le pont. Le pédiatre est appelé pour être présent dès avant la naissance et la concentration optimale de toute l’équipe est requise. C’est pourquoi, la plupart du temps, les futurs parents n’ont pas beaucoup d’explications à ce moment de l’accouchement : ce temps est entièrement dédié à la rapidité des gestes et des procédures de l’équipe médicale.

Le déroulement de la césarienne

Comme bien souvent vous serez déjà sous péridurale, le médecin anesthésiste n’aura qu’à la compléter en réinjectant dans le cathéter une forte dose. Celle-ci convertira en péridurale « chirurgicale » ce qui n’était jusqu’à maintenant qu’une péridurale légère.

Toutefois, et c’est l’un des problèmes posés par l’extrême urgence, il peut arriver que cette fameuse dose n’ait pas assez de temps pour agir pleinement. Il n’y a alors pas d’autre choix que de vous imposer une anesthésie générale, car qui aurait envie d’une césarienne pratiquée avec une péridurale insuffisante ? Il est inutile d’ajouter de la douleur à une décision déjà stressante.

Mais rassurez-vous, il faut bien garder en tête que les « codes rouges » sont des raretés.

Le vécu de l’équipe médicale

  • Lorsque l’on pratique l’obstétrique, quel que soit le poste occupé (gynécologue, anesthésiste, sage-femme, pédiatre, etc.), on est nécessairement formé à l’urgence et même à l’urgence extrême. C’est l’événement que l’on redoute entre tous et pour lequel nous sommes entraînés.

  • À ces moments critiques, seul compte le fait que l’on agit pour sauver votre bébé. L’objectif et la mission sont clairs pour tout le monde, et le fait de vous concentrer sur cette pensée peut vous aider à mieux vivre cette expérience.

  • Dans quelques semaines ou mois, vous aurez récupéré de cette (més)aventure. Vous aurez votre bébé dans les bras et vous serez sans doute reconnaissante que nous vous ayons fait traverser cette épreuve. La césarienne en urgence peut être inattendue ou violente – mais elle est parfois une nécessité absolue, et elle est toujours justifiée.

Bien qu’aucun futur parent n’ait envie d’envisager ce scénario anxiogène, il est réconfortant de penser que la médecine offre désormais des possibilités merveilleuses pour sauver nos bébés.

Dr Agnès GEPNER
Médecin anesthésiste
Clinique Maternité Ste-Thérèse, 75017 Paris

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