La coparentalité, c’est le fait de faire famille avec une ou des personnes que l’on a choisies mais avec la ou lesquelles on ne partage pas forcément de relation amoureuse. En d’autres termes, cela revient à créer une équipe parentale seulement.
Il existe plusieurs schémas de coparentalité, par exemple :
- Deux personnes qui décident de concevoir un enfant ensemble (peu importe leur genre) ;
- Une femme et un couple d’hommes ou inversement ;
- Un couple de femmes et un couple d’hommes ;
- Et autant de possibilités supplémentaires !
Pourquoi faire le choix de la coparentalité ?
Se lancer dans une coparentalité est un choix souvent très réfléchi et motivé par des raisons personnelles, politiques ou sociétales :
- Vouloir dissocier l’amour de la parentalité ;
- Y voir une solution pour faire famille dans une société qui ne le permet pas autrement (pour les couples gays par exemple) ;
- Rechercher une parentalité égalitaire…
Autant de raisons (et encore bien d’autres) qui amènent certaines personnes vers ce schéma familial.
Comment choisir le ou les coparents ?
Dans cette démarche, la première question à se poser, une fois que l’on a décidé de se lancer dans cette aventure, c’est : avec qui ?
Effectivement, le ou les coparents vont devoir être choisis. Il arrive que cette ou ces personnes fassent déjà partie de notre vie ou qu’il faille entreprendre une recherche pour trouver quelqu’un qui sera en accord avec notre vision de la parentalité et avec ses modalités.
La communication et la discussion seront au centre des premiers échanges, que l’on connaisse la personne de longue date ou pas. Elles permettront de se poser à soi-même et à l’autre les questions cruciales pour le bon déroulé de la coparentalité.
Ces questions peuvent paraître nombreuses et précises mais c’est là l’avantage de cette construction familiale : pouvoir s’assurer de trouver le ou les bons partenaires de parentalité, ceux qui partagent la même vision de la vie, de l’éducation et les mêmes valeurs.
Quelles questions se poser pour une coparentalité réussie ?
Voici une liste non exhaustive des sujets qui peuvent être abordés lors de ces échanges entre les futurs coparents :
• Au sujet de la conception d’abord : quel mode de conception ? S’il doit y avoir une PMA, est-ce en France ou à l’étranger ? Si cela nécessite des ressources financières, comment se passe le financement ? Si la conception est naturelle ou « artisanale », comment cela s’organise-t-il ?
• Au sujet de la grossesse ensuite : les coparents souhaitent-ils être ensemble à chaque moment clé de la grossesse (pour les rendez-vous de suivi, les échographies…) ? Les coparents doivent-ils être dans la même zone géographique lors de la grossesse ou sous le même toit ? Souhaitent-ils faire une préparation à la naissance spécifique ? Ont-ils un projet de naissance ? Sont-ils présents lors de la naissance dans la même salle que la coparente qui accouche ? Si d’autres personnes sont présentes : qui est-ce ?
• Au sujet du post-partum : les coparents vivent-ils sous le même toit les premiers mois (ou les premières années) ? Comment s’organise la vie autour du bébé ? Les visites ? Quel partage des tâches pour les coparents ? Quels appuis extérieurs pour les épauler ?
• Au sujet de la vie quotidienne : où vit l’enfant ? Où vivent les coparents (ensemble, à proximité, dans deux villes distinctes) ? Qui paie quoi ? Comment s’organisent les gardes de l’enfant si les coparents ne vivent pas ensemble ? Comment s’organisent les vacances, les fêtes, les anniversaires ? Comment se font les échanges d’informations entre les coparents ? Si la garde est laissée à d’autres personnes : à qui ?
• Au sujet de l’éducation : quel type de parentalité ? Quelle religion s’il y en a une ou plusieurs ? Quelle alimentation ? Quel type d’école ? Et toutes les grandes questions liées à notre époque : les écrans, les VEO (violences éducatives ordinaires), le rapport au consentement, etc.
Finalement, toutes ces questions, si elles étaient systématiquement posées dans les couples amoureux devenant aussi des couples parentaux, permettraient de déceler certaines problématiques avant qu’elles ne se posent !
Que dit la loi au sujet de la coparentalité ?
Sur le plan juridique, il est beaucoup plus difficile de faire des généralités car chaque cas sera différent. S’il y a 2 coparents, la filiation peut être établie très facilement, même s’ils sont de même genre. Mais à partir de 3 coparents, les situations se compliquent et il peut être judicieux de se faire épauler dans cette démarche par un·e avocat·e spécialisé·e dans les affaires familiales.
Dans tous les cas, il peut être utile d’établir une « charte de coparentalité » reprenant tous les points sur lesquels les coparents se sont entendus et sur laquelle vous pourrez vous appuyer. Gardez tout de même à l’esprit que, malheureusement, ce document n’aura aucune valeur légale.
Pour conclure, la confiance, la communication et la bienveillance sont les trois piliers d’une coparentalité réussie. Et bien que cette construction familiale puisse parfois interroger, elle permet d’ouvrir le champ des possibles pour de nombreuses personnes en les autorisant à envisager la parentalité en dehors du couple amoureux.
Si cette possibilité vous intéresse et fait sens pour vous, vous pouvez également en parler seul·e ou avec le ou les personnes envisagées pour devenir coparentes avec vous auprès d’un·e thérapeute familial·e, qui pourra vous aider à dissiper les zones d’ombre et à poser vos intentions pour une coparentalité épanouie !
Léa Cayrol – Autrice sur l’homoparentalité, membre du collectif Familles